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Le tramway de Rabat-Salé est né; il a même fait ses premiers pas lors des essais dynamiques en mars 2010. Ce nouveau-né n'a pas encore reçu de nom populaire. Chez nous, les gens ne reconnaissent pas les noms officiels qui ne tiennent pas compte des spécificités culturelles locales ; ils traitent les choses et concepts de la civilisation moderne comme faisaient leurs ancêtres qui nommaient à leur manière tous les objets qu'ils rencontraient. Aux plantes et aux animaux, ces derniers avaient attribué des appellations vernaculaires que le sociologue marocain Paul Pascon soucieux de la sauvegarde du patrimoine oral, conseillait à ses étudiants de transcrire soigneusement lors des enquêtes sociologiques sur le monde rural. La carotte n'est-elle pas appelée différemment selon les régions ? Certains noms sont réaménagés et adaptés à la phonétique dialectale. C'est ainsi que l'expression « ça va cogner» est devenue « chabakouni » (mokhazni) et à «sale gosse » on a substitué « salgotte ». Pour d'autres choses, on a créé des concepts nouveaux et parfois on leur a donné des surnoms comme ceux qu'on attribue aux individus. On personnifie les choses de telle sorte qu'elles s'animent. La bicyclette lorsqu'elle a été introduite au Maroc a été appelée a'oud errih ou cheval de vent, ce fut le vent qui la faisait mouvoir. Lorsque le train navette rapide (TNR) Rabat-Casablanca a été inauguré en 1984, son nom officiel en français, étrange et compliqué, a été vite remplacé par Aouita, en hommage au grand athlète du même nom. Comme on n'est pas aux USA, l’Office des chemins de fer ne s'est pas vu imposer de droits d'auteur pour cette exploitation commerciale puisque ce n'est pas lui-même qui avait choisi ce nom mais ce sont les usagers qui l'avaient fait à sa place.
Historiquement, le train a reçu plusieurs dénominations : machina, Tanger-Fès. Le train de voyageurs Khouribga-Casablanca, moins long que le train phosphatier qui a été inauguré dans les années 20 du siècle dernier, est baptisé gartéta (la courte), nom vernaculaire d'un serpent venimeux de très petite taille. A Casablanca, le bus articulé est appelé raboz à cause du plastique qui relie ses deux modules et qui ressemble au cuir qui réunit les flasques du soufflet, certains usagers le surnomment « Tzouej magalha lia », expression tirée de la chanson de Najat Attabou qui avait connu un grand succès au moment de l'apparition de ce genre de bus au Maroc. Le camion rouge Ford D250, des années soixante-dix du siècle dernier, contemporain du mouvement hippie s'appelait l'hibia (hippie), une femme qui a épousé des idées de gauche (rouge, roja en espagnol), une hippie sans un seul cheveu, mais « qui fume » pour utiliser une expression valable pour les femmes, les hommes et les camions de l'époque. Un des Berliet s'appelait Rabia. Comme on n’arrête pas le progrès, une des voitures contemporaines est surnommée : Haoulia (brebis), une autre : Kawkawa (cacahouète). Les mots sont toujours présents pour combler tout déficit en matière de création et de production de biens et de services.
Quel nom donnera-t-on au tramway qui pour beaucoup de personnes ressemble à un reptile tant par son allure que par son silence ? Le verdict sortira bientôt de la bouche des gens.
* (Intermédiaire d'assurance
à Berrechid)
Historiquement, le train a reçu plusieurs dénominations : machina, Tanger-Fès. Le train de voyageurs Khouribga-Casablanca, moins long que le train phosphatier qui a été inauguré dans les années 20 du siècle dernier, est baptisé gartéta (la courte), nom vernaculaire d'un serpent venimeux de très petite taille. A Casablanca, le bus articulé est appelé raboz à cause du plastique qui relie ses deux modules et qui ressemble au cuir qui réunit les flasques du soufflet, certains usagers le surnomment « Tzouej magalha lia », expression tirée de la chanson de Najat Attabou qui avait connu un grand succès au moment de l'apparition de ce genre de bus au Maroc. Le camion rouge Ford D250, des années soixante-dix du siècle dernier, contemporain du mouvement hippie s'appelait l'hibia (hippie), une femme qui a épousé des idées de gauche (rouge, roja en espagnol), une hippie sans un seul cheveu, mais « qui fume » pour utiliser une expression valable pour les femmes, les hommes et les camions de l'époque. Un des Berliet s'appelait Rabia. Comme on n’arrête pas le progrès, une des voitures contemporaines est surnommée : Haoulia (brebis), une autre : Kawkawa (cacahouète). Les mots sont toujours présents pour combler tout déficit en matière de création et de production de biens et de services.
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* (Intermédiaire d'assurance
à Berrechid)