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Jusqu’à présent, seuls 538 Syriens enregistrés auprès du HCR ont été auditionnés par la Commission de régularisation des réfugiés qui siège au Bureau des réfugiés et des apatrides. Les ressortissants syriens ayant bénéficié, en 2014, d’une carte de séjour dans le cadre de l’opération de régularisation lancée une année auparavant, ont été dispensés de se présenter devant ladite Commission.
Au total, la population active de Syriens (c’est-à-dire tous les réfugiés syriens enregistrés) s’élève actuellement à 1.978 personnes. 52% de ces demandeurs d’asile ont moins de 18 ans, 48% sont majeurs, 99,6% ont déclaré être de confession sunnite (le reste étant chiite ou chrétien), 94% sont d’ethnie «arabe» et 4% des Kurdes et autres. 30% de ces Syriens vivent à Casablanca et 15% à Oujda. Le reste est éparpillé dans d’autres villes, rapportent des sources de HCR-Maroc.
Comment peut-on expliquer cette progression? Anthony Berginc, chargé des relations extérieures à UNHCR-Maroc, estime que deux facteurs justifient cette situation. D’un côté, la reprise de l’assistance financière ponctuelle pour tous les réfugiés depuis juin et juillet. « On a observé un pic d’augmentation en août avec 306 nouveaux cas enregistrés », nous a-t-il précisé. De l’autre côté, il y a le travail de référencement opéré par le HCR à Oujda avec son partenaire, en l’occurrence l’OMDH, afin d’informer les Syriens présents dans l’Oriental qu’une procédure pour demander l’asile au Maroc a été mise en chantier. « Depuis janvier 2015, l’OMDH-Oujda a référencé plus de 600 Syriens désireux de s’enregistrer auprès de notre bureau. Dans les cas des familles nombreuses, le HCR prend en charge une partie des frais de transport jusqu’à Rabat », nous a-t-il indiqué.
Mais, il n’y a pas que ces facteurs. D’autres sources associatives estiment que cette augmentation est due également au fait que beaucoup de Syriens ont renoncé à leur ambition d’accéder à Mellilia et à Sebta après avoir été bloqués des mois durant au poste douanier de Béni Ansar. Ceci d’autant plus que les nouvelles en provenance des centres d’accueil espagnols pour les demandeurs d’asile (CETI) n’ont rien de réjouissant. Les conditions de vie lamentables de ces centres (surpopulation, mauvaises conditions d’hygiène, proximité…) ainsi que les temps d’attente jugés longs ont découragé plusieurs familles syriennes à poursuivre leur route vers l’Espagne et ont donc décidé de rester au Maroc. Dernièrement des heurts ont éclaté dans le CETI de Mellilia entre des migrants algériens et kurdes.
Pis, certaines de ces familles se sont trouvées dispersées malgré elles entre Mellilia et Nador. C’est le cas actuellement de plusieurs familles dont les mères sont de nationalité marocaine et à qui il a été refusé d’accéder à ces centres d’accueil. «On a plusieurs cas de familles séparées entre le Maroc et l’Espagne. On compte près de 40 dossiers. Nous sommes actuellement en négociations avec les autorités espagnoles pour permettre leur regroupement», nous a informé une source sous le sceau de l'anonymat.
Les militants de l’AMDH-section Nador ont, pour leur part, fait état du cas d’une mère de famille syrienne qui a été contrainte de quitter le CETI de Mellilia après avoir laissé son mari et ses enfants à Nador auxquels les autorités espagnoles ont refusé le droit de bénéficier du regroupement familial. Ce fut le cas également de deux familles syriennes comptant 14 personnes qui ont demandé le retour au Maroc après un court séjour à Mellilia suite au mauvais traitement infligé à leurs enfants et à leurs conditions de vie qualifiées d’inhumaines.
Pourtant, l’augmentation du nombre de demandeurs d’asile syriens ne semble rien changer à leur quotidien. Car si la Commission de régularisation des réfugiés leur donne un récépissé d’enregistrement, aucun d’entre eux n’a, pour l’heure, obtenu le statut de réfugié au Maroc. « La position du Royaume demeure pour le moins ambivalente sur cette question et tiraillée entre les considérations sécuritaires et l’urgence humanitaire », nous a confié le chargé des relations extérieures au HCR-Maroc. Et de conclure : « Du fait de l’absence de statut légal, ces réfugiés ne peuvent pas obtenir de permis de séjour et n’ont pas le droit de travailler au Maroc. Cela constitue un obstacle majeur à leur intégration. Il est donc important que ces personnes en besoin de protection internationale puissent bénéficier d’une carte de réfugié, à l’instar de celle émise pour les réfugiés non-Syriens qui ont été également auditionnés par la Commission ».