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Contrairement aux médicaments, les produits de beauté ne font pas l’objet d’autorisation de mise sur le marché (AMM) et leur sécurité ne relève pas du ministère de la Santé. Seuls les articles à but thérapeutique ou ceux qui contiennent des substances vénéneuses à des doses définies par la loi sont concernés par le Code des médicaments et de la pharmacie promulgué en 2006.
« Les cosmétiques sont exclus de ce dispositif car l'industrie des produits de beauté concerne en effet la partie superficielle de la peau, à savoir le derme», précise Houda Ziani, médecin au Centre national d’antipoison et de pharmacovigilance.
La surveillance de ce marché relève de la compétence de plusieurs instances. D’abord, la Direction de la normalisation et la promotion de la qualité est chargée d'assurer la protection du consommateur face aux risques que peuvent engendrer certains produits industriels, autres qu'agroalimentaires et pharmaceutiques. Il y a aussi le Service de la répression des fraudes et, enfin, le ministère de l’Intérieur. Lequel est chargé de la sécurité publique et dispose d’une compétence générale de surveillance des activités commerciales. Cependant, les formes de coordination entre ces différentes instances impliquées dans la surveillance du marché ne sont pas structurées au sein d’un organe formel de concertation.
Les opérations de contrôle s’effectuent à deux niveaux : local et à l'importation. Sur le plan local, les opérations de contrôle sont soit planifiées, soit improvisées suite à des plaintes ou autres informations reçues au sujet des produits industriels. Dans le cadre de ces opérations, des prélèvements d'échantillons sont parfois nécessaires lorsque le produit est jugé douteux. Ces prélèvements se font au niveau du marché ou des unités de fabrication, avec la récupération de deux factures en bonne et due forme établies par le propriétaire de la marchandise. Les échantillons mis sous scellés sont envoyés aux laboratoires agréés par le ministère chargé de l'Industrie, pour subir les essais prescrits dans les normes marocaines d'application obligatoire. En cas de non-conformité, les dossiers en question font objet d'une enquête et, si nécessaire, d'une poursuite judiciaire.
Au niveau de l’importation, les contrôles se déroulent aux postes frontaliers, et ce avant le dédouanement de la marchandise. Les produits soumis au contrôle subissent d'abord un contrôle documentaire qui sert à analyser les documents techniques accompagnant les produits en question (déclaration de conformité, déclaration unique de la marchandise (D.U.M), factures, fiche de connaissement …). A la suite de ce processus, un autre contrôle physique de la marchandise est effectué. Il consiste en une vérification visuelle aboutissant parfois à un prélèvement d'échantillons, dans les cas où le produit en question est douteux ou que les critères des contrôles documentaire et physique ne sont pas suffisants.
En cas de conformité du produit aux normes, une attestation de conformité lui est délivrée. Sans cette dernière, un importateur ne peut dédouaner sa marchandise.
Pourtant une question demeure : ces procédures de contrôle sont-elles suffisantes? Pour plusieurs professionnels du secteur la réponse est négative. La preuve : la seule ville de Casablanca compte plus de 200 boutiques de cosmétiques non autorisées qui commercialisent des articles légaux et d’autres de contrebande d’origines algérienne, française, espagnole, asiatique ou locale. Certains de ces articles sont périmés ou proches de leur date de péremption et sont exposés dans des conditions insalubres et malsaines. Selon Saïda Aghriss, gérant d’un commerce de produits paramédicaux à Casablanca, le marché des cosmétiques vit dans l’anarchie totale. Il manque de mécanismes de contrôle et de législation. « Plusieurs individus ont fait leur entrée dans ce secteur sans une formation adéquate ni un savoir-faire dans un domaine qui relève pourtant de la santé publique», déplore-t-elle.
Les professionnels avancent une autre preuve : l’étude publiée en 2008 par le Centre national de pharmacovigilance et qui avait alerté sur les risques d’une crème blanchissante appelée « Shirley ». Une analyse au laboratoire de toxicologie a montré que cette crème contient une cinquantaine de composés chimiques, dont des pesticides de la famille des carbamates ainsi que des substances toxiques et très allergisantes. Une enquête exploratoire auprès des dermatologues privés a permis de collecter 174 cas d’effets indésirables de gravité variable. Pourtant, rien n’a été fait pour en interdire la commercialisation et ladite crème continue à se vendre comme des petits pains au vu et au su des autorités.
Houda Ziani estime que l’Etat ne peut tout faire à lui seul et que la responsabilité est partagée. « Le consommateur est parfois complice. Il faut qu’il réagisse, dénonce ces commerçants et boude leurs produits ». Même son de cloche du côté de Mohamed Meftah, pharmacien : « Le consommateur n’est pas dupe. Il agit selon son porte-monnaie, mais parfois avec stupidité, car un écran qui coûte 200 DH à la pharmacie et qu’on achète à 50 DH ou 20 DH dans un souk ou dans une parfumerie, ce n’est pas normal». Faire la différence entre la copie illicite d’un produit et le produit original n’est cependant pas une mince affaire. En effet, les faux produits portent les mêmes références, les mêmes codes barres, les mêmes appellations et le même packaging, que les vrais. « Même pour un professionnel, il est souvent difficile de faire la différence entre le produit orignal et sa copie. On peut détecter certaines différences au niveau de l’emballage ou des couleurs, mais ça reste difficile quant à la qualité et aux composants du produit», conclut M. Meftah.