La communauté scientifique divisée sur le portrait du virus
-
Le CNDH engagé à poursuivre son plaidoyer en faveur de l’abolition de la peine de mort
-
Focus sur les perceptions des Marocains de l'égalité des genres
-
Plateforme E-Blagh: Des indicateurs importants et une forte interaction renforçant la confiance dans l’institution sécuritaire
-
Une panoplie de projets en faveur de la préservation et du développement de la Ville Sainte
-
Abdeljalil Lahjomri : L'Initiative Atlantique de SM le Roi, vecteur d’intégration économique aux niveaux continental et international
Outre l’apparition de foyers professionnels en plus de foyers familiaux, cette forte hausse est également mue par l’augmentation des tests réalisés en laboratoire. Entre le mercredi (10h) et vendredi (10h), les différents laboratoires du Royaume ont effectué 2131 tests. A une centaine près, c’est le total des tests effectués au soir du 29 mars. Pour vous donner un ordre de grandeur, ces 2131 tests représentent 18,15 % du total des analyses dont 9995 se sont révélées négatives.
Si l’Exécutif est clairement passé à la vitesse supérieure en termes de dépistage, finalement convaincu de son importance, pourra-t-il pour autant maintenir la cadence ? La question s’impose d’elle même au regard du nombre de tests dont le pays dispose en stock, avoisinant les 100.000. En réalité, cette incertitude ainsi que d’autres accompagnent la crise sanitaire mondiale créée par le coronavirus.
Depuis le début de l’épidémie, la vérité d’hier n’est pas celle d’aujourd’hui et encore moins celle de demain. Le Covid-19 ébranle les certitudes. Les scientifiques tâtonnent et les gouvernements du monde entier aussi. Tout ce beau monde donne l’impression de naviguer à vue. Mais pouvait-il en être autrement ? Non, pas vraiment. Le flot d’informations contradictoires et approximatives au sujet du Covid-19 est le propre de toute nouvelle épidémie.
Le temps est une arme à double tranchant. Il permet aux scientifiques de se familiariser avec le virus et ses caractéristiques mais au même moment ce dernier continue de faucher des vies. Pourtant, depuis son apparition fin 2019, à Wuhan en Chine, on a toujours la tenace et désagréable impression que le virus nous cache encore une myriade de secrets. Dans son portrait, des zones de flou persistent. Modes de transmission, personnes à risque, contagiosité, le Covid-19, coronavirus particulièrement complexe, donne du fil à retordre aux scientifiques. Jamais, en un laps de temps aussi court, un nouveau virus n’a fait l’objet d’autant de recherches, études et analyses que le SARS-CoV-2. Mais malgré l’accumulation d’informations depuis fin 2019, des questions essentielles demeurent.
Comment le virus se transmet-il ?
En guise de réponse à cette question, Anthony Fauci s’est voulu confiant et sûr de ses propos. Le directeur de l’Institut américain des maladies infectieuses et membre du groupe de travail de la Maison Blanche a semé un trouble planétaire en expliquant que le Covid peut se transmettre quand les gens ne font que parler. Sauf que voilà, son intervention relayée par le président Donald Trump a provoqué l’ire de plusieurs scientifiques. En France, la communauté scientifique ne croit pas en l’hypothèse d’Anthony Fauci, sinon « on aurait un taux de reproduction de base (RO) du coronavirus proche de celui de la rougeole. En clair, chaque personne infectée pourrait en contaminer 10. On en est loin. Pour les experts, le taux de RO du Covid-19, sans confinement, se situe plutôt entre 2 et 3 », nuance Karine Lacombe, cheffe de service des maladies infectieuses à l’hôpital Saint-Antoine, dans les colonnes du journal ‘’Libération’’. D’autres scientifiques évoquent le contact avec les surfaces inertes. Mais ce point reste en débat. Autrement dit, on n’en sait quasiment rien. Des études sont en cours.
A partir de quand et pour combien de temps le virus est-il contagieux ?
Des chercheurs allemands ont récemment publié une étude dans la revue « Nature ». Selon leurs conclusions, s’il restait des traces du virus dans le larynx des malades sept jours après l’apparition des symptômes, l’agent pathogène, lui, ne se répliquait plus. En d’autres termes, la personne n’est plus contagieuse. Mais là encore, un élément vient jouer les trouble-fêtes : les porteurs sains qui représentent environ 30 % de l’ensemble des infectés.
La problématique est la suivante : comme ils ne toussent, ni éternuent, on a pensé que leur contagiosité était très faible. Mais à en croire les premiers résultats d’une enquête de l’Inserm portant sur 300 patients, la contagiosité des porteurs sains n’est pas systématiquement nulle. Et pour cause, les postillons et les excrétions nasales des asymptomatiques contiennent des particules virales capables d’infecter d’autres personnes. A l’inverse, et alors que tout le monde a pointé du doigt les enfants comme très contagieux, il n’en est finalement rien. Quasiment les trois quarts des enfants testés en France se sont révélés négatifs...
Quelles sont les personnes à risque ?
Alors que les études chinoises documentent des facteurs de risque classiques, comme l’âge et la présence de comorbidités (hypertension artérielle, problèmes cardio-vasculaires, insuffisance pulmonaire, ...), les hôpitaux européens ont été surpris de remarquer que les patients admis en réanimation étaient souvent diabétiques, en surpoids voire obèses. Des observations cliniques confirmées par une étude publiée fin mars dans le Journal of the American Medical Association. Des chercheurs italiens ont analysé 955 patients décédés et établi que 35 % d’entre eux étaient diabétiques. Mais pas uniquement atteints de diabètes sévères. Les petits diabètes sont également concernés.
S’agissant de l’obésité et du surpoids, une nouvelle étude chinoise publiée dans The Lancet et datée du 1er avril a confirmé le rôle de l’indice de masse corporelle. Ainsi sur 383 patients atteints de coronavirus et admis dans un hôpital de Shenzhen, 42 % souffraient de surpoids ou d’obésité. Les chercheurs en ont conclu que les personnes en surpoids avaient 86 % de chance de développer une forme sévère du Covid-19. Tandis que celles qui souffrent d’obésité ont «montré une probabilité de développer une pneumonie sévère 2 à 42 fois plus élevée que les autres patients », a souligné le professeur Lescure dans les médias français confirmant ainsi les commentaires de la professeure Lila Bouadma, réanimatrice : «On a des patients, jeunes, qui étaient en parfaite santé, avec seulement un problème de poids».
En clair, la communauté scientifique prouve jour après jour son incapacité à élucider ce phénomène tout comme celui de l’inégalité des sexes face au COVID-19. «Le coronavirus infecte les hommes et les femmes dans les mêmes proportions mais 80 % de nos patients en réanimation sont des hommes», relève le professeur Lescure via le même média. Vous l’aurez compris, les hypothèses fleurissent, mais les mystères demeurent entiers.