Les magistrats maintiennent leur sit-in en dépit des manœuvres de Ramid

Le ministre de la Justice se cache derrière l’institution monarchique pour se soustraire à ses obligations


Mourad Tabet
Vendredi 7 Février 2014

Les magistrats maintiennent leur sit-in en dépit des manœuvres de Ramid
 
«Nous savons ce que nous devons faire. On n’attend pas de conseils du ministre. Le Roi sera notre ultime recours. Que les choses soient claires : nous nous opposons à la politique du ministre de la Justice et des Libertés et à la politique du gouvernement». C’est avec fermeté que le vice-président du Club des magistrats du Maroc, Ahmed Anbar, s’est insurgé contre le ministre de la Justice et des Libertés, Mustapha Ramid qui voulait se cacher derrière l’institution monarchique pour museler les magistrats et les dissuader de protester contre sa politique ce samedi à 10 heures devant le siège du ministère à Rabat.
Lors d’une conférence de presse tenue au siège de son département mercredi après-midi, le ministre pjdiste s’est défaussé de ses engagements et cherché à impliquer l’institution monarchique dans le différend qui l’oppose aux magistrats du Maroc. Il a, ainsi, conseillé au Club des magistrats du Maroc de recourir à S.M le Roi «qui est le garant, selon la Constitution, de l’indépendance de la justice en tant que président du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire». Et d’ajouter :«Rien ne justifie la protestation puisque le Roi est là».
Pour le Club des magistrats, le recours de Mustapha Ramid à l’institution monarchique n’est qu’un stratagème pour les empêcher de protester contre sa politique et surtout contre les deux projets de loi organiques : le premier concernant le statut des magistrats et le second relatif au Conseil supérieur du pouvoir judiciaire. 
Les choses sont claires, selon Ahmed Anbar. Quand les magistrats protestent, c’est contre la politique du ministre de la Justice et la politique du gouvernement en général. «Nous refusons d’impliquer le Roi dans ce litige», a-t-il martelé dans une déclaration à Libé. Et d’ajouter : «Nous ne voulons pas des conseils du ministre. Nous savons ce que nous devons faire et quand nous recourons au Roi». Ahmed Anabar nous a également affirmé qu’en dépit de ce stratagème, le Club des magistrats continuera de protester et maintiendra son action de ce samedi.
Le vice-président du Club des magistrats s’est aussi indigné des propos du ministre en prétendant que «les magistrats vont salir le métier» s’ils  protestent vêtus de leurs robes. «Premièrement, c’est le ministre lui-même qui veut souiller le métier en tentant d’imposer deux projets de loi organiques qui portent atteinte à l’indépendance de la justice», a-t-il répliqué en défiant le ministre de la Justice et des Libertés d’invoquer une seule loi qui interdise aux magistrats de protester vêtus de leurs robes. Il a ajouté que le ministre lui-même «a souillé le métier en mettant la justice au service de son parti (le PJD) et non au service de la justice elle-même et du citoyen». 
Le vice-président du Club a, par ailleurs, déploré le recours du ministre à la violence verbale contre les magistrats et tous les corps de métiers de la justice. «Je ne sais pas pourquoi le ministre, son parti et le gouvernement recourent à la violence verbale contre tous ceux qui s’opposent à leur politique», s’est-il demandé.
Il convient de rappeler que le bureau exécutif du Club des magistrats avait tenu ce mercredi une réunion extraordinaire au cours de laquelle il avait violemment critiqué la tentative du ministre de la Justice et des Libertés d’«utiliser l’administration judiciaire comme instrument de restreindre les libertés des magistrats, ce qui constitue une nouvelle régression qui s’ajoute à d’autres enregistrées depuis l’interdiction anticonstitutionnelle de l’assemblée générale le 20 août 2011. Cela exprime également la volonté du pouvoir exécutif de monopoliser tous les instruments de contrôle et d’intervention au niveau de la justice», a indiqué un communiqué de presse du Club.
La même source considère que la réunion de Ramid avec les responsables judiciaires par vidéoconférence «pour discuter avec eux du sit-in national qu’organisera le Club des magistrats du Maroc, comme un dépassement dangereux du rôle de l’administration judiciaire tel que stipulé par le dahir du 15 juillet 1975 relatif à l’organisation judiciaire du Royaume».


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