Le stress hydrique intensifié par été caniculaire

Grandes solutions pour grands problèmes


Libé
Vendredi 30 Août 2024

​El Jadida: Les stations monoblocs de dessalement d'eau, une réponse audacieuse au déficit hydrique dans les zones rurales

Le stress hydrique intensifié par été caniculaire

Sur fond de crise hydrique alarmante, des mesures d'urgence ont été déployées conformément aux Hautes directives Royales afin de répondre aux besoins grandissants à l’échelle nationale, y compris dans les zones rurales d’El Jadida.
Dans le cadre de cette réponse audacieuse à la pénurie des ressources en eau, la province d’El Jadida s’est dotée de stations monoblocs de dessalement d'eau de mer et d’une flotte de camions citernes pour distribuer de l'eau potable à la population des zones rurales.
A ce jour, El Jadida compte deux unités de dessalement d'eau de mer déjà opérationnelles en plus de cinq autres en cours de réalisation. S’y ajoutent environ 25 camions citernes destinés à approvisionner en eau potable une population d'environ 70.000 habitants de plusieurs communes.
Selon Mouhcine Moursli, responsable eau potable à la Régie intercommunale de distribution d'eau, d'électricité et d'assainissement liquide des provinces d’El Jadida et Sidi Bennour (RADEEJ), les stations de Sidi El Abed et de Tnine Chtouka ont été réalisées dans le cadre de la première phase du projet de construction de 40 stations monoblocs au niveau national, lancé par le ministère de l'Intérieur.
Dans une déclaration à la presse lors d'une visite de terrain, il a expliqué que l'unité de dessalement d'eau de Tnine Chtouka est dotée d’un débit de 380 mètres cubes (m3) par jour, tandis que la station de Sidi El Abed produit plus de 780 m3 d'eau par jour.
La deuxième phase de ce projet structurant concerne plus de 200 stations monoblocs à l'échelle nationale, a-t-il relevé, précisant que la province d'El Jadida bénéficiera de cinq nouvelles stations dans les communes d’Azemmour, Sidi Ali, Lamharza Essahel, Ouled Aïssa et Ouled Ghanem.
Abordant le processus de dessalement, M. Moursli a fait savoir que le procédé de traitement commence par la collecte de l'eau de mer à partir de forages, suivie d'une opération de prétraitement via des bassins de sable, puis d'une phase de dessalement par osmose inverse, permettant de produire de l'eau potable de haute qualité.
Il a relevé que l’eau potable est stockée dans des réservoirs d'une capacité de 50 mètres cubes, avant d'être fournie aux villages bénéficiaires par camions citernes, au nombre de 25 d’une capacité de 4 à 12 m3.
A ce sujet, El Mouqri El Idrissi, chef de division des collectivités territoriales à la province d'El Jadida, a précisé que la province a reçu, dans une première phase de la part du ministère de l'Intérieur, un total de 25 camions citernes d'un tonnage de 4 à 12 T. Ces camions approvisionnent en eau 146 douars répartis sur 21 communes de la province en proie à la pénurie.
Environ 2.200 mètres cubes d'eau sont distribués quotidiennement, au profit d'environ 70.000 habitants des douars qui souffrent de pénuries d'eau dans les puits ou d'une augmentation de la salinité de l'eau, a-t-il ajouté.
Six nouveaux camions-citernes supplémentaires de grande capacité seront mis à la disposition de la province par le ministère de l'Intérieur, a-t-il poursuivi, précisant que ces nouveaux camions permettront d'augmenter le volume d'eau distribué et d'accroître le nombre de bénéficiaires à 80.000 habitants.
Or, au-delà des efforts déployés en matière d'infrastructures de sécurisation des ressources en eau, la rationalisation de l’usage de l’eau reste incontournable pour faire face aux risques guettant les populations notamment en milieu rural.
Pour M. El Idrissi, les populations souffrant de pénuries d'eau sont plus que jamais conscientes de l'obligation d'adopter les bons réflexes pour préserver les ressources hydriques et lutter contre l'usage excessif de l'eau dans l'irrigation. Il a, dans ce sens, appelé les citoyens et tous les acteurs concernés, dans les villes comme en milieu rural, à préserver cette ressource vitale, car il y va de la sécurité des générations présentes et futures. Le Maroc, conformément aux Hautes Orientations Royales, a lancé ces dernières années une série de chantiers stratégiques et ambitieux pour l'approvisionnement constant en eau potable pour l’ensemble de la population, tout en satisfaisant les besoins en irrigation.
Parmi ces réalisations figurent l’acquisition de 44 monoblocs de dessalement et de déminéralisation ainsi que le lancement de 219 stations monoblocs pour mobiliser un volume de plus de 70 Mm3/an, en vue de renforcer la sécurisation en eau potable des localités situées en milieu rural. Il s’agit aussi de l’acquisition de 1.209 camions citernes et 9.717 citernes en plastique et la mobilisation d’un budget important pour la location des camions citernes en vue d’assurer l’approvisionnement en eau potable d’une population avoisinant 3 millions d’habitants située dans des zones rurales touchées par le déficit hydrique.
 

