Les Objectifs du millénaire risquent d’être compromis

Khadija EL Yamlahi: l'abandon scolaire menace bon nombre d'enfants


Nezha Mounir
Lundi 3 Juin 2013

Les Objectifs du millénaire risquent d’être compromis
«Une question épineuse», «un sujet primordial», «une problématique pointue». Tels sont les termes empruntés par les intervenants afin de qualifier  le thème choisi par l’Association «Forum de la famille marocaine», à savoir «L’obligation de la scolarité et la lutte contre le travail des enfants». Toute une après-midi, le système éducatif notamment les volets concernant les droits des enfants et par la même, l’abandon scolaire ont été au centre des discussions. Ce qui fait dire à Khadija El Yamlahi, présidente de l’Association Forum de la famille marocaine que «le choix de ce sujet traduit les objectifs de l’association qui visent à préserver les intérêts de l’enfant». Et d’ajouter que «de par les différentes conventions internationales  et les dispositions de la nouvelle Constitution, les droits de l’enfant ne peuvent qu’être respectés. Il va sans dire que l’un de ces  droits fondamentaux  n’est autre que le droit à l’enseignement dont parle l’article 31 de la Loi suprême alors que l’article 32 stipule que «l’enseignement fondamental est un droit de l’enfant et une obligation de la famille et de l’Etat». Les textes sont là, encore faut-il mettre en place les mécanismes adéquats afin  de rendre obligatoire la scolarité  des enfants. Ceci est d’autant plus urgent, insiste Madame El Yamlahi, que l’abandon scolaire menace bon nombre d’enfants notamment dans le milieu rural. Pour faire face à ce phénomène, il faut qu’il y ait une réelle volonté politique.
«L’un des plus gros problèmes posés c’est l’absence de dialogue, d’écoute des autres et ce, à tous les niveaux» n’a pas manqué de préciser Abdeslam El Ouazzani, doyen de la Faculté des sciences de l’éducation. Un rapprochement ne pourrait qu’aplanir les différences. «Mais malheureusement nous nous trouvons parfois face à deux mondes à part :  celui de l’école et celui des parents», se désole-t-il. Et l’abandon scolaire n’est pas loin. Il va plus loin en indiquant que les parents qui ne suivent pas la scolarité de leurs enfants ne sont pas dignes de ce nom. Et pourtant, ils sont  70% dans ce cas. L’enseignement, c’est l’affaire de tous, a-t-il encore ajouté.
 «Mais pourquoi Fadma ne va pas à l’école?», s’est interrogée Amina El Yamlahi de l’Institut des études et des recherches pour l’arabisation, faisant ainsi référence à la fille rurale marginalisée. Une interrogation qui suscite de la réflexion et met en présence plusieurs facteurs. Certes des efforts considérables ont été fournis et des réalisations ont été faites tel le Code de la famille, mais toutes ces initiatives demeurent, d’après elle,  timides. « Il va sans dire que le problème de la scolarité est intimement lié à la pauvreté», a-t-elle encore précisé. En effet, la petite fille est la première victime des conditions précaires dans lesquelles vit la famille. Elle abandonne les rangs de l’école soit pour travailler soit pour se marier. Et puis les mentalités conservatrices de certains parents vont dans le même sens. Pour eux la place de la femme est au foyer. A ce rythme-là, le rendez-vous avec les objectifs du millénaire est sérieusement compromis alors que «Deux ans à peine nous séparent de 2015».
Mohammed Moreau de la Faculté des sciences de l’éducation a choisi pour sa part de revisiter le Dahir 63-071 qui a instauré l’obligation de la scolarité et qui a subi des amendements. Il a fait ainsi allusion à la confusion faite entre l’enseignement fondamental et l’enseignement primaire. La légèreté des sanctions prévues en cas de manquement aux dispositions du Dahir ont également été pointées du doigt. Ainsi, un avertissement est adressé aux contrevenants qui se voient infliger par la suite, une amende de 12 à 120 DHS. Ridicule ! En France, la même infraction est passible d’une amende de 7500 euros et de 6 mois de prison. L’intervenant n’a pas manqué de faire allusion aux  difficultés d’inscription des enfants liées à l’absence d’acte de naissance.


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