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Les hooligans argentins, une violence sans fin et sans remède

Mercredi 28 Novembre 2018

La violence a une nouvelle fois éclipsé le football en Argentine, mettant en évidence l'influence des "barrabravas", des hooligans puissants, souvent liés à la police ou à la politique, que les clubs ne parviennent pas à neutraliser.
Cette fois, c'est la finale retour de la Copa Libertadores entre les frères ennemis de Buenos Aires, River Plate et Boca Juniors, qui en a pâti, reportée de samedi à dimanche, puis à une date ultérieure, après l'attaque du bus des joueurs de Boca, deux heures avant le match. Le maire de Buenos Aires Horacio Rodriguez Larreta, le président argentin Mauricio Macri et les présidents des deux clubs ont désigné les "barrabravas" comme responsables des jets de pierre, de gaz lacrymogènes, profitant d'un dispositif de sécurité insuffisant.
"En Argentine, il existe une culture du football, où la violence est légitime, et pas seulement pour les barrabravas, mais pour tous les acteurs", avance le sociologue Diego Murzi, spécialiste du sujet.
Le football n'apparaît pas comme "un jeu propre avec des résultats légitimes".
A chaque match, les plus ultras des groupes de supporteurs entonnent des chants souvent xénophobes, truffés d'insultes, avec la promesse de tuer le rival, au point de s'installer comme partie intégrante du folklore lié au football.
En dehors du stade, les "barrabravas" font de juteuses affaires "en connivence avec la police, les clubs, et le pouvoir politique", selon Monica Nizzardo, fondatrice de l'ONG Sauvons le football. Les premières références dans la presse aux "barrabravas" remontent aux années 1940, avec des bagarres de coin de rue.
Aujourd'hui, ils font partie du crime organisé et brassent beaucoup d'argent grâce à la revente d'entrées, au contrôle des zones de stationnement dans les rues situées autour des stades, des fast-foods à l'intérieur et à l'extérieur des stades, notamment.
"Parfois aussi avec des activités en dehors du monde du football: participation à des rassemblements politiques, syndicaux" pour assurer le service d'ordre ou le contraire, fait remarquer M. Murzi. Pour le maire de Buenos Aires "les hooligans sont enkystés dans le football" et sont les responsables des débordements de samedi, tout en faisant un mea culpa sur les mesures de sécurité.
"Les autorités ont l'habitude d'attribuer les problèmes à un groupe de sauvages, une vision simpliste qui propose des solutions erronées", réplique le sociologue.
Quelques jours avant River-Boca, les "barrabravas" du club All Boys avaient pris à partie des policiers après un match, des images illustrant l'impuissance de l'Etat de droit face à ces bandes souvent armées, qui rançonnent parfois dirigeants, entraîneurs ou joueurs.
La justice a souvent envoyé en prison des "barrabravas" comme José Barrita, chef des ultras de Boca, ou Alan Schlenker, de River, qui purge une peine de prison à vie pour assassinat. Mais la mafia du football se renouvelle avec d'autres.
"La faille, c'est que personne n'a la volonté d'en finir avec le business illégal dans le football, les dirigeants non plus", assure Mme Nizzardo.
Le sociologue Diego Murzi estime que les clubs pourraient "commencer par dénoncer la connivence entre les ultras et la police: deux acteurs qui travaillent ensemble. Les policiers connaissent les barrabravas et la police a intérêt à ce qu'ils existent. Ils accèdent ainsi à divers business".
En Argentine, ce sont les clubs qui paient le dispositif de sécurité assuré par les forces de police.
Autre élément générant des tensions: les médias. "Si la presse bombarde que c'est une finale à tuer ou à mourir, observe le sociologue, et que le président dit que le perdant va devoir quitter le pays, le supporteur sent que sa réputation est en jeu".
En 2015, lors d'un huitième de finale Boca-River, Boca Juniors avait eu match perdu sur tapis vert (3-0), car un supporteur de Boca avait aspergé d'un gaz irritant les joueurs de River Plate, dans le tunnel gonflable qui mène des vestiaires à la pelouse. Cette année-là, River avait remporté la Copa Libertadores.

Le Barça, le club qui paie le mieux en moyenne

Le FC Barcelone dispose du salaire moyen le plus élevé du sport mondial en 2018 avec des émoluments annuels dépassant les 11,8 millions d'euros, selon une étude du cabinet d'études britannique Sporting Intelligence publiée lundi.
Le géant espagnol devance ainsi son grand rival du Real Madrid avec un salaire annuel moyen de 9,14 M EUR, devant les franchises NBA de l'Oklahoma City Thunder (8,87 M EUR) et des Golden State Warriors (8,84 M EUR).
La Juventus Turin et Manchester United se classent respectivement aux 9e et 10e rangs, après six franchises NBA.
Selon Sporting Intelligence, qui prend en compte seulement les salaires versés aux joueurs et non les autres revenus liés à des activités commerciales, la Premier League est le championnat qui paie le mieux dans le monde du football, avec 3,39 M EUR annuels en moyenne.


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