Les étudiants étrangers confinés au Maroc ne sont pas logés à la même enseigne

La majorité a choisi de quitter le pays dès l'annonce de l'état d'urgence sanitaire


Hassan Bentaleb
Vendredi 8 Mai 2020

Les étudiants étrangers confinés au Maroc ne sont pas logés à la même enseigne
A l'annonce de la mise en place du confinement au Maroc, un grand nombre d'étudiants étrangers sont rentrés chez eux. Selon l'Office national des œuvres universitaires sociales et culturelles (ONOUSC), sur un total de 50.174 résidents des campus universitaires, 49.122 étudiants ont pu quitter les cités pour rejoindre leurs familles, tandis que seuls 1.052 vivent encore dans les campus et sont pris en charge par l’Etat. Mais qu’en est-il de ceux qui vivent en dehors des cités universitaires ?
Assoumana Ismael, président de l’Association des stagiaires et étudiants étrangers à Tétouan (ASEET), en sait quelque chose. Selon lui, le confinement a affecté négativement la situation de nombreux étudiants étrangersqui vivent dans la ville blanche en dehors de la cité universitaire.« La ville compte entre 200 et 250 étudiants de diverses nationalités (Subsahariens, Indonésiens, Malaisiens …) et une grande partie d’entre eux nous sollicitent pour des aides alimentaires et pour les aider à trouver une solutionau problème du logement », nous a-t-il indiqué. Et de poursuivre : « Plusieurs personnes ne trouvent pas de quoi manger ou ont des difficultés à bien se nourrir. D’autres sont plutôt incapables de payer leurs loyers (entre 1500 et 2000 DH par mois), notamment ceux qui vivent des envois de leurs familles. Mêmes les boursiers n’arrivent pas à s’en sortir. Certains propriétairesne prennent pas en compte leur situation et exigent leursloyersau début dechaque mois. Certains osent même les menacer d’expulsion sans parler de la pression qu’ils exercent sur eux chaque jour. Aujourd’hui, ces étudiants étrangers vivent dans la hantise d’être mis à la rue ».
D’après le président de l’ASEET, même l’acheminement de l’aide à ces étudiants se révèle ardu vu les restrictions sur les déplacements édictées par les autorités. « Ces étudiants sont répartis entre Tétouan et Martil et faire l’aller-retour entre ces deux localités exige beaucoup d’efforts et d’énergie puisqu’il y a de nombreux barrages et que les policiers et les gendarmes posent beaucoup de questions sur la source des aides et leur destination finale », nous a-t-il expliqué. Et de préciser «que la plupart de ces aides sont des dons à l’instar des 30 paniers alimentaires accordés par le pacha de Martil. Des ONG et des donateurs nous aident également beaucoup ».
Assoumana Ismael trouve, cependant, que les étudiants étrangers dans d’autres villes comme Tanger ou Meknès sont mieux lotis que ceux de Tétouan. « Dans ces villes, il y a plus d’implication des autorités et ce n’est pas le cas ici dans la ville blanche », nous a-t-il affirmé.
 La situation des étudiants étrangers à Agadir ne diverge pas trop de celle du Nord. Eux aussi ont des problèmes de nourriture et de loyer. « Beaucoup de boursiers se sont trouvés sans logement après la fermeture des internats. Personne ne sait d’où vient cet ordre et beaucoup de ces étudiants ont dû se loger chez des amis ou des proches en attendant des jours meilleurs. Ceci d’autant plus qu’ils n’ont pas la possibilité de louer seuls des maisons vu la cherté des loyers», nous a fait savoir Ismaila Faye, président de l’Union des étudiants sénégalais du Maroc à Agadir. Et d’ajouter : « Du côté des étudiants duprivé, aucun cas de détresse n’a été signalé ».
Pour sa part, Khalid Alayoud, chercheur en migration et acteur associatif, tire la sonnette d’alarme concernant une autre catégorie d’étudiants qui ne semble pas avoir été prise en considération. Il s’agit des étudiants des établissements de l’enseignement traditionnel. « Notre région en compte plusieurs qui accueillent chaque année des centaines de Subsahariens notamment des Sénégalais, des Guinéens et des Ivoiriens. Ces disciples sont souvent des étudiants internes qui vivent de bourses médiocres souvent accordées par des bienfaiteurs. Une grande partie d’entre eux est issue de familles pauvres et vulnérables», nous a-t-il expliqué. Et de poursuivre : « Aujourd’hui, ces étudiants sont livrés à eux-mêmes et les ressources fournies par leurs écoles ne leur suffisent pas. D’où la nécessité de les aider etde se solidariser avec eux dans ce contexte de crise. Nous croyons que ces tempsexigent une approche générale et humaniste qui dépasse les considérations liées à la religion, aux races ou à quelconque appartenance. Nous appartenons tous à l’humanité». 
A rappeler queNoureddine Tehami, directeur de l’ONOUSC, a déjà indiqué à la presse que le Maroc considère les étudiants étrangers restés dans les campus universitaires marocains malgré la décision de les fermer dans le cadre des mesures prises pour faire face à la propagation du coronavirus, comme des invités qu’ilne faut pas abandonner dans cette situation critique en précisant que durant cette conjoncture exceptionnelle qui oblige les institutions à prendre des précautions et des mesures pour se protéger contre tout risque éventuel causé par le Covid-19 à l'intérieur des cités universitaires, l'office a pris en charge ces étudiants et a mis à leur disposition tout ce dont ils ont besoin.


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