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Les misères de Belounis au Qatar

“En partie, ils m’ont détruit”

Samedi 30 Novembre 2013

Les misères de Belounis au Qatar
“En partie ils m’ont détruit”, a déclaré Zahir Belounis, ce footballeur franco-algérien bloqué pendant près d’un an au Qatar, futur pays hôte du Mondial-2022 de football, à son arrivée à Roissy Charles-de-Gaulle jeudi soir.
“Mais ce n’est pas fini”, a aussitôt ajouté M. Belounis, 33 ans, aux côtés de sa femme Johanna et de ses deux filles Maissa et Louna, de retour avec lui de l’Emirat, où ils étaient arrivés en 2007.
Si le joueur est en colère contre son ancien club d’Al-Jaish, cette équipe de deuxième division qatarie avec qui il s’est retrouvé en conflit salarial, il n’a rien contre le pays lui-même. “C’est important de le dire, je n’ai aucun souci avec le Qatar, mon problème, c’était avec le club, et certaines personnes du club vont payer pour ce qu’elles ont fait, ça c’est clair”, a-t-il insisté, en remerciant “les autorités qataries et l’ambassade de France”.
Le joueur, originaire du Val-de-Marne, dans la région parisienne, était parti au Qatar il y a plus de cinq ans, pour porter les couleurs de l’équipe d’Al-Jaish. Un séjour sportif qui l’avait même amené à briller sous le maillot national qatari en 2010, pour la Coupe du monde militaire au Brésil, après avoir été naturalisé.
“On m’a fait du chantage”
Mais la situation s’est dégradée dès 2012, quand le club a cessé de lui verser son salaire. Et Zahir Belounis se décide finalement à porter plainte contre son club en février 2013.
“On m’a fait du chantage, mais je n’ai pas cédé”, a expliqué le joueur, les traits tirés, jeudi, à son arrivée sur le sol français, devant des dizaines de journalistes et de caméras de télévision, de la presse française et étrangère. “Quand j’ai voulu porter plainte, on m’a dit +tu vas le regretter+, et en partie ils m’ont détruit, mais ce n’est pas fini”.
De fait, dès cette procédure engagée contre son club, Zahir Belounis s’est retrouvé bloqué au Qatar, faute de visa de sortie. “Ici, vous êtes parrainé par une personne ou une entreprise, et grâce à cet exit visa, ils ont le droit de vous donner l’autorisation de quitter le pays ou non”, avait-il expliqué en octobre, en témoignant sur son cas, depuis Doha.
“Vous imaginez bien que chaque employé au Qatar réfléchit à deux fois avant d’attaquer son employeur”, avait alors ajouté le footballeur, une victime parmi des centaines d’autres de ce système du Kafala en vigueur dans les pays du Golfe, où chaque salarié est en fait la quasi propriété de son +sponsor+, son +Kafil+.
Le Mondial-2022 ? “Pas mon problème”
Abdeslam Ouaddou, autre footballeur à avoir vécu ce genre de situation au Qatar, alors qu’il évoluait au sein du club de Lekhwiya, était à Roissy pour accueillir Zahir Belounis. “C’est une victoire pour l’instant sur le Qatar, a asséné l’ancien joueur de Valenciennes et Nancy. Mais il reste 1,3 million de travailleurs qui subissent les mêmes sévices, à cause de ce système esclavagiste, et on ne sera vraiment content que le jour où ce système sera vraiment réformé, car n’oublions pas qu’ils doivent organiser une Coupe du monde.”
“C’est une libération à double titre, pour Zahir et sa famille et pour tous les footballeurs du monde”, a déclaré de son côté Stéphane Saint-Raymond, responsable à la Fifpro, le syndicat des joueurs internationaux, également présent à Roissy: “Il était important qu’il soit libéré et qu’il puisse se déplacer, ce qui est un droit fondamental. Aujourd’hui c’est le temps des retrouvailles en famille, mais les choses ne vont pas en rester là, il va contre-attaquer avec son avocat, Maître Frank Berton”, du barreau de Lille.
Pas question par contre pour Zahir Belounis, jeudi soir, d’évoquer ce futur Mondial-2022 de football au Qatar. Un Mondial visé par des polémiques grandissantes, avec notamment des accusations de quasi-esclavagisme sur des ouvriers employés sur les dizaines voire centaines de chantiers à travers l’Emirat.
“Ça ce n’est pas mon problème”, a-t-il éludé. “Là, je suis arrivé, ça fait 18 mois que je n’ai pas vu ma maman, et j’ai envie d’en profiter à présent”.

AFP

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