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Du déjà-vu
En effet, le chef du gouvernement a pris la parole pendant une dizaine de minutes sans rien dire de nouveau ou de concret. Il s’est contenté de rappeler des faits qui ne sont un secret pour personne. Tel fut le cas du taux élevé du chômage parmi les diplômés universitaires, atteignant 18,7% dans le système d’accès ouvert et 8,5% dans le système d’accès fermé. Une vérité que le HCP nous rappelle chaque trimestre.
Tel fut aussi le cas du faible ratio d’encadrement pédagogique avec un enseignant pour environ 120 étudiants dans les facultés d’accès ouvert, bien en deçà des normes mondiales établies; de la retraite imminente de 2.200 enseignants qualifiés d’ici 2026, de la fermeture du système universitaire et son manque d’alignement sur les priorités de développement régional et national et de la faible qualité de la recherche scientifique, principalement due au manque de financement (1,6% du budget général en 2021 et 2022) et au nombre limité de chercheurs, avec seulement 1.708 chercheurs pour un million d’habitants, contre 2.916 au Brésil et 1.772 en Tunisie.
Des insuffisances et dysfonctionnements à maintes reprises diagnostiqués, analysés et débattus par des centaines voire des milliers de rapports, études, ateliers, forums et autres. Il suffit, à ce propos, de relire le rapport du Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique (CSEFRS) : «Réforme de l’enseignement supérieur : Perspectives stratégiques», datant de 2019 pour se rendre compte que le chef du gouvernement ne fait que répéter comme un vinyle usé ce que nous savons tous déjà.
Vœux pieux
Et que propose le gouvernement pour réformer ce secteur ? Un nouveau modèle pédagogique universitaire visant à améliorer le système LMD; le renforcement des parcours d'apprentissage en compétences individuelles et transversales; la nécessité de diplômer une nouvelle génération de doctorants, aux normes internationales, le renforcement des modules de formation et l'introduction de nouveaux modules professionnels ; le développement des compétences linguistiques en maîtrisant la langue d'enseignement et en promouvant l'ouverture aux langues; la consolidation des compétences numériques; la mobilisation de 600 millions de DH pour le lancement du programme national d'appel d'offres aux projets de recherche; la mobilisation de 1.300 bourses au profit des doctorants pour la mobilité internationale, inter-universitaire et entre l'université et les entreprises, la conclusion de contrats pluriannuels entre l'Etat et l'université; l'adoption de quatre plans directeurs qui serviront de référence pour orienter la transformation du système à l'horizon 2030...Bref, beaucoup de mesures dont le sort reste incertain puisqu’il faut attendre 2030 pour recueillir les premiers fruits de ladite réforme.
Point zéro
Pour Hicham Attouch, la réforme de l’enseignement supérieur est une question qui piétine depuis la Charte nationale d'éducation et de formation conçue au début de la décennie. Depuis cette époque, précise-t-il, les gouvernements tournent autour du pot tout en essayant d’inventer de nouveaux plans et programmes.
Dans ce sens, il a rappelé le Programme d’urgence 2009-2012 qui a été critiqué par la Cour des comptes vu les insuffisances et les dysfonctionnements qui ont entaché sa mise en œuvre. Il a également rappelé le fiasco du Bachelor, qui a été aussitôt appliqué, aussitôt supprimé après avoir été remis en cause par le Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique (CSEFRS) qui a pointé du doigt son approche et l’ambiguïté de sa démarche tant au niveau pédagogique qu’organisationnel.
«Nous sommes quasiment à la case départ», affirme-t-il. Et pourquoi ? «Parce que les questions et les problèmes de fond sont occultés ou passés sous silence», nous a répondu Hicham Attouch. Et de poursuivre : «D’autant que cette situation engendre des coûts élevés pour le budget de l’Etat notamment au niveau des établissements universitaires à accès ouvert qui demeurent le maillon faible du secteur de l’enseignement supérieur. Cela ne veut pas dire que la situation est parfaite au niveau des établissements à accès fermé. Ces institutions souffrent aussi de la fuite des compétences qui constitue un manque à gagner énorme pour nos universités qui ont dû supporter les coûts de formation. A noter qu’il reste difficile d’évaluer avec précision les coûts supportés en l’absence de données chiffrées. D’autant qu’il est difficile d’évaluer les coûts directs et indirects notamment en l’absence de compte satellite de l’enseignement supérieur».
Autonomie des universités
Pour notre économiste, la réforme du secteur passe principalement par « l’autonomie des universités » définie comme l’octroi d’une large palette de compétences à ces établissements afin qu’ils puissent définir leurs objectifs et conduire leur politique. Autrement dit, il considère que l’Etat doit déléguer aux dirigeants et aux acteurs universitaires une large part de responsabilité dans la gestion des établissements universitaires et rompre avec un système de gestion régulé par l’Etat qui définit l’organisation et le pilotage de l’université tout en accaparant les ressources financières.
Hicham Attouch estime, en outre, que l’université doit renouer avec sa véritable mission, à savoir la transmission des connaissances et la formation, le développement de nouvelles connaissances et l’innovation ainsi que le développement économique et social. « L’université doit également jouer un rôle dans le développement socioéconomique des régions. Elle doit se transformer en locomotive de développement en participant directement à la formulation et à la satisfaction des besoins de la communauté », a-t-il conclu.
Hassan Bentaleb