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En tout cas, l'initiative semble amorcer de sérieux changements à ce sujet. La situation lamentable des taxis est devenue intolérable, surtout pour une grande ville comme Casablanca. L'état mécanique des taxis ne fait pas le bonheur des usagers. Pire : l'insécurité est totale à bord de ces véhicules rouges qui ne répondent plus aux attentes des Casablancais. Des portes qui ne se ferment pratiquement pas, des vitres coincées, des sièges crasseux, etc. Le tableau n'est pas du tout beau à voir. Et l'expérience d'un déplacement par taxi n'est pas non plus à vivre dans cette métropole qui accueille quotidiennement plus de 8 millions de visiteurs. Ni les chauffeurs ni leurs clients ne mettent leurs ceintures de sécurité ; celles-ci n'existant tout simplement pas et les services de contrôle ne les considèrent pas comme obligatoires. C'est comme si le nouveau Code de la route ne les concernait pas. Des aspects archaïques qui ne reflètent plus l'image de marque d'une grande ville. Ils viennent se greffer aux comportements inadmissibles de la majorité des chauffeurs de taxis qui transforment le trajet, en véritable enfer pour leurs clients. Souvent mal rasés et non coiffés, les chauffeurs comme les taxis dégagent toutes les odeurs qu'un client ne peut imaginer : sueur, cigarette, hachich et même alcool lorsqu'il s'agit d'un trajet nocturne. Sans oublier les tarifs abusifs qu'ils appliquent la nuit au détriment des clients étrangers. Certains harcèlent même les clientes qui prennent le risque de leur adresser la parole ou de prendre place sur le siège avant. Il suffit de discuter avec des chauffeurs de taxis pour s'apercevoir de la vision qu'ils ont de la société, notamment des femmes. Ils sont de toutes les classes sociales : retraités, diplômés et non diplômés chômeurs, anciens sportifs et même des repris de justice. D'ailleurs, le métier a toujours été un débouché plutôt honorable pour tel ou tel membre de la famille qui recherche désespérément un boulot. Ce qui explique les différents désagréments subis au quotidien par les usagers. Sur le terrain, le manque de contrôle est flagrant. A savoir que ni l'état du véhicule, ni le chauffeur ne sont sérieusement contrôlés lors des pointages quotidiens. Les agents de police responsables de cette opération se contentent d'enregistrer le numéro de l'agrément des quelque 8000 taxis de la métropole. Il paraît que cela donne lieu à quelques prébendes. Un autre aspect de l'anarchie qui règne dans ce mode de transport : l'étalonnage des compteurs des taxis n'est plus aussi souvent contrôlé qu'auparavant.
La notion "le client est roi" ne signifie plus rien pour ces chauffeurs qui ne pensent qu'à la recette du jour. Surtout que les charges quotidiennes sont de plus en plus lourdes. Si chaque chauffeur respectait à la lettre les dispositions de la loi, le prix du trajet serait loin d'amotir ses charges. Afin de ne pas doubler ou tripler le coût de la course, ce qui risque de provoquer la colère des citoyens, les autorités compétentes ferment les yeux sur le racolage. Un phénomène très visible devant les gares où les chauffeurs s'adonnent à la chasse aux clients : ils se transforment à l'arrivée de chaque train, en crieurs publics pour annoncer leurs destinations. Les prix sont négociés sur place. Une démarche qui booste facilement leurs recettes.
L'on doit préciser que l'investissement en taxis est juteux. Certes il semble minime, mais il génère un taux de rentabilité de près de 35 % par an. Ceci dit, l'amortissement s'opère en moins de trois ans. L'investissement lui-même n'échappe pas à quelques défaillances, puisque le promoteur affronte plusieurs obstacles administratifs dont le fameux agrément, dit "grima", délivré uniquement par les hautes autorités sous réserve de certaines conditions bien précises : membre de la Résistance, sportif, artiste, etc. L'agrément est une sorte de subvention de l'Etat à ces catégories de citoyens ayant rendu des services. Ces derniers, soit ils l'utilisent en achetant une voiture, soit ils le louent aux multiples titulaires du fameux permis dit de confiance. Un marché très juteux, peuplé de courtiers de toutes les régions du pays. Surtout que la "Hlawa" ou le pas de porte de l'agrément s'élève parfois à 180.000 DH pour une durée de 5 à 15 ans. En plus de la location qui varie entre 1500 et 2500 DH par mois.
Des charges qui s'ajoutent au revenu quotidien du chauffeur professionnel (détenteur du permis de confiance) déduit de la recette du petit taxi. Ainsi que d'autres charges d'exploitation : 7.000 DH d'assurance, 850 DH pour des visites techniques et les charges d'entretien et de réparation du véhicule en cas de panne ou d'accident. En gros, les recettes nettes du petit taxi peuvent atteindre facilement les 7.000 DH par mois. Ce petit business dégage une plus-value d'au moins 62.000 DH qui peut dans certains cas dépasser les 130.000 DH pour une mise initiale de 290.000 DH environ (agrément plus véhicule).
Avec un tel bénéfice, les investisseurs doivent faire un petit effort aux niveaux technique et sanitaire de leurs taxis. Pour leur part, les chauffeurs sont appelés à adopter des comportements dignes des gens du métier. Alors que les autorités locales doivent appliquer les lois sans considérations politique ou sociale. Le taxi fait partie du secteur commercial, encore faudrait-il le traiter au même titre que les autres activités juteuses.