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Les limites de l’indice de pauvreté monétaire au seuil national selon Lahlimi Alami

La pauvreté affecte, au-delà des personnes vulnérables, une partie des catégories sociales de revenu intermédiaire

Mercredi 12 Juin 2013

Les limites de l’indice de pauvreté monétaire au seuil national selon Lahlimi Alami
Prenant part à une rencontre scientifique dédiée au lancement du Réseau de pairs sur la pauvreté multidimensionnelle, organisée par l’Université d’Oxford, le Haut commissaire au plan,  Ahmed Lahlimi Alami, a montré les limites de «l’indice de pauvreté monétaire au seuil national».
Il a, dans ce sens, expliqué, lors de sa participation à la première séance sur «Les explorations des mesures de pauvreté», que cet indice «ne cesse de baisser pour atteindre, bientôt, selon les travaux que nous menons (HCP) avec la Banque mondiale, un niveau auquel il perdrait de sa pertinence statistique», a-t-il souligné.  Cela s’explique, selon lui, par le fait que c’est «la dynamique des sociétés qui dicte aux  économistes du bien-être social et aux statisticiens les thématiques de leurs recherches qui contribuent au progrès de leurs approches méthodologiques et de l’objet de leur discipline».
Dans son analyse, le haut commissaire a  mis en exergue «la montée d’une pauvreté subjective» au Maroc, en soulignant qu’elle affecte, «au-delà des personnes pauvres et vulnérables, une partie des catégories sociales de revenu intermédiaire».
Généralement, bien que le niveau d’inégalité sociale ne se soit pas détérioré comme c’est le cas dans plusieurs pays émergents, «le sentiment d’être pauvre s’accroît dans les agglomérations économiquement les plus dynamiques et où les inégalités sont les moins occultées par les rapports sociaux traditionnels», a-t-il précisé.
D’autre part, Lahlimi a constaté que les Marocains ont commencé à manifester de nouveaux besoins. «Cette évolution  s’accompagne globalement de l’émergence dans notre société de nouveaux besoins matériels et culturels et donne, dans l’expression de ces besoins, un poids croissant à de nouveaux acteurs de la société civile, en particulier, celles des jeunes et des femmes», a-t-il affirmé.
Preuve à l’appui, il a expliqué que «des dimensions comme l’accès à l’eau, à l’électricité et à l’enseignement primaire aujourd’hui pratiquement généralisés» perdent totalement ou partiellement de leur présence parmi «les facteurs de référence dans la mesure de la pauvreté et ce au profit de nouvelles dimensions». C’est ce qui a mené, selon lui,  les experts du HCP à opter pour de nouveaux critères.  Le droit des filles au respect de l’âge légal de mariage, par exemple, ou encore la parité genre ou la participation des jeunes et de la société civile à la gestion publique, l’une et l’autre consacrées par la Constitution,  et bien d’autres dimensions sont devenus de «nouvelles exigences dont la non satisfaction est à l’origine d’une nouvelle catégorie de frustrations», a-t-il explicité.
C’est le cas également d’un certain nombre de facteurs d’inégalités des chances. Parmi ces derniers, le niveau d’accès des enfants à l’enseignement préscolaire, par exemple, est fortement corrélé à des déperditions scolaires dans les autres cycles d’enseignement et au niveau de précarité de l’emploi auquel ces enfants auront à prétendre.  
Afin d’éviter les limites des anciennes méthodes, le HCP a commencé, depuis 2008, en complément avec  l’approche monétaire des revenus à imprimer une approche multidimensionnelle à ses analyses des phénomènes de la pauvreté, de la vulnérabilité et des inégalités sociales et à exploiter notre dispositif d’enquêtes dans le but d’identifier les dimensions qui sont à l’origine de ces phénomènes et de leur reproduction sociale.
Les experts du HCP ont ainsi combiné méthodes d’analyse quantitative et enquêtes de perception. Ce qui a permis aux études programmées, dans ce cadre, d’identifier un ensemble de dimensions de la pauvreté assorti d’un schéma de pondération et en tester la robustesse par une évaluation comparative des résultats,  de dégager «l’indice de pauvreté multidimensionnelle» et d’appréhender, au-delà des ménages, la pauvreté multidimensionnelle de certaines catégories sociales telles que les enfants, les femmes et les personnes âgées ou certains espaces territoriaux pour différencier le monde rural du milieu urbain.

S.T

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