Le Parlement libyen reconnu par la communauté internationale a rejeté cette semaine la proposition des Nations unies pour constituer un gouvernement unifié alors que l'EI multiplie les opérations violentes dans ce nouveau théâtre de guerre.
"Nous ne pouvons pas imaginer que la situation demeure dans l'impasse en Libye", a dit Roberta Pinotti dans un entretien au Corriere della Sera.
Depuis 2014, la Libye compte deux gouvernements et deux parlements concurrents, les premiers installés à Tripoli et les autres reconnus par la communauté internationale basés dans l'est du pays.
Chaque camp est soutenu d'une manière plus ou moins structurée par des groupes armés et d'anciens rebelles qui ont renversé l'ancien dirigeant Mouammar Kadhafi en 2011.
Roberta Pinotti a précisé que la réunion des ministres de la Défense des Etats en lutte contre l'EI la semaine passée à Paris a débouché sur "un accord total" pour qu'un gouvernement libyen d'union sollicite une aide extérieure pour combattre les djihadistes.
L'impasse politique qui persiste dans le pays a laissé un vide dans lequel l'Etat islamique s'est immiscé et dans lequel il a pu prospérer, obligeant l'Italie et ses alliés à envisager un plan "d'urgence".
Les Etats-Unis ont récemment fait part de leur "profonde inquiétude" face à la progression du groupe djihadiste en Libye et en Afrique.
"Au cours du mois écoulé, nous avons travaillé d'une manière plus diligente avec les Américains, les Britanniques et les Français", a précisé Roberta Pinotti. "Je qualifierais cela d'accélération et cela n'est certainement pas unilatéral. Nous sommes tous d'accord sur le fait que nous devons éviter une action non-coordonnée", a-t-il expliqué.
Mercredi, les Etats-Unis ont annoncé qu'ils avaient déjà envoyé un "petit nombre de personnels militaires" en Libye pour essayer "d'engager des discussions avec les forces locales afin d'avoir une image plus claire de ce qui se passe", a précisé Peter Cook, porte-parole du Pentagone.
"Nous examinons des options militaires", a-t-il poursuivi, selon la transcription de ses déclarations devant la presse publiée sur le site du département de la Défense.
Pour sa part, le président Barack Obama a donné jeudi pour instruction à ses conseillers à la sécurité nationale de contrer les efforts de l'organisation djihadiste Etat islamique (EI) pour gagner du terrain en Libye et dans d'autres pays, a fait savoir la Maison blanche.
L'EI a tiré profit du chaos ambiant en Libye pour prendre le contrôle de la ville de Syrte, au bord de la Méditerranée, et les djihadistes ont lancé plusieurs attaques depuis le début de l'année contre des installations pétrolières, du côté des terminaux côtiers de Ras Lanouf et d'Es Sider.
"Le président a demandé à ses conseillers à la sécurité nationale de poursuivre les efforts pour renforcer la gouvernance et soutenir les opérations antiterroristes en Libye et dans d'autres pays où l'EI cherche à s'implanter", a déclaré la Maison blanche dans un communiqué.
Jeudi, le secrétaire à la Défense, Ashton Carter, avait déclaré lors d'une conférence de presse que l'EI mettait en place des camps d'entraînement en Libye et y accueillait des combattants étrangers, comme il l'a fait en Irak et en Syrie ces dernières années.