Le gouvernement s'efforce de reprendre la main en Corse


Jeudi 31 Décembre 2015

Le gouvernement s'efforce de reprendre la main en Corse après les violences de la semaine dernière à Ajaccio et la victoire des nationalistes aux élections régionales de décembre.
 "L'Etat ne reculera jamais" en Corse, a assuré le Premier ministre, Manuel Valls, dans une interview publiée mercredi par Le Parisien. Un message relayé quelques heures plus tard sur l'île par le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve.
 Deux pompiers et un policier ont été agressés la veille de Noël dans la cité "Les Jardins de l'Empereur", à Ajaccio, où ils intervenaient pour éteindre un incendie criminel.
 Deux jours de manifestations teintées de racisme, parfois au cri de "Les Arabes dehors", ont suivi à Ajaccio, et une salle de prière musulmane a été saccagée.
 Deux hommes ont été mis en examen mardi dans l'enquête sur les violences du 24 décembre.
 Bernard Cazeneuve a rencontré à Ajaccio les pompiers et les forces de l'ordre, à qui il a exprimé sa "solidarité".
 "Je tiens également à exprimer ma réprobation la plus ferme à l'égard de ceux qui ont commis des actes anti-musulmans racistes et xénophobes qui n'ont pas leur place dans cette île et qui ne correspondent pas à la culture de ce qu'est la Corse", a-t-il ajouté lors d'une visite dans le quartier populaire des Jardins de l'Empereur, dont il a rencontré des habitants.
 Il a également visité la salle de prière vandalisée.
 Dans son interview au Parisien, le Premier ministre renvoie pour sa part dos à dos les auteurs des violences du 24 décembre et les manifestants xénophobes de vendredi et samedi.
 "Entraîner les sapeurs-pompiers et ceux qui représentent l'ordre républicain dans un guet-apens (...) est un acte intolérable", dit-il. "Les soi-disant représailles racistes et antimusulmanes commises par une horde voulant faire justice elle-même le sont tout autant."
Il assure que la Corse "n'est pas une zone de non-droit" et que l'Etat français y restera présent. Il explique le fait que Bernard Cazeneuve ait attendu six jours pour se rendre sur place par la nécessité de rétablir d'abord l'ordre à Ajaccio.
"L'Etat prendra toutes ses responsabilités en combattant tous les appels à la haine et à la violence", jure Manuel Valls.
 Il invite les nationalistes corses à "faire le ménage" dans leurs propres rangs : "Certains slogans doivent disparaître."
 Il dit notamment vouloir proscrire "définitivement" les groupuscules identitaires comme "Vigilance nationale corse", y compris "en étudiant leur dissolution". Les élus nationalistes désormais à la tête de l'Assemblée territoriale se sont efforcés depuis le début de la semaine de ramener le calme par des gestes d'apaisement.
Lundi, le nouveau président de l'Assemblée de Corse, Jean-Guy Talamoni, et son homologue du conseil exécutif territorial, Gilles Simeoni, ont ainsi reçu des représentants de la communauté musulmane de l'île.
 Le préfet de Corse a interdit les manifestations aux abords de la cité des Jardins de l'Empereur jusqu'au 4 janvier.
 Manuel Valls précise dans Le Parisien qu'il ira lui-même en Corse au premier semestre 2016.
 Il rejette toute idée de "séparation" de l'île de la République française. "Certains parlent d'une nation corse. Mais je ne sais pas trop ce que cela veut dire", explique-t-il. "Il n'y a qu'une seule nation, la nation française."
 "La République reconnaît à l'île un statut particulier du fait (...) de son histoire, de sa culture, de sa langue" mais "il n'y a pas de séparation possible. L'attachement de la Corse à la République française n'est et ne sera jamais négociable."
 Après la victoire surprise des nationalistes aux régionales, Jean-Guy Talamoni a déclaré que la question de l'indépendance se poserait "en son temps". Dans son discours d'intronisation prononcé en langue corse, le 17 décembre, il a dit que l'île "n'était pas un morceau d'un autre pays mais une nation". Manuel Valls a rejeté six jours plus tard sur TF1 les revendications formulées par les nationalistes, dont le transfert des "prisonniers politiques" corses sur l'île et un statut de langue officielle pour le corse ( ). Un rejet réitéré avec force dans son interview au Parisien.


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