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Le vaccin bientôt parmi nousEn attendant quelques énigmes sont à éluciderChady Chaabi
Lundi 30 Novembre 2020
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Le coup d’envoi de la campagne de vaccination tant attendu est prévu pour les jours à venir. En attendant, tant de questions restent à poser. Et pour cause, d’après Driss El Habchi, responsable du service de chimie et toxicologie à l’Institut Pasteur de Casablanca, la campagne de vaccination devrait débuter avant la deuxième semaine de ce mois-ci. Or, comme nous vous l’annoncions dans notre édition du lundi, l’entreprise d’État CNBG Sinopharm, principal fournisseur du vaccin antiCovid-19 dans le Royaume, vient à peine de déposer une demande de commercialisation de ses vaccins auprès de la Food and Drug Administration chinoise. Et cela, avant même d’avoir conclu les essais cliniques. Un empressement somme toute compréhensible d’un point de vue économique à défaut de l’être éthiquement et sanitairement. Certes, les représentants de Sinopharm rassurent. Mais du coup, à quoi servent les essais cliniques s’ils suffisaient de quelques déclarations pour garantir l’efficacité d’un vaccin et surtout la bonne santé des citoyennes et citoyens marocains ? Pis, même les résultats préliminaires de ces essais cliniques, sur lesquels se basent les chercheurs, ne seront publiés que fin décembre 2020. Bref, il y a un hic. Espérons que le prix à payer pour cette précipitation ne sera pas trop élevé. Pour l’heure donc, nous sommes à l’orée de la campagne de vaccination. Et comme on pouvait s’y attendre, la région de Casablanca-Settat sera en première ligne : «Parce que c’est là où il y a la plus forte densité de population. Elle représente aussi le cœur économique du pays avec par conséquent des va-et-vient incessants participant ainsi à la propagation de l’épidémie», argue le Dr. Driss El Habchi. Ainsi, toujours selon le responsable du service de chimie et toxicologie à l’Institut Pasteur de Casablanca : «5 millions de personnes recevront dans un premier temps deux doses du vaccin de Sinopharm par intervalle, à raison de 100.000 doses quotidiennes, à travers les 800 points de vaccination disséminés dans la région». Des unités de vaccination fixes et mobiles. Le ministère de la Santé avait expliqué la semaine dernière que cette stratégie de vaccination donnera la priorité aux professionnels de la santé, enseignants, personnes âgées et celles souffrant de maladies chroniques. La campagne s'étalera sur 12 semaines, au bout desquelles Khalid Ait Taleb, le ministre de la Santé, espère «qu’elle touchera 80% des plus de 18 ans –la population à risque en premier– , et qu’elle offrira une vaccination large pour un retour à la normalité le plus tôt possible, soit l’année prochaine». Si ce souhait venait à se réaliser «même s’il y a des cas de contamination, le virus disparaîtra automatiquement de manière spontanée». Puis de conclure en avançant que de cette manière «on va pouvoir se libérer de cette crise qui impacte fortement l’économie et tous les autres secteurs qui sont en souffrance actuellement». Ce qui prouve bel et bien que l’urgence économique a pris le pas sur tout autre considération. En même temps, il faut aussi dire que le Maroc n’est pas le seul à avoir cédé à l’urgence. Sur le Vieux Continent, plusieurs pays ont programmé le début de leurs campagnes de vaccination en janvier prochain. Idem aux Etats-Unis. Sauf que voilà, à la différence du Maroc, ces pays ne comptent pas sur un mystérieux vaccin dont on ne sait absolument rien. Puisque, encore faut-il le rappeler, il est impossible de trouver trace d’une publication de CNBG dans le cadre de l'efficacité de ses vaccins dans les essais de phase 3. Mais le Maroc a décidé d’accorder une confiance aveugle à son partenaire chinois. Le fait que 600 volontaires marocains aient participé aux essais cliniques de la phase 3 ne change en rien ce constat, car tout simplement les résultats sont envoyés à Pékin, spécialiste de la rétention d’information. Souvenez-vous, la Chine a alerté l’Organisation mondiale de la santé au sujet de l’épidémie du nouveau coronavirus un mois trop tard au bas mot. Dès lors, la Chine est-elle vraiment le partenaire idoine dans cette pandémie ? Rien n’est moins sûr.
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