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Une réponse incomplète et sélective
Intervenant lors de la séance des questions orales à la Chambre des conseillers, tenue mardi, Nizar Baraka a indiqué que ces 17 barrages dont certains sont achevés à 49% disposent de capacités de stockage allant de 12 millions de mètres cubes à 1.070 millions de mètres cubes. Tout en précisant que le coût total de ces projets est estimé à environ 28 milliards de DH.
Par ailleurs, Nizar Baraka a souligné que la liaison entre les barrages Al Wahda et Mohamed Ben Abdallah aura un impact très positif sur la garantie de l'eau potable pour Casablanca, Rabat et les villes avoisinantes, et que la liaison entre les bassins de Sebou et de Bouregreg et le grand barrage Al Massira et d'autres bassins hydrauliques est en cours d'étude dans le but de parvenir à une gestion durable des ressources en eau et d'en optimiser l'utilisation.
Toutefois, pour un certain nombre d’observateurs, la réponse du ministre reste incomplète et sélective puisque la construction de ces barrages s’inscrit dans le cadre d’un vaste programme qui a débuté en 2020 et qui est censé être achevé en 2027, visant à renforcer les infrastructures hydrauliques en portant le nombre des barrages au Maroc à 170, avec une capacité de stockage totale d'environ 25,26 milliards de mètres cubes.
En effet, le Programme national pour l’approvisionnement en eau potable et l'irrigation 2020-2027 (PNAEPI), établi sur Hautes Orientations Royales, prévoit la réalisation de projets structurants dans le secteur de l’eau, notamment via la mobilisation des ressources en eau conventionnelles et non conventionnelles afin de garantir le développement du secteur de l’eau et l’approvisionnement en eau du pays de manière durable. Ainsi, Nizar Baraka n’a pas pipé mot sur la construction des petits barrages et des lacs collinaires, la prospection et la réalisation des captages à partir des eaux souterraines, la création de points d’eau pour l’abreuvement du cheptel, le développement des périmètres de PMH, la réalisation des équipements et installations pour le renforcement et la sécurisation de l’approvisionnement en eau potable et le développement des projets de dessalement de l’eau de mer, la gestion de la demande, l’économie et la valorisation de l’eau par l’amélioration des rendements des installations de distribution d'eau potable et l’augmentation de l’autonomie de réserve en eau potable. Idem pour l’économie d’eau d’irrigation par la reconversion collective et individuelle à l’irrigation localisée, la modernisation et la réhabilitation des systèmes d’adduction d’eau à buts multiples et la réalisation d’aménagement hydro-agricole, la réutilisation des eaux usées notamment pour l’arrosage des golfs, le renforcement de l'approvisionnement en eau potable en milieu rural et l’adoption d’une stratégie de communication et de sensibilisation.
Le ministre n’a pas jugé également utile d’évoquer son bilan concernant plusieurs canaux d’irrigation qui perdent 30 à 40% de leurs ressources sans qu’ils ne soient exploités. Sachant que les pertes peuvent, parfois, culminer à 60%. Il n’a pas jugé utile aussi d’évoquer ce qui a été réalisé concernant “le vol de l’eau”, puisque, selon ses aveux en 2022, près de 40% du cours d’eau destiné aux terres agricoles est détourné pendant son passage.
Vers une révision de la politique de construction des barrages
En attendant la réponse du ministre à ces questions, il est également légitime de s’interroger sur la validité du choix de construire de plus en plus de barrages, notamment dans un contexte marqué par une sécheresse tenace.
Dans ce cadre, le professeur Taieb Boumeaza, géographe et enseignant à l'Université Hassan II de Casablanca, souligne l'importance des investissements dans les barrages, les qualifiant de bénéfiques, rentables et stratégiques. Il les considère essentiels non seulement pour la survie des populations, mais aussi pour leur sédentarisation, en raison de leur contribution à l'activité agricole, principale source de revenu dans les zones rurales marocaines.
Cependant, selon lui, la construction des barrages devrait être orientée vers les régions recevant des précipitations importantes, telles que les régions rifaines et atlasiques, où les conditions topographiques et géologiques sont favorables. Il préconise également de privilégier les barrages de taille moyenne situés à proximité des zones à desservir, afin de réduire les coûts de transfert d'eau et de favoriser l'indépendance régionale ou locale en matière d'approvisionnement en eau.
Concernant le rythme de construction des barrages, notre interlocuteur nous a expliqué que ces ouvrages d’art prennent du temps puisque les décisions les concernant devraient être prises en tenant compte d'études techniques approfondies, incluant la géophysique, la géologie, la climatologie et la géomorphologie, ainsi que de l'analyse des conditions naturelles, des impacts à long terme et de la faisabilité des projets envisagés.
Le professeur Taieb Boumeaza propose une révision de la politique de construction des barrages. En outre, il propose d'envisager l'utilisation de pipelines aquatiques comme moyen de transport de l'eau vers les régions nécessiteuses, telles que celles du Sud et du Sahara. Il soutient que de tels projets pourraient dynamiser l'économie agricole de ces régions, dont les produits pourraient être exportés vers l'Afrique, tout en favorisant l'expansion des centres urbains dans le sud du pays. Il relève cependant les limitations des institutions nationales en matière de gestion interrégionale de l'eau, en raison du manque de moyens logistiques et de connexions entre les bassins hydrauliques.
Il évoque même la possibilité de coopération avec l'Algérie pour la construction d'un pipeline aquatique reliant le barrage Mohammed V sur la Moulouya à la région d'Oran, en vue d'approvisionner cette dernière en eau potable.
Hassan Bentaleb