Le ministère de l’Intérieur suspend une activité de l’AMDH

Un colloque a été organisé par la Moroccan-american Freindship Foundation


Alain Bouithy
Mardi 19 Mai 2015

Le ministère de l’Intérieur suspend une activité de l’AMDH
Lancés le samedi 9 mai courant, à l’Institut supérieur de la magistrature, les travaux de l’Université nationale sur les droits des personnes en situation de handicap n’ont pu se poursuivre le lendemain, comme cela était prévu. Et pour cause, ceux-ci ont tout simplement été interrompus « sans aucune justification valable », indique l’Association marocaine des droits humains (AMDH) dans un communiqué dont nous avons eu copie.
En effet, il était prévu que les travaux de l’université se poursuivraient le dimanche 10 mai par des ateliers. Mais à la surprise des organisations participantes, « les autorités du ministère de l’Intérieur, poursuivant leur politique d’interdiction  des activités de l’AMDH, ont fait pression sur les responsables de l’hôtel qui devait abriter les ateliers, ce qui n’a pas permis d’achever les travaux de l’université », dénoncent les organisateurs. Alors que cette rencontre avait débuté ses travaux sans incident sous le signe «Pour une politique publique qui respecte la dignité de l’handicapé», en présence du représentant du ministère de la Justice et des Libertés, lequel département est partenaire de ce conclave.
En réponse à la réaction des autorités, ces derniers rapportent que les organisations et instances participantes à cette université (L’AMDH, l’Union marocaine des organisations des droits des personnes en situation de handicap et le Réseau national pour la défense des droits des aveugles et malvoyants au Maroc) ont convenu de constituer un comité afin de suivre les conclusions et recommandations issues des conférences inaugurales.
Dans un communiqué au ton vif, ce dernier a dénoncé et stigmatisé « avec force ces pratiques des pouvoirs publics qui n’hésitent pas à recourir à tous les moyens de pression directe et indirecte». 
Des pratiques qui, fustige le comité, « nous ont nui en tant qu’instances participantes, encadrants et bénéficiaires, vu que nos sacrifices pour venir de loin afin de participer à cette importante  rencontre de formation (rencontre qui soit dit en passant a connu plusieurs entraves qui ne lui ont pas permis de se dérouler à la date initiale prévue) n’ont pas été pris en compte ».
Poursuivant leur dénonciation, les organisations signataires de cette tribune estiment avoir été témoins « des pratiques abusives des autorités qui entravent le mouvement des droits humains et plusieurs organisations civiles et démocratiques et, parmi elles l’Association marocaine des droits humains qui a le plus pâti de ces entraves, en flagrante violation des engagements internationaux en matière de droits humains et en bafouant la législation nationale ».
Les organisations participantes ont aussi exprimé leur « stupéfaction face à l’interdiction d’une activité soutenue par un organe gouvernemental, à savoir le ministère de la Justice et des Libertés, par le ministère de l’Intérieur qui fait partie du même gouvernement et qui viole allégrement les dispositions de la nouvelle Constitution relatives aux domaines de compétence du pouvoir exécutif », citant notamment le paragraphe 1 de l’article 93 qui stipule que «les ministres sont  responsables de l’exécution des politiques gouvernementales chacun dans son domaine, et dans le cadre de la solidarité gouvernementale».
Elles se sont, par ailleurs, interrogées « quant à la légitimité des engagements du Maroc en matière de droits humains d’autant plus qu’il est amené prochainement à présenter le premier rapport gouvernemental relatif aux droits des personnes en situation de handicap, comme il est en passe d’achever les dispositions législatives pour promulguer la loi-cadre qui protège et promeut les droits des personnes en situation de handicap ».
En dépit de ce qu’endure l’AMDH, ces dernières font toutefois remarquer que nombre d’organisations et de réseaux internationaux de défense des droits humains n’ont cessé d’exprimer leur solidarité avec cette organisation pendant que les autorités persistent dans leur cycle d’entraves et de régression en matière d’acquis du mouvement des droits humains et du mouvement démocratique.
Ainsi, ces organisations ont réitéré leur « totale et effective solidarité avec l’AMDH et le mouvement des droits humains en général dans sa lutte légitime pour défendre les droits humains dans toutes leurs dimensions politique, sociale, économique et culturelle » tout en demandant « à l’Etat marocain de se conformer aux dispositions de la loi et d’arrêter le processus d’interdictions systématiques à l’encontre du mouvement des droits humains ».
Le comité lance également « un appel à toutes les organisations civiles et démocratiques qui pâtissent des violations du droit à l’organisation et au rassemblement ainsi qu’aux organisations qui les soutiennent de constituer un réseau militant et unitaire contre toutes les formes d’interdiction et de répression ».
Les instances et organisations œuvrant dans le domaine des droits des personnes en situation de handicap, sont invitées « à faire face à toutes les formes d’entraves aux activités qui visent à défendre et promouvoir les droits des personnes en situation de handicap et d’être au rendez-vous lors des grandes occasions pour arracher  leurs droits légitimes et surtout la promulgation d’une loi-cadre adéquate comme s’est engagé le Maroc à le faire quand il a approuvé la convention internationale relative aux droits des personnes en situation de handicap et le protocole y afférent».
Enfin, les organisations participantes à l’université ont appelé également à élaborer un rapport parallèle qui reflète, fidèlement, leurs préoccupations et leurs attentes, assurant que leur volonté est d’«œuvrer en commun pour amener l’Etat marocain à respecter ses engagements issus de la ratification de la convention suscitée et pour échanger les expériences en vue de développer notre action en matière de défense et de promotion des droits des personnes en situation de handicap ».
Il est à souligner que la première journée de ce conclave a été marquée par une allocution du Bureau central, suivie par des conférences de haut niveau encadrées par des experts et des droits humanistes. En l’occurrence les docteurs Abdelmalek Asrih, Ahmed Berkia, Khalid Ahsika, Rachid Assabahi et Fatiha Mesbahi. Notons que ces travaux avaient été suivis par des représentants/tes des organisations des droits humains et des réseaux œuvrant dans le domaine venant de plusieurs régions du Maroc.




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