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Son successeur sera, selon toute vraisemblance, désigné lors d'un congrès extraordinaire convoqué dans un délai maximum de 40 jours. En attendant, c’est le président du soi-disant Conseil national, Khatri Addouh, qui assurera l’intérim comme convenu à l’avance.
Avec la mort de cet homme qui a trôné depuis 1976 à la tête du Polisario qui venait de souffler sa troisième bougie, c’est une phase d’incertitudes mâtinées d’interrogations lancinantes sur la lutte de pouvoir découlant de l’état de santé du président algérien qui vient de s’ouvrir
Des interrogations incontournables en ces temps troubles où le terrorisme a pris ses quartiers dans un Maghreb plus divisé que jamais et où le dossier du Sahara qui a toujours représenté un enjeu de politique intérieure en Algérie, risque de servir de levier à toute fuite en avant des futurs tenants du pouvoir dans ce pays confronté à l’une des pires crises économique et sociale de son histoire.
Si Bouteflika avait, dès sa première investiture, renoué avec les choix diplomatiques du président Boumediene en matière de gestion du conflit saharien, son successeur tentera certainement d’adopter une politique populiste, afin d’éveiller un nationalisme susceptible de transcender les différents clivages, les haines et les tensions engendrées par une longue guerre de succession et de compenser son éventuel manque d’aura ou de légitimité historique ou populaire.
Pour autant, faut-il prédire, dès à présent, un raidissement futur des positions de l’Algérie et, par conséquent du Polisario, susceptibles d’avoir des conséquences sur l’issue du dossier saharien et sur la stabilité dans la région, ou simplement de continuer à croire qu’il ne pourrait s’agir que de gesticulations qui s’inscriront bel et bien dans la tradition politique algérienne consistant à agiter le spectre saharien à des fins de politique intérieure et de repositionnement sur la scène régionale et internationale ? Difficile de trancher puisque pour les militaires et les services algériens, le Royaume continuera à représenter une pièce maîtresse dans le rapport de force interne au pouvoir et qu’une grande partie de l’état-major algérien ne sera sans doute jamais prête à admettre que l’Exécutif puisse contribuer à une paix qui avantagerait démesurément le Royaume. Ceci d’autant plus que l’histoire des relations bilatérales des deux pays depuis le début des années 1960, n’a été faite que de malentendus, de brouilles plus ou moins longues, de ruptures, de réconciliations souvent conjoncturelles, voire même de confrontations armées (guerre des sables en 1963, bataille d’Amgala en 1976).
La mort de Mohamed Abdelaziz, dont le successeur semble avoir déjà été choisi par Alger, n’aura donc pas d’incidences majeures sur le cours des évènements, à moins qu’elle ne s’inscrive dans l’agenda de l’une ou de l’autre des parties en lutte pour le fauteuil présidentiel algérien. Ce qui semble difficile pour le moment vu qu’elles ne font que placer leurs relais en avançant à visage couvert. C’est en fait l’après Bouteflika qui décidera du cours des évènements et non la succession de Mohamed Abdelaziz.
Ils ont dit
Bureau politique de l’USFP
« Personnellement, je crois que la mort de Mohamed Abdelaziz ne va rien changer. Comme vous le savez, c’est l’Etat algérien qui tient les rênes de cette organisation séparatiste. C’est l’Algérie qui la finance et l’arme et, par conséquent, c’est elle qui dicte ses décisions et ses positions. Dire qu’un changement pourrait avoir lieu après la mort du chef du Polisario n’est qu’une chimère, car cela signifierait que cette organisation jouit d’une indépendance dans la prise de ses décisions, alors que la réalité est tout autre ».
Ahmed Salem Latafi, membre du
bureau politique du PPS
« La mort de Mohamed Abdelaziz va créer des conditions nouvelles au sein du Polisario. L’Algérie veut coûte que coûte imposer un fantoche, ce qui pourrait entraîner des rivalités entre les factions au sein de cette organisation. J’espère que ce changement à la tête du Polisario profite aux séquestrés des camps de Tindouf ; surtout que plus 70 % des habitants de ceux-ci sont jeunes, mais nous savons qu’un changement réel ne se réalisera pas sans une évolution politique au sein de l’Algérie elle-même.
Manar Slimi, directeur du Centre
maghrébin des études sécuritaires et d’analyses des politiques
« Le Polisario est une organisation totalitaire, mais cela ne signifie absolument pas que le décès de son chef n’aura pas une influence stratégique sur le parcours de cette organisation. Premièrement, il y aura une guerre de succession bien que l’Algérie ait tranché cette question en faveur de Brahim Ghali. Mais il y a d’autres dirigeants du Polisario qui sont plutôt en faveur de Mohamed Ouled Bouhali.
Deuxièmement, durant toute la période d’hospitalisation de Mohamed Abdelaziz, les camps de Tindouf ont été mis sous le contrôle de la troisième zone militaire algérienne, et ce pour contenir toute explosion sociale.
Troisièmement, plusieurs centres de pouvoir (opposition, anciens dirigeants, groupes terroristes) vont profiter de ce vide pour s’enraciner davantage dans les camps de Tindouf. A titre d’exemple, la mort de Mohamed Abdelaziz offre une occasion en or au daechiste Abou Walid Sahraoui de renforcer sa présence dans ces camps.
Quatrièmement, la question de la succession de Mohamed Abdelaziz ne divisera pas uniquement les rangs du Polisario, mais également les dirigeants algériens. Il y a eu des dissensions entre le général Tawfik Médiène et Said Bouteflika. Il y a également divergences de points de vue entre Gaid Saleh et l’entourage de Said Bouteflika. Cette situation pourrait conduire l’Algérie à prendre le risque d’une aventure militaire contre le Maroc.
Dahi Aguai, membre fondateur du Polisario et président de l'Association des portés disparus au Polisario
« De prime abord, la mort de Mohamed Abdelaziz laissera la main libre à l’Algérie pour chercher un nouveau chef du Polisario proche de ses services secrets. Mohamed Abdelaziz avait donné les pleins pouvoirs à un soi-disant premier ministre, Abdel Kader Ould Taleb Omar (Oulad Dlim). Mais Mohamed Ouled Bouhali et Bachir Sayed se sont mobilisés pour faire front contre cette décision. Ils veulent que la présidence échoie à un membre de la Tribu Rgibat. Maintenant la présidence se trouve entre les mains du président du soi-disant parlement du Polisario jusqu’à l’élection d’un nouveau président. En attendant, la lutte sera de toute évidence âpre. J’aimerais bien que le Maroc profite de cette situation pour gagner la bataille contre cette organisation séparatiste ».