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Face aux deux Chambres du Parlement réunies en une séance plénière, le chef de gouvernement a présenté, jeudi en fin de matinée, un résumé de son programme. 93 pages et un long monologue pour dévoiler les propositions et les engagements de ce gouvernement issu des urnes et des législatives du 25 novembre dernier.
Habib El Malki est formel : il n'y a rien de nouveau sous le soleil d'Allah. Ce député et membre du Bureau politique de l'USFP l'affirme sans ambages, Abdelilah Benkirane a présenté « un programme bis ». « Il n'y a aucun engagement nouveau, aucun élément nouveau, aucune orientation nouvelle par rapport au gouvernement précédent. Ce qui me fait dire que nous sommes en présence d'un programme réchauffé. Où est la rupture par rapport à la campagne électorale et surtout par rapport aux engagements pris lors du débat parlementaire relatif à la loi de finances? Au lieu d'un programme de rupture, sachant que la nouvelle Constitution est une loi suprême de rupture, le gouvernement actuel nous sert un plat réchauffé».
La députée usfpéiste Rachida Benmessaoud veut d'abord retenir le retard survenu dans la présentation devant le Parlement du programme du gouvernement Benkirane. Parce que, dit-elle, la forme détermine souvent le fond. «Un tel retard laisse à supposer qu'il y a des choses tues, des choses que l'on cache à l'opinion publique. Ce gouvernement est né dans des conditions favorables et d'une coalition formée seulement de quatre partis, les tractations étaient plutôt faciles», déclare celle qui est membre du Bureau politique de l'Union socialiste des forces populaires.
«La question des femmes noyée dans un océan de généralités»
De l'avis des Usfpéistes, le programme du gouvernement conduit par le leader islamiste du PJD ne ferait que revisiter la politique suivie par l'Exécutif sortant, présidé par l'Istiqlalien Abbas El Fassi. Les exemples, soutiennent-ils, sont foison. « De la moralisation de la vie publique en passant par la définition des fondamentaux économiques et sociaux et les politiques sectorielles, la déclaration gouvernementale de Benkirane est un simple exercice de copier-coller», martèle H. El Maki tout en regrettant avec force l'absence de tout diagnostic économique, social, culturel dans le programme du nouveau gouvernement. «C'est réellement un programme de zapping. Peut-on être crédible si on ne procède pas à un diagnostic de la situation et si on ne tient pas compte du fait que nous évoluons dans un environnement international de crise? Notre principal partenaire qui est l'Europe est installé dans la crise et ce durant les cinq prochaines années. De plus, nous sommes devant un programme irréaliste qui avance une croissance de 5,5% dans un contexte de crise alors même que celui de l'Europe évolue entre 0,5% et 1%. Comment le Maroc pourra-t-il faire mieux que le Vieux Continent alors même que le ciel nous est de moins en moins clément?», commente le président du Centre marocain de conjoncture avant de faire remarquer que l'opposition n'a pas été citée une seule fois dans ce programme gouvernemental. «Où est donc la fameuse démarche participative que promet M. Benkirane?», s'interroge-t-il.
Elue sur la liste nationale, R. Benmessaoud est en train de perdre toutes ses dernières illusions. La quasi-absence de femmes au sein de cette équipe ministérielle est à ses yeux un net recul qui met en péril les acquis des Marocaines. «La dynamique féminine a été complètement occultée. Avec l'avènement du gouvernement El Youssoufi, il y a eu prise de conscience de la question féminine pour la considérer comme centrale dans le projet de développement et de démocratie. Dans sa déclaration gouvernementale, Abderrahmane El Youssoufi, alors premier ministre issu de l'USFP, a consacré un chapitre spécifique au dossier des femmes en en faisant un volet nodal dans toute réforme. Dans la présentation de son programme, M. Benkirane a, lui, noyé la question de la promotion des femmes dans un océan de généralités. En tant qu'activiste des droits des femmes, j'attendais des mesures concrètes et un agenda précis pour leur exécution. Visiblement, les droits des femmes ne pèsent pas de tout leur poids dans un processus de réforme », fait-elle valoir.
C'est exactement ce que pense Habib El Malki qui fustige le conservatisme sur la question de la représentativité des Marocaines aujourd'hui menacée. « Jeudi nous avons eu droit à un programme défensif sur la question des droits des femmes qui a tenté de justifier le recul de la participation féminine au gouvernement. On a eu une réaction sur le mode de « vous allez voir ce que nous allons faire ». Il est assez surprenant d'être sur la défensive pour affronter un problème de société fondamental et ce au lieu d'aller de l'avant », conclut-il.