Les points noirs salissent le paysage casablancais

La gestion déléguée de la collecte d’ordures pose plus de problèmes qu’elle n’en a résolus


Naîma Cherii
Lundi 12 Mai 2014

Les points noirs salissent le paysage casablancais
La gestion déléguée pourra-t-elle être un jour une réussite à Casablanca ? Pas si sûr. Le problème de la propreté pose toujours problème dans la métropole. Les Casablancais approchés par Libé ne sont pas satisfaits du bilan des deux premiers mois d’activité des nouvelles sociétés de nettoyage et de collecte d’ordures à Casablanca. Et au sein même du Conseil de la ville, on estime que la métropole est loin d’être un modèle en matière de gestion déléguée, bien que les nouveaux contrats aient été reconduits en mars dernier. A en croire des élus, les rapports entre l’autorité délégante et les nouveaux opérateurs chargés de la collecte des déchets devraient même être de nouveau tendus. En cause, la qualité du service dans pratiquement tous les quartiers, lance-t-on à Libé.  
« Les amoncellements de déchets n’épargnent aucun quartier. Car on continue malheureusement de gérer ce secteur de la même manière qu’avant, si ce n’est pire », selon Abdelghani Marhani, un élu du Conseil de la ville. Il souligne, non sans colère, que « malgré toutes les critiques ayant été portées  contre les anciennes sociétés délégataires, il n’y a pas eu de progrès. Il y a même eu régression par rapport aux anciens contrats». Preuve à l’appui, le même élu soutient que dans les quartiers de Sidi Bernoussi, Sidi Moumen, Hay Mohammdi, Ain Sbaa, Roches Noires et Hay Hassani, pour ne citer que ces arrondissements, « le service rendu par la nouvelle société délégataire n’est pas effectif sur le terrain. On focalise surtout sur les grands boulevards plutôt que sur l’ensemble du quartier », affirme Abdelghani Marhani.
Pour  cet élu de l’opposition, « la société libanaise Everda qui a remporté, en mars dernier, le contrat de gestion déléguée pour la collecte des déchets dans ces arrondissements adopte une gestion très archaïque. Elle ne dispose même pas d’un parc de véhicules nécessaire pour la collecte de déchets. C’est ce qui fait d’ailleurs que les habitants de ces arrondissements n’ont pas encore constaté une amélioration de la propreté dans leur quartier». Et notre interlocuteur, qui ne mâche pas ses mots, de poursuivre : « C’est un bilan très décevant. Il n’est guère porteur d’espoir pour les Casablancais ». Pourtant, insiste-t-il, « au lendemain du discours Royal prononcé lors de l’ouverture de la session parlementaire d’octobre 2013, lequel n’a pas manqué de dénoncer les manquements dans la gouvernance de Casablanca, on espérait que cela allait changer avec les nouveaux contrats ». Et le même élu de conclure : « Les conditions de réussite ne sont pas réunies pour ces nouveaux contrats. Nous l’avions d’ailleurs déjà souligné à Mohamed Sajid. Les deux sociétés ayant remporté le nouveau contrat de gestion pour la collecte des ordures ne vont pas réussir dans leur mission. Pour une ville telle que le Grand Casablanca, il devait y avoir quatre sociétés et non pas deux seulement. Sachant que l’un des opérateurs (Everda) n’a même pas les moyens logistiques pour éradiquer les points noirs de la ville ».
Pour des associatifs locaux, une chose est sûre : « La ville de Casablanca compte plusieurs points noirs. Mais les responsables ferment les yeux sur ces points qui constituent un danger pour l’environnement mais aussi pour la santé des Casablancais. A ne citer dans ce cadre que le marché des volailles », dénoncent ces mêmes voix. 
Situé à la Villette, Hay Mohammadi, le marché des volailles continue en effet de constituer l’un des points noirs de Casablanca. A l’extérieur de ce souk, la situation est on ne peut  critique. Des conditions de travail inappropriées, des ordures qui s’accumulent partout et des odeurs écœurantes empestent l’air à l’extérieur de ce marché dont l’emplacement continue d’être sujet de polémique. Au Conseil de la ville, on soutient que son emplacement dans une zone résidentielle en fera toujours une zone à risque. La situation qui prévaut actuellement sur les lieux devient un danger réel, aussi bien pour l’environnement que pour la santé des citoyens, précise-t-on. 
Plusieurs personnes du quartier ont des problèmes d’allergies à cause des maladies provenant du marché dont la réhabilitation accuse un retard considérable, a-t-on lancé. En plus des maladies qui affectent les habitants du quartier et les professionnels de ce marché, les visiteurs peuvent, eux aussi, être contaminés. 
Pour Assaad Abdellah, expert en environnement « la question de l’environnement a toujours été un problème à Casablanca. Il faut dire que l’air devient irrespirable. On doit régler le problème à la source et réfléchir à des solutions urgentes». Et d’insister : « Ce qui est regrettable à Casablanca, c’est que l’on doit toujours réagir plutôt que d’agir. On attend toujours une volonté Royale pour réagir face à un problème qui se pose avec acuité. Comme le marché des volailles, il y a de nombreux points noirs à Casablanca, qu’il faut éradiquer. Ce marché de volailles doit normalement être à l’extérieur du périmètre urbain  pour éviter ce problème de santé».


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1.Posté par joseph le 12/05/2014 11:34
Je vis dans l'ancienne médina de Casablanca. "la gestion des déchets" ? quelle gestion ?
Si dans la grande ville la collecte des déchets devrait pouvoir se résoudre à l'instar d'autres agglomérations, au sein de la médina la gestion des déchets devraient être spécifique en raison de sa configuration. Nous n'avons pas le loisir de transformer des lieux en dépotoir en attendant que les responsables daignent "gérer". A l'heure de la réhabilitation - réussie - de l'ancienne médina, c'est une honte d'inviter les touristes à se promener parmi les ordures. Sans parler de l'amalgame si facile à faire entre les ordures qui souillent ses rues étroites et la réputation de ses habitants...

2.Posté par Mostafa le 13/01/2020 22:51
Les points noirs sont apparus avec l'implantation des contenants de vidanges. Une grande partie de la population n'était pas prête et aurait dû être sensibilisée au moins 1 an à l'avance, par des campagnes publicitaires à message éducatif et citoyen, tant auprès des adultes, des ménages et des jeunes enfants. On aurait dû implanter des règlements pour encadrer la gestion des ordures, avertissement, amendes et voire dénonciation. Des caméras de surveillance devraient être installées afin de faciliter aux autorités une meilleure application des réglements. Un projet-pilote aurait permis de tester certains quartiers populaires où l'éducation au maintien de la propreté et l'utilisation des contenants s'avère essentielle.

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