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Les marchés du carbone sont des plateformes d'échange de crédits carbone, permettant aux entreprises et aux particuliers de compenser leurs émissions de gaz à effet de serre (GES). Ils peuvent acheter des crédits auprès d'entités qui réduisent, séquestrent ou évitent ces émissions.
Chaque crédit carbone équivaut à une tonne de dioxyde de carbone, ou à son équivalent en GES, qui a été réduit, capturé ou évité. Une fois utilisé pour compenser des émissions, ce crédit devient une compensation et ne peut plus être échangé.
Croissance fulgurante
Pour les instigateurs de l’accord CDG- CFCA, cette initiative accompagne, d’une part, «les objectifs nationaux de décarbonation» et offre, d’autre part, «des solutions accessibles aux porteurs de projets, contribuant au développement durable».
Le projet vise également à « renforcer le rôle du Maroc dans l'atténuation des émissions à l'échelle internationale et à promouvoir son leadership en matière de développement durable».
En effet, le marché volontaire des droits d'émission de carbone a connu une croissance fulgurante, atteignant 2 milliards de dollars en 2022. Récemment, ces marchés se sont rapidement consolidés. Des cadres réglementaires sont en développement et les infrastructures d'échange gagnent en sophistication.
L'Accord de Paris sur le climat de 2015 a insaturé un système de compensation des émissions de CO2 entre pays, tel que prévu par l'article 6, qui permet une "coopération volontaire" entre Etats.
Ce système interétatique est soutenu par un programme spécifique, le DAPA (Designing Article 6 Policy Approaches). Depuis 2015, la GGGI (Global Green Growth Institute) collabore avec le ministère de la Transition énergétique et du Développement durable pour l’implémentation de ce programme. Après une phase initiale d'identification des secteurs clés, le Maroc a sélectionné deux cadres prioritaires pour intégrer la compensation carbone : la loi 40-19 sur les énergies renouvelables et la loi 82-21 sur l'autoproduction.
Faible participation
Selon un document commun du ministère de l’Economie et des Finances, Bank Al-Maghrib, l’ACPAPS et l’AMMC, «entre 2011 et 2019, les flux de financement sont principalement d’origine publique, avec seulement 25-30% de contribution privée. Cette proportion est inférieure à celle observée dans les pays de la région Mena et dans les pays à revenu comparable où la part du financement privé dans la finance climat s’élève aux environs de 50%».
La même source explique qu’«à l’échelle mondiale et au Maroc, les financements privés sont principalement orientés vers des projets d’atténuation (captant plus de 90% des financements climatiques mondiaux), car ces projets offrent généralement des modèles d’affaires plus rentables et sont donc plus attractifs pour les investisseurs privés. En revanche, les projets d’adaptation attirent peu les financements privés : au niveau mondial, près de 98% des financements pour des projets climatiques d’adaptation proviennent du secteur public, notamment d’Etats et de banques de développement, tandis que plus de 50% des investissements dans les projets d’atténuation proviennent du secteur privé». «Toutefois, précise ledit document, les projets climatiques, présentant souvent des rentabilités moindres, peuvent être rendus plus attractifs pour des investisseurs commerciaux grâce à des mécanismes de financement mixte (blended finance) ».
En détail, le Climate policy initiative (CPI), cité par ledit document, précise que «les financements en fonds propres constituent le principal contributeur au financement privé du climat, représentant 30% du total des financements climat au Maroc, tandis que la dette commerciale représente environ 10-15% des investissements climatiques, principalement orientés vers les énergies renouvelables. Les instruments de financement public, tels que la dette concessionnelle (39%) et les subventions (18%) constituent le reste du marché de financement climatique».
Potentiel attractif
Sur un autre registre, le document en question indique que sur «la base des besoins d’investissements exprimés dans les différentes stratégies et plans (CDN, stratégie bas carbone, etc.) à l’horizon 2030 pour atteindre les objectifs d’abattement d’émission de gaz à effet de serre du Royaume (-45% d’ici 2030), et le taux de réalisation des mesures associées, il ressort un potentiel attractif pour le secteur privé estimé à 4.5 milliards de dollars par an entre 2025 et 2030». Il précise que «les opportunités potentiellement finançables par le secteur privé sont essentiellement constituées de projets d’atténuation (ex. production d’énergie verte, électrification du transport, etc.) car présentant généralement des modèles d’affaires plus attractifs pour les investisseurs privés en comparaison avec les projets d’adaptation». Et d’ajouter que «sur la base de ce scénario, la part de financement privé devrait être portée à 50% de l’ensemble des financements climatiques à l’horizon 2030, contre 30% actuellement, en ligne avec la moyenne observée pour la région Mena».
Les auteurs dudit document estiment, par ailleurs, que «le secteur financier marocain est fortement exposé aux risques climatiques, physiques et de transition avec 8% des actifs bancaires directement exposés aux risques physiques et 11% aux industries fortement sensibles à la transition (1/3 des prêts bancaires sont exposées à des risques physiques particulièrement élevés), selon l’étude menée par Bank Al-Maghrib et la Banque mondiale (BM). Compte tenu des impacts financiers potentiellement importants du changement climatique, BM place la gestion des risques y associés parmi ses principales priorités stratégiques avec la mise en place progressive d’un cadre réglementaire incitatif».
A noter, cependant, que «le cadre de gestion des risques climatiques du secteur financier continue d’être entravé par le manque de données granulaires et les incertitudes de la modélisation et nécessite de continuer à améliorer la compréhension et l’alignement des dispositifs existants avec les normes internationales», conclut le document.
Hassan Bentaleb