​Les camions-citernes, une solution vitale pour l'approvisionnement en eau potable de la commune de Saada à Marrakech


En réponse au stress hydrique alarmant dans la région de Marrakech, le dispositif d'approvisionnement par camions-citernes de la commune de Saada assure l'accès à l'eau potable pour 13 douars et 1.045 ménages, avec un impact bénéfique sur leurs conditions de vie.
Opérationnel au quotidien, le dispositif des camions-citernes a permis de garantir un accès régulier à l’eau potable dans les zones les plus affectées par le manque de cette ressource vitale. Chaque camion, chargé d'eau à partir des réservoirs communaux, parcourt de longues distances pour desservir les douars éloignés ou difficiles d’accès..
Les quantités d'eau fournies varient en fonction des besoins spécifiques de chaque douar, compte tenu du nombre des ménages et des conditions climatiques locales.
Pour Abderrahmane Tourbi, technicien à la commune de Saada, le système d'approvisionnement en eau par camions-citernes, mis en place conformément à la vision stratégique de Sa Majesté le Roi Mohammed VI en matière de gestion et de préservation des ressources hydriques, cible 13 douars de la commune comptant plus de 1.045 ménages bénéficiaires.
Dans une déclaration à la MAP, M. Tourbi a relevé que la quantité d'eau livrée est adaptée aux besoins de chaque douar, en tenant compte des variations saisonnières et des spécificités locales. Les camions-citernes sont équipés de telle sorte à garantir la qualité de l'eau transportée, a-t-il assuré, notant que des contrôles réguliers sont effectués pour s'assurer du respect des normes sanitaires en vigueur.
La gestion logistique de ce dispositif, a-t-il poursuivi, demeure cruciale pour répondre efficacement aux besoins de la population, d’autant plus que des équipes surveillent régulièrement les niveaux d'eau disponibles et les besoins des douars bénéficiaires.
"Ce suivi continu, a-t-il assuré, nous permet d'ajuster les quantités d'eau livrées et de planifier les itinéraires des camions de manière optimale".
Et d'ajouter que la coordination avec les autorités locales et les représentants des douars s'avère essentielle pour assurer une distribution équitable de l'eau et que les retours des habitants sont pris en compte pour améliorer continuellement le service.
"Notre objectif est de garantir que chaque famille ait accès à une quantité suffisante d'eau potable, quelles que soient les conditions", a-t-il dit.
M. Tourbi a dans ce contexte insisté sur l'importance, pour tous les citoyens, de veiller à la rationalisation de la consommation de l'eau et incité les acteurs concernés à lutter contre toute forme d'utilisation illicite de cette ressource vitale.
Pour sa part, Mohammed Akebli, habitant d'un douar de la Commune de Saada, a affirmé que grâce aux camions citernes de distribution d’eau, les habitants ont un accès régulier à l'eau potable même en pleine sécheresse. "Cela a grandement allégé notre quotidien, en nous assurant un accès constant à l'eau potable. Ce service est devenu essentiel pour notre communauté", a-t-il soutenu.
Cette initiative s'inscrit pleinement dans le cadre des Hautes orientations de SM le Roi Mohammed VI pour faire face au stress hydrique. Elle illustre la volonté des autorités locales de mettre en œuvre des solutions concrètes et durables pour préserver les ressources en eau et améliorer le bien-être des populations, conformément aux Hautes directives Royales visant à sécuriser l'accès à l'eau pour tous.
Pour répondre aux défis liés à la problématique de l’eau, conformément à la Vision Royale, une série de chantiers stratégiques a été lancée dans le cadre du Programme National d’Approvisionnement en Eau Potable et d’Irrigation (PNAEPI) pour une durée d’exécution allant de 2020 à 2027 et un coût initial de 115 MMDH.
Le programme a concerné notamment l’acquisition de 1209 camions citernes et 9717 citernes en plastique et la mobilisation d’un budget important pour la location des camions citernes en vue d’assurer l’approvisionnement en eau potable d’une population avoisinant 3 Millions d’habitants située dans des zones rurales touchées par le déficit hydrique.
 

