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En rendant hommage à une femme de loi et de justice, une magistrate hors normes, une juge indépendante, Amnesty International a fait le choix de braquer ses projecteurs sur le monde de la justice et des prétoires. Un chantier immense où les Marocaines n’occupent pas encore la place qui leur échoit. Zhor Al Horr, elle, a réussi non seulement à s’y frayer un chemin mais et aussi et surtout à marquer de ses empreintes cette justice qui n’a pas toujours eu bonne presse. La magistrate a gravi tous les échelons jusqu’à devenir présidente de tribunal, conseillère à la Cour suprême, membre de la Commission Royale de la réforme de la Moudawana. «Cette femme s’est battue pour une justice indépendante. Elle a toujours mené combat pour rendre justice aux victimes de l’injustice. Une femme exceptionnelle qui a rendu possible l’adhésion des magistrats à l’associatif. Elle n’a jamais hésité à rejoindre des associations comme celles des enfants malades par exemple, pour défendre des causes ». Ce samedi, dans un palace de Rabat, les témoignages se sont succédé. Une même itération pour dire et redire le parcours d’une juge d’exception qui n’a pas hésité à braver les courants conservateurs qui se sont dressés, en 2004, contre la réforme du statut personnel et les droits des Marocaines.
Une force tranquille
et une justice juste
Zhor Al Horr est ainsi faite. Elle ne supporte pas l’injustice, l’inégalité, la discrimination. Ses jugements rendus sont d’ailleurs une belle leçon d’égalité. Les avocats qui l’ont côtoyée dans les prétoires sont prompts à le reconnaître. Et ses anciens étudiants de l’Institut de la magistrature n’ont de cesse d’évoquer une magistrate qui a redonné ses lettres de noblesse à la justice et dont les cours ont été un cours d’intégrité et d’exégèse pour une justice meilleure et au plus près des victimes.
Séquence souvenirs. En 1979, Zhor Al Horr est nommée juge à El Jadida. Elle inaugure une première : c’est la première fois dans l’histoire de la magistrature marocaine qu’une femme va officiellement rendre la justice. La magistrate débarque dans un environnement peu habitué aux femmes aux commandes. Là-bas, on l’a souvent prise pour la secrétaire du juge. Puis, on a fini par réclamer ses jugements, y compris ces hommes rétifs à l’émancipation féminine. La force tranquille de Zhor Al Horr, affirment à raison ceux et celles qui ont eu à la connaître et à la côtoyer.
Aujourd’hui, cette magistrate au parcours sans fautes n’a pas vraiment quitté les tribunaux. En robe noire, elle entame une nouvelle carrière au barreau, défendant, en avocate, la veuve et l’orphelin. Ce samedi 24 décembre, Zhor Al Horr a dédié le trophée qui lui a décerné par la section marocaine d’Amnesty International à « la femme marocaine qui a mené une révolution tranquille ».
La juge devenue avocate ne baisse jamais la garde. «Par ces temps de changement, il est impératif de préserver les acquis et les renforcer », explique-t-elle avant de lancer un appel au gouvernement toujours en formation. « La justice est un grand chantier. Il est urgent que le prochain exécutif s’y attelle très rapidement ».