Les créations d’emploi qui s’élevaient à 160.000 postes par an entre 2002 et 2008 ont été divisées par trois pour se situer à 56.000 entre 2009 et 2015, avec notamment des créations ne dépassant pas 27.000 postes en moyenne durant 2014-2015, a fait savoir Ahmed Lahlimi Alami, Haut-commissaire au plan.
Et de relever, cependant, que le taux de chômage, qui a baissé significativement pour se situer à près de 9% au terme de la décennie 2000, ne semble pas être affecté par le fléchissement aigu des créations d’emploi durant les dernières années et s’est situé à 9,7% en 2015. Le HCP a aussi dévoilé que le taux de chômage aurait pu être plus élevé, si ce n’était la baisse tendancielle du taux d’activité qui est passé de 53,1% en 2000 à 47,4% en 2015, notant qu’avec cette évolution, les nouveaux actifs qui ont accédé au marché de l’emploi s’élèvent à 115.000 personnes par an et seulement 91.000 depuis 2009 et 27.000 depuis 2014.
«Aujourd’hui 25,2% des femmes en âge d’activité se trouvent sur le marché de l’emploi», fait ressortir le HCP, précisant que d’après son enquête sur l’emploi, 12% des femmes au foyer, soit près de 900.000 personnes, déclarent leur souhait d’entrer sur le marché du travail si les conditions économiques affichent des signaux de disponibilité d’opportunités d’emploi.
Et d’ajouter qu’en supposant que ce potentiel de main-d’œuvre accède à l’activité, le taux d’activité serait de 51% en 2015 et dans ce cas de figure le taux de chômage national aurait atteint 16%. La même source dévoile, dans la foulée, que les faibles performances de l’activité économique nationale découragent la population en âge d’activité, notamment celle en dehors du système scolaire, à se lancer à la recherche d’emploi préférant rester dans l’inactivité.
Autrement dit, l’économie nationale se prive d’un potentiel de main-d’œuvre et, par conséquent, d’une source démographique importante de création de valeur ajoutée, tonne M. Lahlimi. «La recherche de la stabilité macroéconomique dans un contexte de croissance économique faible et d’un contenu en opportunités d’emploi ne répondant pas aux aspirations de la population, suscite des interrogations sur la pertinence d’un tel modèle dans le contexte d’une transition démographique accélérée», continue de plus belle le patron du HCP qui estime que si les politiques publiques (budgétaire et monétaire) ont permis de concrétiser les objectifs escomptés en matière de lutte contre l’inflation et de réduction du déficit public, elles sont appelées, nonobstant, à renforcer davantage le tissu productif national et à réaliser une croissance forte et régulière.
Et de souligner que la réduction des déficits publics, quel que soit le cycle économique, requiert des efforts de rationalisation des dépenses pour la constitution d’épargne, ce qui prive l’économie d’un volume d’investissement pour augmenter la production nationale et résorber le chômage. Le Haut-commissaire au plan soutient également que la sous-utilisation des capacités productives maintient l’activité dans un sentier de croissance atone. Et ce, atténue-t-il, même si la constitution d’une épargne publique est de nature à rendre, dans une échéance de court terme, un processus d’endettement soutenable. Et de mettre également l’accent sur l’économie nationale qui, en absence d’une croissance économique forte, sera privée de ressources supplémentaires pour financer aussi bien les impératifs de développement du pays que les services de l’endettement accumulé.
En somme, M. Lahlimi a rappelé que la présence aujourd’hui au Maroc d’un niveau d’endettement à la limite de la soutenabilité et d’une stabilité macroéconomique apparente, ne doivent pas constituer un leurre pour la prise de décision par rapport à la réalité des besoins en une croissance économique nationale soutenue pour assurer un autofinancement du processus de transformations des structures économiques. Et de signaler que celles-ci devraient passer, en se référant à l’expérience des pays développés, par des investissements de long terme qui vont au-delà des politiques contra cycliques.