Un été 2024 caniculaire au Maroc, amplifié par les changements climatiques

L’été 2024, qui tire à sa fin, a été torride dans plusieurs régions du Maroc où le mercure a frôlé des records de température, en ligne avec les tendances mondiales du réchauffement climatique.
Des vagues de chaleur prolongées et en série ont ainsi ponctué le mois de juillet et une bonne partie d’août, marquant une augmentation de la fréquence et de l'intensité des épisodes de chaleur intense dans le Royaume.
Scientifiques et experts s’accordent à associer ces canicules, directement ou en partie, aux dérèglements climatiques que vit la planète depuis plusieurs années, notamment au phénomène de réchauffement lié aux émissions de gaz à effet de serre, avec comme conséquence des vagues de chaleur intenses qui risquent de devenir la nouvelle norme.
"Les modèles climatiques prévoient une augmentation des températures moyennes et une intensification des extrêmes climatiques, ce qui laisse penser que les épisodes de chaleur extrême deviendront une caractéristique de plus en plus régulière", explique à la MAP Kenza Khomsi, chef de service climat et changements climatiques à la Direction générale de la météorologie (DGM).
En effet, juillet 2024 est le deuxième mois le plus chaud jamais enregistré dans le monde, selon l'agence européenne Copernicus, alors que l'agence américaine d'observation océanique et atmosphérique (NOAA) estime que l'année 2024 a désormais 77% de risque d'être la plus chaude jamais observée sur terre.
Un constat confirmé par les températures caniculaires enregistrées lors des vagues de chaleur successives de cet été, qui ont concerné plusieurs villes et régions à travers le Maroc.
Ainsi, le mercure a atteint 48,3°C à Kasba Tadla, 47,7°C à Beni Mellal et 47,6°C à Marrakech, le 23 juillet dernier. Chefchaouen a également établi un nouveau record avec 43,4°C le 19 juillet, tandis que Ifrane, connue pour ses étés typiquement doux, a enregistré 37,8°C le 23 juillet.
Midelt a aussi marqué un record de 40,7°C le 11 juillet, dépassant son précédent record de juillet 1945, selon les données de la DGM.
La première moitié du mois d’août 2024 a aussi connu des températures caniculaires dans plusieurs régions, avec des pics atteignant jusqu’à 46°C à Marrakech, 41°C à Oujda, 42°C à Fès, et 45°C à Smara.
Si ces vagues de chaleur observées au Maroc sont en partie dues au "chergui", un phénomène naturel qui amène de l'air chaud depuis le Sahara, il n’en reste pas moins vrai qu’elles s'inscrivent aussi dans une tendance de réchauffement climatique observée ces dernières années, souligne Mme Khomsi.
En effet, au cours des quatre dernières décennies, les températures moyennes annuelles au Maroc ont montré une tendance à la hausse, atteignant +1,8°C, selon la climatologue marocaine, qui note que les canicules sont devenues plus fréquentes et intenses que par le passé.
 
Jamal Alibou, expert en changement climatique et enseignant-chercheur à l’École Hassania des Travaux Publics, explique, de son côté, que les vagues de chaleur - phénomènes climatiques marquées par des périodes prolongées de températures anormalement élevées - sont devenues "plus fréquentes, plus intenses et plus longues" en raison du changement climatique.
A titre d’exemple, l'été 2023 a connu certaines des vagues de chaleur les plus sévères jamais enregistrées au Maroc, culminant avec un nouveau record national de 50,4 °C, enregistré à Agadir le 10 août 2023.
Ces vagues de chaleur prolongées sont également amplifiées par des anomalies atmosphériques, telles que des systèmes de haute pression persistants qui piègent l'air chaud et empêchent la circulation de systèmes météorologiques plus frais.
Les scientifiques pointent aussi du doigt l'urbanisation, en ce sens que les surfaces asphaltées dans les zones urbaines absorbent et retiennent davantage de chaleur, exacerbant ainsi l'effet de chaleur urbaine, surtout la nuit.
Les vagues de chaleur impactent également les ressources en eau, dans la mesure où elles augmentent l'évaporation des retenues d’eau, des rivières et des lacs, réduisant ainsi les réserves d'eau disponibles pour l'irrigation, l'approvisionnement en eau potable et d'autres usages, fait remarquer M. Alibou, qui enseigne au Département Hydraulique, Environnement et Climat.
Par conséquent, le secteur agricole reste particulièrement vulnérable à ces dérèglements climatiques.
"Les récentes vagues de chaleur ont affecté l'agriculture en augmentant le stress hydrique pour les cultures, réduisant la fertilité des sols et favorisant la propagation de ravageurs et de maladies des plantes, exacerbant les pertes agricoles," explique l’expert marocain.
Selon lui, les températures excessives peuvent aussi réduire le rendement des cultures sensibles à la chaleur, comme le blé, le maïs et le riz, entraînant une diminution de la productivité.


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