L’un des projets fondamentaux dans le vaste chantier de réformes institutionnelles pour la gouvernance territoriale et la participation citoyenne à la gestion des affaires publiques a déjà pris forme. La Commission consultative pour la régionalisation avancée vient de rendre sa copie. Installée voilà plus d’une année par le Souverain, ladite commission présidée par Omar Azziman, a présenté son rapport à SM le Roi. Une première lecture de ce rapport permet de constater de prime abord la réduction du nombre des régions que comptera le Royaume. Leur nombre passera désormais de seize à douze régions. La seconde constatation est que la mise en application de cette régionalisation avancée nécessite une révision de l’actuelle Constitution. Ce qui a été entamé à travers l’installation de la Commission consultative pour la révision de la Constitution. La mise en place de cette régionalisation nécessite notamment quelques amendements et en particulier l'article 101, qui confère au wali ou au gouverneur le pouvoir d'exécution des décisions des conseils régionaux. Ces pouvoirs et prérogatives seront attribués dorénavant aux présidents des conseils. Mais le rapport préconise à ce propos un nouveau mode d’élection et des membres de ces conseils régionaux ainsi que leurs présidents. Il requiert le suffrage universel contrairement à la loi en vigueur où ces conseils sont élus au suffrage indirect actuel. Et ce pour les raisons suivantes : «Conférer aux assemblées régionales, appelées à bénéficier dans le cadre de la réforme envisagée d’une certaine prééminence, une légitimité au moins égale à celle des assemblées communales dont les membres sont élus au suffrage universel direct. Etablir des liens de proximité entre les élus et les citoyens de manière à stimuler une prise de conscience régionale chez les seconds et à soumettre les premiers au contrôle des électeurs. Rendre possible l’organisation concomitante des élections régionales et communales, ce qui est de nature à éviter la démobilisation de l’électorat et à réduire l’abstentionnisme. Remédier aux dysfonctionnements résultant de l’élection indirecte des membres du conseil régional, dysfonctionnements liés notamment à la composition diversifiée, mais non homogène du conseil régional où cohabitent les représentants de collectivités locales, ceux des chambres professionnelles et les délégués des salariés…… », spécifie le rapport. Le but étant, selon ce même rapport, de passer d’une régionalisation naissante à une régionalisation avancée d’essence démocratique qui aura pour objectif, entre autres, l’émergence de conseils régionaux avec des compétences et des moyens pour prendre en charge un développement régional intégré. Concernant l’élection du président, il sera toujours choisi par les membres du conseil mais avec quelques précisions. « Concernant cette question, l’idée est de trouver, en l’absence d’une élection directe du président, peu envisageable pour le moment, des mécanismes et des procédures qui permettraient d’asseoir un tant soit peu, dans le cadre du respect des résultats du suffrage, l’autorité du président sur le bureau appelé à le seconder. Pour cela, il conviendrait : de maintenir l’élection du président par le conseil régional, de prévoir deux élections non simultanées, d’abord l’élection du président du conseil, suivie de l’élection des autres membres du bureau pour contribuer ainsi à mettre en exergue l’importance particulière du rôle du président», peut-on lire sur ledit rapport.
En ce qui concerne la participation féminine dans ces conseils et après avoir passé en revue l’apport de la femme à la vie politique, le rapport recommande le renforcement de l’action affirmative en faveur d’une plus grande participation des femmes par l’ajout à l’article 12 de la Constitution d’un alinéa qui confère à la loi la possibilité de favoriser la parité quant à l’accès des femmes et des hommes aux fonctions électives. Mais également une garantie d’une représentativité des femmes aux fonctions électives correspondant au tiers des élus conformément aux objectifs du millénaire, en prévoyant des modes de scrutin et mesures incitatives appropriés et en favorisant la représentativité des femmes aux bureaux et autres instances des conseils des collectivités locales. Le rapport prévoit également une large participation des acteurs de la société civile dans la gestion des régions. Au-delà de leur nombre, les 12 régions connaîtront quelques changements au niveau du découpage administratif et territorial.