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Les magistrats tiennent leur sit-in en dépit de l’interdiction administrativeAhmed Anbar: Ramid constitue un danger pour le pays et il doit partir Mourad Tabet
Lundi 10 Février 2014
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En dépit des menaces proférées par le ministre de la Justice et des Libertés, Mustapha Ramid, et en dépit de l’interdiction administrative, les magistrats affiliés au Club des magistrats du Maroc ont tenu leur promesse et observé un sit-in de protestation contre la politique du ministre pjdiste. Initialement prévu samedi à 10 heures devant le siège du ministère de la Justice, le sit-in a été organisé devant l’Institut supérieur de la magistrature à Hay Ryad à Rabat après la décision de l’administration de l’interdire. «Quand la décision nous a été notifiée et lorsque nous avons constaté que les forces de l’ordre ont créé un blocus autour du ministère de la Justice, nous avons demandé à tous les militants du Club de se réunir devant l’Institut supérieur de la magistrature. C’est là où nous avons observé notre sit-in», a expliqué le vice-président du Club, Ahmed Anbar. Revêtus de leurs robes, les magistrats ont scandé des slogans dénonçant l’interdiction de leur sit-in devant le siège du ministère de la Justice, en dépit de toutes les démarches légales effectuées auprès des autorités compétentes. Ils ont également appelé à «l’indépendance du pouvoir judiciaire», à «l’égalité dans la gestion de la situation individuelle de tous les juges», et à « mettre à la disposition de la justice tous les moyens nécessaires pour que les juges puissent assumer leur rôle constitutionnel». Dans cette lutte contre la politique que le ministre de la Justice mène depuis sa nomination, les magistrats ne sont pas seuls. Plusieurs associations des droits de l’Homme et des bâtonniers ont soutenu cette manifestation par leur présence. Notamment les bâtonniers Abderrahman Benamar, Abderrahim El Jamai, et Jamila Sayouri, présidente de l’Association Adala. L’Association marocaine des droits humains a également sontenu l’action «légitime» du Club des magistrats pour faire face aux « agissements du ministère de la Justice». Elle a indiqué que cette interdiction porte «préjudice aux libertés publiques et constitue une menace sérieuse pour les acquis obtenus dans le domaine des droits et libertés». L’association a estimé, en outre, que « par cette interdiction, les autorités ont enfreint les obligations internationales principalement celles stipulées dans le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, ratifié par le Maroc ». Elle a également dénoncé les mesures prises par les autorités notamment le déploiement de forces antiémeutes autour du ministère pour empêcher ce rassemblement. L’Association des barreaux du Maroc et le Syndicat démocratique de la justice (SDJ) ont fait de même dans un communiqué de presse conjoint publié vendredi dernier, où ils ont mis en garde contre toute atteinte à la liberté d’expression et au droit de protestation de manière pacifique. Les deux organisations ont, par ailleurs, déploré l’intransigeance du ministre de la Justice et l’absence de concertation avec tous les corps de métiers. Ce qui explique les tensions accrues dans ce secteur. «Nous, au Club des magistrats, nous ne nous interrogeons pas sur l’interdiction, mais sur les raisons qui ont poussé tous les corps de métiers de la justice à protester : adouls, avocats, greffiers, notaires…», a affirmé Ahmed Anbar. Et d’ajouter : «C’est la politique de Mustapha Ramid, c’est sa mauvaise gestion, c’est sa mauvaise gouvernance et la manière avec laquelle il se comporte avec tous ces corps» qui sont à l’origine de la tension actuelle. Cette politique, selon le vice-président du Club des magistrats du Maroc, «mènera inévitablement à la catastrophe. Mustapha Ramid constitue un danger pour le pays et il doit partir». Il convient de rappeler que le ministre pjdiste a tenu, mercredi dernier, une conférence de presse, au siège de son département au cours de laquelle il s’est caché derrière l’institution monarchique pour museler les magistrats et les dissuader de protester contre sa politique. Il a, ainsi, conseillé au Club des magistrats du Maroc de recourir à S.M le Roi «qui est le garant, selon la Constitution, de l’indépendance de la justice, car il est le président du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire». Le Club des magistrats a, pour sa part, considéré le recours de Mustapha Ramid à l’institution monarchique comme une manœuvre et un stratagème pour les empêcher de protester contre sa politique et surtout contre les deux projets de loi organique : le premier concernant le statut des magistrats et le second relatif au Conseil supérieur du pouvoir judiciaire.
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