La France a rendu public, cette semaine, un message de "grande vigilance" dans la foulée de l'assassinat d'Hervé Gourdel, le 24 septembre dernier en Algérie, et de l'appel du groupe Etat islamique (EI) à tuer des Occidentaux, notamment des Français.
Des professionnels du secteur touristique marocain, scandalisés, ont vivement réagi à cette décision.
Ils ont pointé du doigt cette sorte de «sentence» qu’Othmane Chérif Alami, l’un des responsables de l’ancienne Fédération nationale du tourisme (FNT) a dénoncée en déclarant à l’AFP que «le classement de l'ensemble du Maghreb, dont le Maroc, parmi les zones dangereuses par les autorités françaises est une décision émotionnelle très exagérée». Il a, aussi, insisté pour préciser que «même lors de l'attentat du café Argana à Marrakech, ils n'avaient pas réagi ainsi». Pour rappel, c’était en 2011 que cet attentat avait fait 17 morts dont huit Français. L’on comprend dès lors l’étonnement de ce professionnel. En fait, la goutte qui a fait déborder le vase, a-t-il tonné, ce sont les quelque 1.500 nuitées qui ont fait l'objet d'une annulation ou d'une demande de report de la part de touristes français "au cours des 72 dernières heures".
Quant aux réservations pour les semaines à venir, "le taux a chuté de près de 50%, soit l'équivalent de 550 réservations par jour contre 1.000 en temps normal", a-t-il enchaîné.
Et sachant qu’avec deux millions de visiteurs par an, les Français représentent le premier contingent au Maroc, où le tourisme est le deuxième contributeur au PIB (environ 10%), l’on ne peut que souscrire - et à juste titre - à leurs inquiétudes.
De son côté, la France a tenté de mettre du baume au cœur de ces professionnels marocains en répondant au lendemain de leurs craintes que le Maroc n’est pas présenté comme une destination à risque pour les touristes français. Ainsi, Paris a souligné que l'appel à une "vigilance renforcée" ne visait qu'une petite partie de ce pays.
Les conseils aux résidents et voyageurs français sont "composés à la fois de codes couleurs et recommandations écrites", a rappelé le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Romain Nadal, interrogé justement sur les critiques marocaines lors de son point de presse quotidien.
«S'agissant du Maroc, deux couleurs sont indiquées: verte (vigilance normale) pour la quasi-totalité du territoire, jaune pour le sud de la zone frontalière (avec l'Algérie), où il s'agit d'observer une attitude de vigilance renforcée», a-t-il tempéré avant de souligner : «Notre objectif est de reprendre au plus vite le cours normal de notre coopération judiciaire, dans le climat de confiance et de respect mutuel qui caractérise l'amitié franco-marocaine».
Cependant, le Quai d'Orsay a dispensé des conseils au niveau de son site Internet et recommandé ainsi "la plus grande vigilance dans les lieux publics ou de rassemblement" au Maroc en raison du "risque terroriste" dans la zone saharo-sahélienne et de la présence de jihadistes marocains en Syrie.
Tout en soulevant un autre bémol, le porte-parole du Quai d'Orsay a réitéré, lors du même point de presse, le souhait de Paris de clore au plus vite les contentieux, notamment judiciaires, qui perturbent depuis février les relations bilatérales, après le dépôt en France de plaintes contre le patron de la DGST, Abdellatif Hammouchi.