Les agressions à l’arme blanche font des ravages

1.322 individus arrêtés en un seul mois pour port de coutelas


Hassan Bentaleb
Samedi 14 Novembre 2015

Les agressions à l’arme blanche continuent d’affoler les Marocains. Des inquiétudes qui sont attestées par les statistiques de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) qui a révélé l’arrestation, durant le seul mois d’octobre dernier, de  1.322 individus pour possession illégale d’armes blanches et la saisie de 1.951 couteaux. Le  communiqué de la DGSN annonce également l’arrestation de 28.609 personnes soupçonnées d’avoir commis divers crimes et délits, outre l’interpellation de 10.529 autres qui faisaient l’objet d’avis de recherche à l’échelle nationale pour agressions à l’arme blanche, vols et crimes économiques et financiers.
Des chiffres qui en disent long sur l’ampleur de plus en plus alarmante de ce fléau. En effet, il ne se passe pas une journée sans que la presse ne rapporte l’agression d’un homme ou d’une femme ou que les réseaux sociaux ne diffusent les images accablantes de victimes d’attaques. L’agression à l’arme blanche de trois touristes allemands dans la vieille Médina de Fès, le 30 octobre dernier, a fait même le buzz au Maroc avant d’être largement relayée par la presse internationale. A Marrakech comme à Casablanca ou ailleurs, le phénomène est en progression. A Fès,  575 individus ont fait dernièrement l’objet de mandats de recherche pour « leur implication dans des affaires de coups et blessures à l’arme blanche, vol, trafic de drogues et agressions sexuelles ». A Tanger, 1.106 individus ont été arrêtés  pour détention d'armes blanches depuis mai dernier. Un chiffre, pourtant, en régression par rapport à 2014 ; année au cours de laquelle 5.000 personnes ont été déférées devant le parquet général pour possession et utilisation d’armes blanches et plus de 600 cas d’agression enregistrés en un seul mois. Les agresseurs appréhendés sont souvent  des mineurs impliqués dans des affaires de trafic de drogue et se servent de leurs couteaux pour terroriser les citoyens.
Et qu’en est-il du dispositif pénal interdisant le port d’armes  blanches et leur utilisation ?  « La loi est caduque », répliquent plusieurs robes noires. En effet, si l’article 400 du Code pénal stipule que : «  Quiconque, volontairement, fait des blessures ou porte des coups à autrui ou commet toutes autres violences ou voies de fait, soit qu'ils n'ont causé ni maladie, ni incapacité, soit qu'ils ont entraîné une maladie ou une incapacité de travail  n'excédant pas vingt jours, est puni d'un emprisonnement d'un mois à un an et d'une amende de 120 à 500 dirhams ou de l'une de ces deux peines seulement. Lorsqu'il y a eu préméditation ou guet-apens ou emploi d'une arme, la peine est l'emprisonnement de six mois à deux ans et l'amende de 120 à 1.000 dirhams».  L’application de cet article est problématique. 
Pour d’autres, loi ou pas,  le phénomène est appelé à prendre de l’ampleur puisque ses causes sont profondes et complexes. «  Le port de couteau est devenu banal et il est souvent utilisé, parfois dans des affaires banales,  malgré son interdiction.», nous a précisé un acteur associatif de l’un des quartiers périphériques de Casablanca, sous le sceau de  l’anonymat. Et de poursuivre : « Il est utilisé dans les règlements de comptes, le vol de téléphones portables ou l’agression, parfois gratuite, de passants ». « Le pire, c’est que les auteurs de ces agressions agissent souvent sous l’effet de la drogue en agitant des sabres et de grands couteaux qui dissuadent même les policiers d’intervenir  », nous a confié un autre acteur associatif. 
« Chaque affaire d’agression au couteau renvoie forcément à quelque chose de grave. Une situation des plus absurdes puisque  les motivations de l'agresseur sont largement disproportionnées par rapport à  la gravité de la situation»,  nous a précisé un officier de police. Et de conclure que « l'usage des armes blanches n'a rien d'anodin et tout le monde doit le savoir. Ce n’est pas uniquement une affaire de la police nationale ou des juges, c’est aussi l’affaire des parents, de l’école et de la société civile ».
 
Plus de 39.000 personnes arrêtées
en octobre pour différents crimes et délits
 
Les services de police ont procédé, durant le mois d'octobre, à l'arrestation de 28.609 personnes soupçonnées d'avoir commis divers crimes et délits, outre l'interpellation de 10.529 individus qui faisaient l'objet d'un avis de recherche à l'échelle nationale pour agressions à l'arme blanche, vols et crimes économiques et financiers.
Selon des données de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN), les services de police ont mené 6.224 opérations dans le cadre de la lutte contre le trafic de drogue ayant permis l'arrestation de 11.245 suspects et la saisie de 4,76 kg de cocaïne, 593 kg de haschich, 1,095 tonne de kif et 18.209 comprimés psychotropes, ainsi que la saisie de 48 véhicules et 63 motos utilisés dans le transport et le trafic de drogue.
La DGSN a ajouté dans un communiqué que les interventions de la police, dans le cadre de la lutte contre le crime avec violences, ont permis l'arrestation de 1.322 individus pour possession illégale de l'arme blanche ainsi que la saisie de 1.951 couteaux, 1.123 téléphones portables et 740.614 dirhams.
Les services de police ont également procédé à la vérification de l'identité de 179.335 personnes dans le cadre de la préservation de la sécurité sur la voie publique, et l'arrestation de 3.304 personnes pour mendicité et vagabondage, ainsi qu'à l'évacuation de 704 personnes présentant des infirmités permanentes sur des hôpitaux spécialisés.
Concernant la sécurité routière, les services de police ont enregistré 114.122 contraventions au Code de la route et consigné 63.544 amendes transactionnelles et forfaitaires, en plus de la mise en fourrière de 16.088 véhicules et 15.773 motos.
La DGSN assure que l'ensemble de ces interventions policières s'inscrivent dans le cadre du renforcement du sentiment de sécurité chez les citoyens et de la mise en œuvre de l'approche anticipative de lutte contre la criminalité sous toutes ses formes.


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