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Cette problématique sur laquelle nombre d’instances ont planché, a permis l’émergence de différents éclairages et réflexions aussi pertinents les uns que les autres. Notamment ceux publiés par l’Observatoire national du développement humain dans un rapport intitulé « Disparités territoriales en matière de développement social au Maroc », la Revue économie, gestion et société dans une contribution des chercheurs Omar Ouhejjou, Imad El Alami, Fatima Zahra Zahiri et Soukaina Dafir titrée « Inégalités et disparités de développement territorial au Maroc », le ministère de l’Aménagement du territoire national, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la ville dans son rapport sur les «Dynamiques et disparités territoriales », les différents rapports du HCP, etc.
Le fait que le Conseil économique, social et environnemental ait organisé une table ronde en collaboration avec la Banque mondiale sous le thème "Développement régional et inégalités territoriales", atteste donc de la poursuite des efforts visant à mieux appréhender cette problématique qui impacte la dynamique économique en empêchant l’intégration de tous les acteurs dans le processus qui la sous-tend.
S’il est un fait avéré que l’on peut aisément constater de visu, c’est que le Maroc connaît d'importantes disparités entre les douze régions qui composent son territoire. Ces disparités concernent à la fois la croissance démographique, les secteurs sociaux et la dynamique économique. L’évolution de ces disparités est déterminée principalement par trois facteurs : l’urbanisation, la migration et la localisation des activités économiques. En effet, il y a une forte concentration démographique et économique tout au long du littoral atlantique ainsi que des clivages entre les régions du centre et les régions périphériques d’une part, et entre les régions fortement urbanisées et les régions agricoles, d’autre part.
On constate dans ce sens que les villes portuaires ou très proches du littoral sont les plus attractives et, partant plus peuplées. Casablanca est par exemple quatre fois plus peuplée que Rabat et cinq à six fois plus peuplée que Fès ou Marrakech (HCP, 2014), sachant que ces deux dernières sont considérées comme les villes les plus peuplées du centre du Maroc. Cela est dû principalement au fait que la population quitte les zones où les revenus sont faibles pour occuper des lieux où les revenus sont à des niveaux supérieurs, de même les citoyens cherchent à s’installer dans des lieux dotés de plus d’infrastructures assurant des conditions de vie plus décentes (routes, eau, électricité, hôpitaux, écoles, …).
Face à cet état de fait, le gouvernement marocain déploie des efforts pour le réduire. Le processus de régionalisation avancée et sa mise en œuvre en constitue le meilleur exemple. Cependant, la récurrence de la question inégalitaire atteste de l’insuffisance des efforts entrepris. Le rapport du Conseil économique, social et environnemental (CESE) de 2017 évoque la persistance des inégalités socioéconomiques tant au niveau régional que local et illustre cela par un ensemble d’indicateurs (taux de pauvreté élevé, niveau de scolarité faible, difficultés d’accès à l’emploi, inaccessibilité aux soins dans certaines régions marocaines, etc).
De plus, l’apport de chaque région au PIB en termes de création de la valeur ajoutée régionale est très disparate.
En volume, les comptes régionaux publiés par le HCP en 2017 font ressortir des disparités des taux de croissance du PIB entre les régions.
Sept régions ont enregistré des taux de croissance supérieurs à la moyenne nationale (4,2%). Il s’agit des régions de Dakhla-Oued-Ed Dahab (10,3%), de Guelmim-Oued Noun (9,1%), de Laâyoune-Saguia Al Hamra (7,4%), de Béni Mellal-Khénifra (6,6%), de l’Oriental (5,9%), de Tanger-Tétouan-Al Hoceima (5,8%) et de la région de Rabat-Salé-Kénitra (5%).
Les régions de Casablanca-Settat et de Marrakech-Safi ont marqué des taux de croissance proches de la moyenne nationale, de 4% et 3,9% successivement.
Les autres régions ont présenté des taux de croissance inférieurs à la moyenne nationale avec 1,1 % dans les régions de Souss-Massa et de Drâa-Tafilalet, et 0,8% dans la région de Fès-Meknès.
Par ailleurs, 30,4% de la croissance nationale est à mettre à l’actif de la région de Casablanca-Settat dont la contribution à la croissance du PIB a été de 1,3 point.
Les régions de Rabat-Salé-Kénitra et Tanger-Tétouan-Al Hoceima ont participé pour un tiers à la croissance du PIB en volume, soit 1,4 point, avec 0,8 et 0,6 point respectivement.
Les neuf régions restantes ont contribué pour un peu plus du tiers de la croissance enregistrée en 2017 soit 1,5 point.
Ce qui se répercute inévitablement sur le processus de développement.
Le HCP avance dans ce sens qu’il faudrait environ 24 ans pour permettre au processus de rattrapage interrégional d’arriver à bon port.
En outre, le fait que le Maroc demeure marqué par la dualité centre-périphérie renvoie à la faiblesse de l’efficacité des politiques de développement territorial menées et doit inciter les décideurs à faire montre de diligence dans l’opérationnalisation d’une régionalisation avancée dont la Commission spéciale sur le nouveau modèle de développement doit faire un credo incontournable.