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Survivre est synonyme de peine quotidienne chez une partie de cette ville ancestrale qui s’attache toujours à ses valeurs de pureté et de dignité. Ce sont les oubliés des pseudo-politiques de lutte contre la précarité et l’exclusion sociale, des familles illustrant le fruit amer de plusieurs décennies d’exclusion et d’enclavement.
Leur lot quotidien est jalonné de faim, de maladies, d’humiliation, et de mort tragique. Des Marocains pacifiques mais amoindris par la pauvreté, conjuguant les valeurs de bonté et de patience, qui n’arrivent pas à transpercer le bloc de froideur et d’ignorance avec lesquelles ils sont traités par les autorités locales et les élus de la ville.
La famille de Ba Brahim est l’illustration fidèle, flagrante et blessante de ce constat qui interpelle tout le monde. L’image terne d’une ville rongée par la corruption et la dépravation. Ba Brahim, gardien d’une toilette publique à Bâb Chaaba, vit dans un vrai trou qui risque de tomber au quartier de la prison à l’ancienne médina, avec sa femme qui mendie ou vend des sachets en plastique pour assurer « une gamelle » au goût amer d’une vie difficile.
Leurs deux enfants Ismail et Abderrahim ont découvert et quitté ce monde de la misère et des souffrances. Ismail, ayant été heurté par un train, avait perdu ses deux jambes. Il a su cohabiter avec son handicap et en faire un atout. On l’appelait «bijou», son sourire sillonnait le port, gagnait la sympathie des armateurs et des sardines et du pain au passage. Il est mort dernièrement d’une fièvre qui lui a été fatale. Abderrahim, quant à lui, est mort d’une infection qui s’est vite propagée faute de soins.
Ba Brahim et sa femme font partie aussi des oubliés du programme de relogement des habitants de l’ancienne médina de Safi; il a frappé à toutes les portes pour réclamer son droit à un logement social mais sans parvenir à figurer sur les listes des bénéficiaires.
Ba Brahim n’a pas de backchich à donner, il n’a que sa misère. Ici, tout le monde parle des agents d’autorité corrompus et des intrus sur les listes manipulées.
«J’ai écrit au wali et au maire, mais personne n’a réagi à mes doléances. Aujourd’hui, je ne demande qu’un toit qui préserve ma dignité et ma sécurité, car le trou où je vis risque de tomber sur la tête de ma famille» nous a déclaré Ba Brahim venu voir «Libé», correspondances et plaintes à l’appui, avec l’espoir de faire entendre sa voix ignorée par les autorités locales et les élus de Safi.
C’est l’image des oubliés de Safi, des familles qui dorment la nuit sans être sûres de voir le jour, et accueillent le jour sans assurance contre la faim, le froid, les maladies et la mort qui les guettent dans les recoins miséreux et humides de Safi.