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Au commencement, la marche a été organisée par plusieurs dizaines d’associations locales, n’ayant toujours pas reçu le fameux récépissé de dépôt légal nécessaire à leur existence, pour condamner la quasi-interdiction des activités associatives. Des milliers de citoyens -dont les activistes amazighs brandissant des drapeaux de Tamazgha, les diplômés chômeurs, les démunis, etc- ont rejoint la marche pour protester, eux, contre la cherté de la vie et les conditions de vie de plus en plus précaires dans la ville. La manifestation a, on le sait, dégénéré. Des affrontements avec les forces de l’ordre ont eu lieu sur fond d’actes de vandalisme, de jets de pierre et de voitures incendiées. Très vite, et selon le témoignage de plusieurs sources concordantes dont les militants de la section locale de l’Association marocaine des droits humains, les organisateurs ont donné à leurs troupes l’ordre de se disperser. Dégâts matériels, violence de part et d’autre et arrestation : la manifestation qui devait être un moment démocratique de protestation s’est mal terminée et alimente aujourd’hui une polémique politico-politicienne, en lieu et place de débats politiques.
Le PAM charge donc le PJD qui, lui, s’en défend avec force. « La Fédération des associations locales de Tinghir compte 80 associations dont seulement 2 ou 3 sont proches du PJD. De plus, les dérapages ont eu lieu à la fin d’une marche autorisée et dont le tracé était connu. Encore une fois, le PAM veut instrumentaliser et politiser un événement à caractère purement social. Visiblement ce parti est en panne et veut faire feu de tout bois ! » a déclaré mercredi matin à « Libération » Lahcen Daoudi, membre dirigeant du PJD.
Une nouvelle polémique éclate, augurant d’une campagne électorale qui ne manquera pas de relief. « On a le sentiment que le PAM est déjà en 2012, les couteaux aiguisés. La campagne électorale a été bien précoce cette fois », commente un militant de gauche blanchi sous le harnais.
L’impression n’est pas vraiment fausse. Le communiqué du secrétariat régional du Parti Authenticité et Modernité à Tinghir dénonce « les moyens chaotiques adoptés par le PJD pour cacher sa défaillance dans la gestion des affaires de la municipalité de Tinghir ».
Les élus islamistes de Tinghir sont accusés de vouloir instrumentaliser les problèmes sociaux et économiques des citoyens de la région pour voiler et faire de « leurs souffrances », un enjeu de campagne prématurée. La réponse du PJD tombe comme un couperet : le PAM qui n’a aucune assise à Tinghir « se venge politiquement » du PJD qui, lui, est à la tête de la municipalité. C’est en tout cas ce que fait valoir le secrétaire régional du PJD de la ville dans une interview accordée à nos confrères d’Aujourd’hui le Maroc, parue hier, mercredi 29 décembre.
Le climat politique risque-t-il d’être empoisonné par ces polémiques politiciennes ? Dans le landerneau politique, ils sont en tout cas nombreux à le craindre. Pas question pour le personnel politique d’exploiter les revendications sociales et économiques qui sont exprimées lors de manifestations populaires à des fins politiques et purement électoralistes. « Tout cela est bien dangereux. On a bien vu ce qui s’est passé à Laâyoune », soupire Lahcen Daoudi.
Dans les rangs de la majorité, et alors que la commission d’enquête parlementaire sur les événements de Laâyoune, est en train d’achever ses investigations et s’apprête à rédiger son rapport, on croise les doigts : cette nouvelle polémique entre le PAM et le PJD ne peut que creuser un peu plus le fossé entre les citoyens et la politique. A une année des élections législatives, l’abstention des électeurs serait la pire des choses qui puisse arriver à la démocratie.