Maher Abou Rmeileh, 28 ans, s'est en effet incliné en moins de cinq minutes devant le Belge Dirk Van Tichelt au premier tour de la catégorie des moins de 73 kg.
Cinq sportifs palestiniens sont au total présents à Londres, mais Maher Abou Rmeileh est le premier Palestinien à s'être qualifié à des Jeux olympiques sur son seul mérite sportif.
Jusqu'à présent, les Palestiniens qui avaient participé aux JO n'avaient pu s'y rendre que par la seule grâce des invitations délivrées par le Comité international olympique (CIO) aux pays échouant à atteindre les minima olympiques.
La mère d'Abou Rmeileh, Oum Maher, avait décoré sa maison dans le quartier musulman de la Vieille ville pour accueillir ses amies et sa famille venues regarder avec elle le combat tant attendu.
"C'est l'aîné de mes enfants. Il fait du judo depuis l'âge de cinq ans, même s'il ne gagne pas, je serai fière de lui", dit-elle à l'AFP avant le combat en tenant un drapeau palestinien arborant l'emblème de l'Union Jack sur l'autre face.
Elle brandit fièrement une photo floue, prise sur un écran de télévision, montrant son fils en train de porter le drapeau de la délégation palestinienne lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux.
Patisseries
"Il a fait l'histoire de ses propres mains", se félicite-t-elle.
A dix minutes de là, son mari Chafik a organisé ses propres réjouissances, entre hommes, près de la boutique de foulards qu'il tient non loin de la célèbre Porte de Damas.
Dans un petit magasin qui vend les traditionnelles pâtisseries de Ramadan, un attroupement s'est formé autour du téléviseur.
Tous debout, parce que la petite boutique ne dispose d'aucune chaise, une vingtaine de Palestiniens sont aimantés par l'écran, oubliant même de jeter un coup d'oeil aux délicieuses pâtisseries qui s'étalent devant eux. Mais avec Ramadan, aucun d'eux ne pourrait en manger avant le crépuscule.
"Il est en train de vivre mon rêve: aller aux Jeux olympiques", dit Chafik, lui-même un ancien judoka, qui a entraîné ses cinq fils et sa fille au judo.
Un de ses fils, Bilal, 25 ans, a de grands espoirs pour son frère Maher qui "s'est entraîné comme un fou depuis qu'il a appris il y a deux mois qu'il était qualifié". "Nous attendons au moins une médaille de bronze, inch'Allah", dit-il.
Huées
Alors que sur le petit écran, le champion palestinien s'avance sur le tapis, les cris de joie de ses amis, de sa famille et des employés des magasins voisins éclatent.
A chaque attaque de son adversaire, les encouragements se transforment en huées. Attirés par le bruit, des passants s'approchent.
Mais à peine quelques minutes plus tard, le rêve prend fin.
Après quelques tapes de solidarité dans le dos, chacun laisse la famille et s'éloigne pour rejoindre son échoppe ou reprendre son travail. "En tout cas, nous sommes très fiers de lui, il a bien lutté", dit son père, qui tente de cacher les signes de déception sur son visage. "C'est une question de chance".
"Je suis fier de mon frère", insiste Salah, 17 ans. "Il a fait un beau combat".
Yassine, neuf ans, le dernier-né de la famille, retiendra ce que son frère a accompli comme une source d'inspiration.
"Maher a été le premier à se qualifier pour les Jeux olympiques, et un jour je ferai pareil", lance-t-il à l'AFP. "Moi aussi j'irai aux Jeux".