Les dossiers des Syriens retirés des mains du HCR

Les pouvoirs publics peinent à trouver une solution au problème


Hassan Bentaleb
Vendredi 7 Mars 2014

Les dossiers des Syriens retirés des mains du HCR
Les Syriens, persona non grata dans les mosquées du Royaume.  Ils seront désormais interdits de faire la manche dans les lieux de culte.  Un communiqué du ministère des Habous et des Affaires islamique vient d’adresser des instructions dans ce sens à ses délégués. Ces derniers devront  en informer les autorités locales dans l’objectif de lutter contre cette pratique qui perturbe, selon les termes du communiqué, les maisons de Dieu et ceux qui les fréquentent.  
Les autorités locales seront-elles néanmoins prêtes à aller jusqu’à appliquer les dispositions pertinentes du Code pénal à l’encontre de ces ressortissants, lesquelles dispositions prévoient des peines d’emprisonnement d’un à six mois contre “quiconque, ayant des moyens de subsistance ou étant en mesure de se les procurer par le travail ou de toute autre manière licite, se livre habituellement à la mendicité, en quelque lieu que ce soit” ?
Pour plusieurs observateurs, la position du département des Habous suscite stupeur et inquiétude. Annonce-t-elle un tournant dans la position de l’Etat à l’égard des Syriens ou s’agit-il d’une action conjoncturelle et limitée dans le temps ? Aujourd’hui, le pays compte 937 demandeurs d’asile syriens, soit 22,46% des dossiers déposés auprès de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés au Maroc (UNHCR). A ce jour, ces ressortissants sont privés du statut de réfugié, les autorités n’ayant pas jugé bon de le leur accorder. Et pour cause : un programme spécifique au profit de ces personnes serait en cours d’élaboration. 
En attendant, les Syriens sont livrés à eux-mêmes. Ils vivent dans une précarité sociale extrême. Sans revenus financiers ou de travail, et sans mesures d’accompagnement et de protection de la part de l’Etat, ils souffrent le martyre.  Bon nombre d’entre eux sont contraints à la mendicité et à la prostitution. S’ils sont aujourd’hui protégés contre les arrestations et le refoulement vers les frontières, ils ne le sont néanmoins pas contre la pauvreté et des conditions de vie inhumaines.   
En effet, l’accueil des demandeurs d’asile au Maroc n’est pas réglementé. Le pays ne dispose pas d’un dispositif permettant d’accueillir les demandeurs de protection internationale pendant toute la durée de leur procédure d’asile. Notre pays semble donc incapable d’offrir un hébergement accompagné dans des centres d’accueil mis en place. Les demandeurs d’asile ne bénéficient pas de versement d’une allocation financière temporaire dans l’attente de la régularisation de leur situation. 
Le Royaume s’est cependant engagé à mettre au point un programme spécifique d’accueil destiné aux Syriens. Mais rien ne semble venir. Les  autorités cherchent encore un dispositif d’identification qui soit efficace. Les pouvoirs publics comptent prendre en charge elles-mêmes l’enregistrement des demandeurs d’asile syriens. Prochainement, leurs dossiers ne devraient plus transiter par l’antenne du HCR à Rabat.  
En effet, nombreux sont les demandeurs d’asile qui ne présentent pas de documents de voyage et d’identité originaux. Certains dissimulent ou détruisent leurs documents, voire déposent de fausses déclarations et utilisent plusieurs identités. 
Un problème des plus complexes notamment sur le plan technique et pratique faute de registres nationaux fiables de population et de banques de données numérisées répertoriant les empreintes digitales en Syrie. Se dirige-t-on donc vers un durcissement de la position de l’Etat envers ces Syriens ? Affaire à suivre.  


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