Le secteur bancaire sous prospection

La prochaine commission parlementaire ira-t-elle plus loin que celles qui l’ ont précédée ?


Hassan Bentaleb
Jeudi 26 Décembre 2019

Une mission parlementaire de prospection sur le secteur bancaire sera prochainement organisée par le Parlement. Objectif : s’enquérir des critères selon lesquels sont fixés les commissions bancaires et les taux d’intérêt ainsi que les conditions de promotion des produits bancaires et d’assurance. Il sera également question d’examiner le taux d’endettement des ménages, la capacité du secteur à affronter les crises, le système des contentieux bancaires ainsi que sa conformité aux dispositions juridiques régissant le secteur. « Si cette mission de prospection fait partie des prérogatives de l’institution parlementaire, le timing de sa formation et ses objectifs suscitent moult questions. En effet, l’idée de lancer cette commission intervient après le discours Royal du 11 octobre dernier devant le Parlement exhortant le secteur bancaire à s'impliquer davantage dans le développement de l’économie nationale via un meilleur accès des entreprises au crédit et, du coup, il ne s’agit nullement d’une initiative propre aux parlementaires, mais plutôt d’une réaction aux Hautes orientations du Souverain », nous a indiqué Hicham Attouch, professeur d’économie à l’Université Mohammed V de Rabat. Et de poursuivre : « On se demande également à quoi sert cette commission puisque les informations sur le secteur bancaire abondent grâce aux rapports de Bank Al-Maghrib, notamment ceux relatifs à la monnaie scripturale et fiduciaire. En effet, tout le monde sait aujourd’hui que sur la vingtaine d’institutions existantes, cinq banques accaparent le marché; que ces banques ne respectent pas le taux directeur émis par BAM ; que le taux de bancarisation n’a pas atteint le niveau espéré ; que ces banques ont amassé des fortunes colossales au moment de la crise, etc. Bref, les conclusions auxquelles cette commission va arriver ne seront ni originales ni inédites. A l’inverse, il y sera bien question de faits archi-connus ». Notre source s’interroge également sur la finalité d’une telle commission puisque, selon elle, l’essence du discours Royal ne va pas dans le sens du contrôle et de la surveillance du fonctionnement des banques, mais met plutôt l’accent sur l’asphyxie de l’économie nationale par manque de financements idoines et sur la nécessité de relancer cette dernière. « Aujourd’hui, les entreprise n’ont pas d’épargne et 8.000 unités ont mis la clé sous le paillasson selon les statistiques officielles de 2018. La seule manière de doper l’économie est de la booster via le crédit. La création monétaire et celle de la richesse passent par les créances. Et les seules institutions qui ont la capacité de jouer actuellement ce rôle sont les banques », nous a-t-elle précisé. Hicham Attouch redoute, en outre, que le sort de la prochaine commission sera identique à celui de la commission parlementaire sur le prix des carburants qui a été formée afin de faire le point sur l'activité des distributeurs des produits pétroliers au Maroc et leur poids sur le marché des hydrocarbures. « Le rapport discuté devant le Parlement a analysé le processus de fixation des prix des hydrocarbures et les réalités de la concurrence dans ce secteur, depuis la libéralisation, mais il n’a rien apporté de concret et il n’a rien changé à la situation», a-t-il lancé. Et d’ajouter : « I est louable que l’institution parlementaire prenne de telles initiatives, mais elle doit être pro active et ne pas se contenter de faire du suivisme. Ceci d’autant plus que la voie choisie par le Parlement est à l’opposé de celle qui a été prise par les pouvoirs publics ». Notre source estime qu’il faut plutôt former une commission de prospection ou d’enquête dans le domaine du social qui exige plus de contrôle et d’audits vu les résultats mitigés enregistrés dans ce domaine. « C’est un secret de polichinelle aujourd’hui que de dire que trois grandes banques nationales dominent le secteur et que ce sont elles qui décident de la trajectoire des crédits et d’autres questions fort importantes. Mieux, ces banques sont en train de s’internationaliser pour monter en puissance et, du coup, la question du poids de cette commission face aux banques se pose sous un autre jour», a-t-il conclu. 


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