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Le ministre de la Santé, Houssine El Ouardi, vient en effet d’adresser un courrier au Conseil national de l’ordre des médecins, au Conseil régional de Rabat, à la Faculté de médecine et au CHU de la capitale pour leur demander de statuer sur le cas «Chraïbi ».
Le responsable gouvernemental de gauche reproche au Dr Chraïbi d’avoir bafoué l’éthique en laissant entendre qu’il aurait pratiqué des avortements clandestins au sein de l’hôpital. Autre grief brandi par M. El Ouardi, le chef de service de gynécologie obstétrique de la maternité des Orangers de Rabat s’est fait interviewer par les journalistes étrangers, français en l’occurrence, qui n’avaient pas demandé l’autorisation de filmer auprès des autorités compétentes. « A aucun moment M. Chraïbi ne dit qu’il a pratiqué des avortements illégaux au sein du service qu’il dirige. Et ce n’est pas à lui de vérifier si les journalistes d’Envoyé spécial ont une autorisation ou pas. Quand on veut noyer son chien, on l’accuse de gale. On reproche au Pr Chafik Chraïbi de médiatiser à l’international le douloureux dossier des avortements clandestins au Maroc. Et dès que l’étranger s’en mêle, la réaction de nos responsables se fait épidermique », commente ce célèbre chirurgien de la place.
Le débat sur l’avortement clandestin au Maroc n’a pas été ouvert à l’occasion du reportage de l’émission que présentent Guilaine Chenu et Françoise Joly sur France 2. Fondateur de l’Association marocaine de lutte contre l’avortement clandestin, Chafik Chraïbi a eu le mérite de faire de l’avortement hors milieu médical et donc clandestin une affaire publique qu’il a portée jusqu’au Parlement. Il y a 4 ans, c’est bien le groupe parlementaire du PJD à la Chambre des représentants qui a organisé en partenariat avec l’Association marocaine de lutte contre l’avortement clandestin une journée d’études sur cette question. Il révélera aussi des chiffres effarants qui témoignent d’une réalité terrible : entre 600 et 800 Marocaines avorteraient clandestinement tous les jours dans des conditions sanitaires effroyables. Et pour cause, le Code pénal sanctionne l’avortement qui n’est autorisé que dans les cas où la vie ou la santé de la mère sont menacées. Pas question au Maroc d’interrompre une grossesse causée par un viol, un inceste et encore quand il s’agit de malformations fœtales graves.
En saisissant Conseil de l’ordre, Faculté de médecine et CHU, le ministre progressiste de la Santé cherche-t-il à faire taire le débat sur l’avortement clandestin qui est aujourd’hui en passe de devenir un problème de santé publique ? En tout cas, c’est la liberté d’expression d’un médecin qui s’élève contre les boucheries provoquées par des avortements pratiqués de manière clandestine qui est remise en cause par ce responsable gouvernemental. Le combat contre de tels avortements ne date pas d’aujourd’hui. La question est posée à l’intérieur même de l’Institution législative. L’exemple tunisien, ce pays musulman proche de nous qui a su légaliser l’avortement, donne à réfléchir d’autant que, comme le rappelle le directeur de Dar Al Hadith Al Hassania, Ahmed Khamlichi, il n'existe aucun verset coranique qui parle d'avortement ou d'embryon.
Sanctionner Pr Chafik Chraïbi et vouloir le faire condamner par ses pairs du Conseil de l’ordre est une atteinte aux libertés individuelles qui n’en finissent pas de rétrécir sous le gouvernement Benkirane.