Les billets d’avion désormais plus chers

Une nouvelle taxe touristique imposée aux voyageurs


Mohammed Taleb
Vendredi 15 Novembre 2013

Les billets d’avion désormais plus chers
Nouvelle taxation des billets d’avion. La majorité l’a faite. La Chambre des représentants a approuvé, mercredi, sur proposition du ministre du Tourisme, l’amendement  (n°18) portant sur la création d’une taxe sur les billets d’avion.Il s’agit d’une taxe aérienne dite pour «la solidarité et la promotion touristique», dont l’entrée en vigueur est prévue à partir du premier avril 2014.
Les compagnies aériennes devront désormais payer une taxe de 100 dirhams, soit plus de 9 euros pour la classe économique, et de 400 dirhams, soit plus de 35 euros pour la classe affaires (business et la première). Cette taxe sera prélevée sur les billets d’avion émis pour des liaisons internationales.
Pourtant, taxer les billets d’avion revient à enfoncer un clou dans la roue de la Vision 2020 du tourisme, qui peine à tourner. Contrairement à d’autres pays, dont les premières destinations mondiales telle que la France, qui vient de décider d’investir massivement dans la promotion touristique, le Maroc ne semble pas suivre la même voie.Non seulement les budgets consacrés au ministère du Tourisme et à l’Office national marocain du tourisme (ONMT) sont revus à la baisse mais voilà que le projet de loi de Finances de 2014 prévoit une nouvelle cerise sur le gâteau.
Le ministère du Tourisme s’est lui, aussi, inscrit dans la logique comptable qui domine les politiques et les mesures prises dans le cadre de la loi de Finances 2014, en introduisant cette taxe «autodestructrice». Pourquoi ? Une telle taxe est susceptible d’entraîner une perte de passagers et par la suite une perte d’emplois. Elle peut même constituer un acte suicidaire. Des expériences similaires de taxes sur les voyages ont eu lieu dans des pays comme les Pays-Bas ou l’Irlande, et elles se sont soldées par une baisse du trafic.
Cette mauvaise nouvelle, diffusée à grande échelle, fait déjà écho chez les spécialistes internationaux du domaine. En tapant taxation des avions au Maroc, vous verrez que le premier site le mieux référencé d’entre ceux qui ont annoncé l’information est «le Quotidien du tourisme», premier journal professionnel français qui traite de l’industrie du tourisme et des transports. Ce qui veut dire que cette mesure ne sera pas sans impact. En clair, taxer les voyageurs ne dissuade pas de voyager mais cela motive simplement ces usagers et les transporteurs aériens à choisir des destinations alternatives.
De son côté, le gouvernement Benkirane se défend en affirmant que   cette taxe a pour objectif, selon le ministère, de renforcer les ressources dédiées à la promotion touristique et de favoriser l’attractivité de la destination Maroc et  partant d’attirer les touristes en provenance de nouveaux marchés.
L’argument est étonnant dans le sens où les touristes en visite au Maroc sont avant tout des voyageurs qui sont sensibles aux prix et donc, cela reviendrait à décourager les moins fortunés.
De plus, l’actuel gouvernement a renié ses  engagements d’autant que le ministre du Tourisme, Lahcen Haddad, avait annoncé, lors de la présentation en 2012 des résultats de la Société marocaine d’ingénierie touristique et son plan d’action pour 2013 que son département  allait même inciter la compagnie nationale à proposer, à partir du 6 février 2014, des billets à tarifs réduits.
 Quelques mois plus tard, il opère un revirement et accepte une taxe renchérissant les prix des billets.
Cette décision ne sera certainement pas du goût des professionnels qui n’ont de cesse ces dernières années, vu la relation étroite et sensible entre l’activité touristique et le transport aérien, de réclamer davantage le renforcement de l’investissement dans l’aérien, indispensable pour une reprise du secteur et l’instauration de mesures incitatives des compagnies aériennes à cibler le low-cost.
Au lieu de préconiser des solutions innovantes afin d’améliorer la compétitivité dans un environnement où la concurrence est de plus en plus acharnée, le département de tutelle a opté pour un équilibrisme comptable dont les conséquences seront, certainement, néfastes et contre-productives pour le secteur en général. 


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