Les Syriens persona non grata au Maroc.
Le ministère des Affaires étrangères a interdit aux ambassades et consulats du Royaume à l’étranger de leur délivrer des visas. Cette interdiction concerne l’ensemble des ressortissants de ce pays en guerre sans distinction aucune et il leur sera désormais défendu de se rendre au Maroc.
«Le mari de ma sœur a été interdit d’entrée au Maroc faute de visa. Les services consulaires marocains au Liban ont refusé de le lui accorder. La cause : des consignes strictes de la part du ministère des Affaires étrangères proscrivant la délivrance de pareils documents», nous a confié Majid, un demandeur d’asile syrien au Maroc avant de poursuivre : «Mais, il n’y a pas que l’ambassade du Maroc au Liban qui procède à l’application d’une telle mesure, d’autres chancelleries en Europe, en Libye ou en Turquie ont pris la même décision».
Des propos confirmés par une autre Syrienne qui nous a révélé qu’elle a dû entrer avec ses enfants, samedi dernier, au Maroc, sans que son mari de nationalité syrienne n’ait pu bénéficier de cette autorisation. «Mon mari a dû rester au Liban. L’ambassade a refusé catégoriquement de lui accorder un visa d’entrée dans le Royaume. Le hic, c’est que personne n’a voulu nous expliquer le pourquoi de cette interdiction», nous a-t-elle expliqué. Même son de cloche d’un autre Syrien demandeur d’asile qui nous a affirmé que des hommes d’affaires syriens voulant investir au Maroc se sont vu également refuser tout visa d’entrée sur le territoire national.
Le Maroc ne semble pas être le seul pays à agir de la sorte. C’est le cas de la Turquie qui exige aujourd’hui des ressortissants syriens voulant atterrir sur son territoire de disposer d’un billet d’avion et d’une somme de 1.000 DH en espèces.
Un état de fait qui engendre un autre phénomène, celui du passage clandestin des Syriens à travers les frontières algériennes. « Nous avons constaté que de plus en plus de nos compatriotes tentent d’entrer illégalement au Maroc. Notamment ceux qui comptent faire de ce pays un point de passage vers l’Europe », nous a précisé Talla Imam, président de l’Association Achikaa pour le soutien et la solidarité sociale (une ONG chargée d’aider et de soutenir les Syriens du Maroc).
Un avis que ne partage pas Hassan El Ammari, spécialiste de la question d’asile et de la migration qui nous a révélé que le nombre de Syriens ayant tenté d’entrer illégalement au Maroc est en recul. «Ces deux derniers mois, on a enregistré uniquement 20 passages clandestins via Oujda», nous a-t-il précisé avant de poursuivre : «S’il est vrai qu’il y a encore des Syriens en Algérie, notamment, à Oran et Maghnia, ils sont peu nombreux à se laisser tenter par Maroc». Pourtant une question demeure: pourquoi le Maroc a-t-il pris la décision de fermer ses frontières devant les ressortissants syriens? Contactés par nos soins, le téléphone du chargé de communication du ministère des Affaires étrangères ainsi que celui des services du ministère concernés par cette question ont été aux abonnés absents. Une attitude qui n’a rien de surprenant puisque le ministre a toujours refusé de communiquer au sujet des ressortissants syriens.