Les agences de notation face à la crise : Le Centre marocain de conjoncture minimise le système du rating


Mohamed Kadimi
Mercredi 7 Avril 2010

Les agences de notation ne sont pas aussi fiables qu’elles le laissent croire et leurs outils d’analyse ont démontré leurs limites. C’est du moins ce qu’on comprend de la dernière lettre mensuelle du Centre marocain de conjoncture (CMC) qui a été consacrée au thème : «Agences de notation face à la crise ». Les analystes du CMC considèrent que : « Les agences de notation ont montré les limites de leur capacité à anticiper les crises importantes et les différents scandales financiers ont mis en évidence la faible fiabilité de la notation ». Concrètement, la crise des subprimes a remis en question, d’après le même Centre, l’indépendance des agences très impliquées dans la mise en place des marchés structurés inhérents aux opérations. Il n’en reste pas moins qu’ils sont suivis avec beaucoup d’attention par une majorité de centres de décisions. Ces derniers ne peuvent se contenter d’ignorer un tableau de bord destiné à produire un minimum d’effets sur les autres décideurs. Ces tableaux de bord finissent donc par s’imposer malgré le doute qu’on peut émettre quant à leur pertinence.
Quelles sont les principales critiques adressées à l’égard de ces agences ? Le Centre marocain de conjoncture relève que la principale critique qu’on peut faire au système du  rating est qu’il introduit une notion d’ordre  intrinsèque  donnant  l’illusion  que  le  pays  de  rang  «  i  »  est meilleur que son voisin de rang « i+1 », ceci en occultant souvent  la  simplicité  des  modèles,  l’imprécision  des statistiques, la non homogénéité des données…Tout un ensemble de choses qui remettent en cause une rigueur que l’on veut faire croire comme étant irréprochable. Le  processus  du  rating,  organe  extérieur  qui  vient  se greffer  aux marchés  internationaux,  a  pour  prétention d’éclairer  les opérateurs sur  les désordres qui y sévissent ;  et partant de les prévenir et mesurer les risques encourus dans la fréquentation de ces derniers. 
Le Maroc qui se veut  toujours être  le bon élève soucieux de fluidifier ses accords de libre-échange et son ouverture sur  le système  libéral  international, est  très sensible  à  l’opinion  que  l’étranger  se  forge  sur  son image, qu’il s’agisse des droits de l’Homme, du système  judiciaire, du degré de   prolifération de  la corruption, du risque politique, de la stabilité…
C’est pourquoi, en prenant en considération  le benchmark, on peut considérer  que le Maroc peut se targuer de  ne  pas  être  trop malmené  par  les  jugements  des différentes agences de notation. C’est ainsi que dans le sillage du FMI, l’agence américaine Standard & Poor’s juge favorablement les perspectives de la  dette à long terme  en  devises  du  pays,  alors  que  l’agence Fitch Rating considère que le Maroc mérite la note Investment Grade qui lui permet de rassurer et d’intéresser les IDE. La Coface s’associe avec l’agence Moody’s pour considérer que le Maroc a entrepris des réformes structurelles profondes et suffisamment significatives pour garantir un climat serein à l’investissement dans le pays.
Ces notations favorables sont le reflet de la résilience de l’économie marocaine devant la crise économique internationale et ce, grâce à la force et à la dynamique de sa demande intérieure en termes de consommation et d’investissements, à l’importance des investissements publics, à  l’amélioration et à  la consolidation confirmée des finances publiques et à un système financier faiblement impacté par les risques internationaux.
Il  reste  toutefois, d’après le CMC,  que  cette  économie  connaît  encore une relative fragilité sur certains segments à l’exemple de  la  faible diversification des exportations pour  lesquelles  le  Maroc  a  des  difficultés  à  faire  valoir  les atouts compétitifs et à atteindre des marchés au-delà des  frontières  européennes.  Une  autre faiblesse réside dans la forte dépendance de la croissance économique aux  aléas climatiques en raison du poids déterminant du secteur agricole dans le PIB. La consolidation de la soutenabilité des finances publiques  sur  le  long  terme,  avec  un  déficit  budgétaire  variant  entre 3% et 4% et une dette publique cantonnée dans un plafond de moins de 50 % du PIB, conforte les notations attribuées par  les différentes agences au Maroc et mettent ce dernier en bonne place parmi le peloton  des  pays  émergents comparables.


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