Le registre des cancers de la capitale vient de le révéler : A Rabat, les cancers du sein et du poumon sont les plus fréquents


Narjis Rerhaye
Lundi 18 Juin 2012

Au Maroc, un homme sur sept et une femme sur huit  âgés de 0 à 74 ans risquent d'être atteints d'un cancer. En 2020, le nombre de cancers va connaître une augmentation de 45% au Maroc. Ce sont les hommes qui en seront les plus touchés.  Les personnes de sexe masculin  affectées par cette pathologie vont subir une progression de 47% contre 43% pour les femmes.  
A Rabat, 2473 nouveaux cas de cancers ont été enregistrés entre 2006 et 2008. Les personnes qui ont découvert leur maladie durant cette période ont un âge moyen de 62 ans pour les hommes et de 54 ans pour les femmes.
Dans la capitale -et  c'est le cas à travers le Maroc- le cancer du poumon vient au premier rang chez les hommes (19%) suivi du cancer de la prostate (15,5). Le cancer du poumon est 10 fois plus fréquent chez l'homme que la femme. Son incidence chez le patient de sexe masculin augmente nettement avec l'âge et au moins la moitié des cas sont des stades avancés au moment du diagnostic.
A  Rabat aussi, c'est le cancer du sein qui est le plus fréquent chez la femme (40%). L'âge médian de ces Marocaines atteintes d'un cancer du sein et habitant à Rabat est de 50 ans. Les femmes de moins de 35 ans représentent 6,7% des cas. Il faut enfin noter que l'incidence est plus élevée dans les tranches d'âge 45-54 ans.
En deuxième position sur le tableau des cancers diagnostiqués chez les Marocaines, le cancer du col utérin (11,4%). Ici, l'âge moyen est de 54 ans et 11% des patientes ont moins de 40 ans. Dans un peu plus de la moitié des cas, le cancer du col de l'utérus est diagnostiqué au stade I ou II.
Le cancer du colon est quant à lui le plus fréquent des cancers diagnostiqués à Rabat aussi bien chez les hommes que les femmes.

L'engagement de l'Association Lalla Salma dans la lutte contre le cancer

Ce sont quelques-unes des principales conclusions du registre des cancers de Rabat  rendu public vendredi soir.  Ce registre des cancers des personnes résidant administrativement dans la ville de Rabat  a collecté tous les cas de cancers des 5 arrondissements de la capitale diagnostiqués entre 2006 et 2008. «L'incidence observée à Rabat est voisine des incidences observées dans les pays de l'Afrique du Nord et elle est nettement inférieure aux incidences observées dans les pays occidentaux », relève le registre des cancers de Rabat.
Il faut rappeler qu'au 1er juillet 2007, Rabat comptait 642.000 habitants dont près de  52% sont des femmes.
Une équipe réduite mais professionnelle s'est mise à pied d'œuvre pour collecter, saisir et vérifier les données de ces trois années et ce malgré des ressources financières réduites.  
Pour pérenniser le travail du registre, un outil éminemment précieux dans l'amélioration des connaissances sur l'épidémiologie des cancers et l'élaboration de stratégies de lutte contre le cancer, un Conseil du registre du cancer de Rabat a vu le jour, présidé par le Pr Noureddine Benjaafar. C'est ainsi que le deuxième registre de cette ville a pu être publié, fournissant aux décideurs et aux professionnels une radioscopie précise et fiable de l'incidence de ces cancers dans la capitale. Une entreprise rendue possible   grâce à la mobilisation d'une équipe locale constituée de Mohamed Adnane Tazi, médecin épidémiologiste, Noureddine Benjaafar, professeur de radiothérapie et président du Conseil du registre des cancers de Rabat et Abdelouahad Er-Raki, docteur és sciences en biologie. «Mais attention, l'élaboration de ce rapport n'aurait pas pu être concrétisée sans la coopération fructueuse des confrères et  leurs efforts pour doter le registre  des données nécessaires et ce malgré les difficultés parfois rencontrées pour identifier les personnes atteintes du cancer et leurs lieux de résidence », précise le président du Conseil du registre des cancers de Rabat, N. Benjaafar.
Le registre des cancers de Rabat a également révélé que les cancers invasifs, c'est-à-dire les cancers à partir du stade 1- sont les plus nombreux qui arrivent à l'étape du diagnostic. De tels cancers représentent une part de plus de 98% chez l'homme et moins de 97% chez la femme. Pour la seule année 2008, 834 cas de cancers invasifs ont ainsi été enregistrés à Rabat.  Ce qui confirme une fois de plus l'importance cruciale du dépistage et de la nécessité des campagnes de dépistage.
Pour le chirurgien cancérologique et membre du Conseil du registre des cancers de Rabat, Abdelilah Souadka, le registre de Rabat est un axe nodal dans l'action de lutte contre le cancer. En la matière, explique-t-il, le Maroc revient de loin. «Il faudra attendre l'engagement d'une princesse dans la lutte contre le cancer pour que les choses, les perceptions, les priorités changent. Je suis prompt d'ailleurs à le dire: l'Association Lalla Salma de lutte contre le cancer a donné un coup de fouet salutaire à la prise en charge tant médicale qu'humaine de toutes ces personnes atteintes de cette maladie. Des centres anti-cancers ont été édifiés, des maisons ont ouvert leurs portes, une meilleure prise en charge est assurée, surtout en direction des plus démunis et ne jouissant d'aucune couverture médicale. Le cancer est enfin devenu problème de santé publique et sa prise en charge inscrite au rang de priorité.
Et surtout, il faut le noter, deux premiers registres du cancer ont pu enfin voir le jour à Casablanca et à Rabat. On ne le répètera jamais assez : sans donnée épidémiologique précise, rigoureuse et fiable, il ne saurait y avoir de dépistage du cancer. Autrement dit, la recherche du cancer le plus fréquent ne peut se faire qu'à partir de données épidémiologiques. C'est ainsi et seulement ainsi que l'on saura définir le cancer qui pose un problème de santé publique et définir ensuite une stratégie de dépistage. Comme par exemple le frottis pour le cancer du col utérin, la mammographie pour le cancer du sein et ne pas fumer pour prévenir le cancer du poumon. Il faut le dire et le redire : c'est grâce à la recherche épidémiologique qu'une planification des programmes de lutte contre le cancer, une planification  digne de ce nom, peut être mise en place. Je veux ici parler du dépistage, du diagnostic précoce, de la qualité de la prise en charge », conclut Pr A. Souadka


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