Le gouvernement Benkirane attise les brutalités policières

Journée mondiale contre les violences perpétrées par les forces de l’ordre


Hassan Bentaleb
Samedi 15 Mars 2014

Le gouvernement Benkirane attise les brutalités policières
Coups, blessures,  harcèlement verbal ou procédurier, manque de respect, etc., les policiers marocains sont accusés de tous les maux. Un constat qui revient souvent dans les rapports des ONG œuvrant dans le domaine des droits de l’Homme. Pis,  le gouvernement lui-même, en la personne du ministre de la Justice et des Libertés,  reconnait qu’il y a eu effectivement plusieurs cas d’abus de la part des forces de police contre des citoyens. 
Pourtant, si l’ensemble des acteurs sont unanimes à considérer que la violence policière est une réalité qui persiste, les avis sont partagés sur l’évolution de ces pratiques
« Rien ne semble avoir changé. On assiste toujours à la torture des citoyens dans les commissariats, à la violence contre les manifestants, au harcèlement physique et verbal  des militants et la liste est longue », nous a indiqué Mohamed Abounassar de l’AMDH. Des propos que ne partagent pas entièrement d’autres acteurs associatifs. «  Il est vrai que les abus continent à exister  mais on note un changement dans le style et dans la pratique. 
La violence est aujourd’hui plus procédurale que physique ou verbale notamment à travers des PV montés de toutes pièces », nous a indiqué Rachid Harbaz de l’Instance marocaine des droits de l’Homme. Même son de cloche de la part de Mustapha Manouzi du Forum vérité et justice (FVJ) qui estime que malgré le fait que les services de police sont encore loin de s’inscrire dans la bonne gouvernance sécuritaire, il y a une évolution dans  la manière avec laquelle la police se comporte avec les citoyens. 
De son côté,  Mounir Bensalah de l’OMDH pense que la situation marocaine diffère largement de celle d’autres pays. Néanmoins,  il a tenu à préciser que l’Etat recourt toujours à une violence disproportionnée et non justifiée.  Mais l’ensemble du gotha des droits de l’Homme s’accorde à souligner que la brutalité policière trouve son expression la plus désolante dans la dispersion des manifestations pacifiques.   Elles se font souvent dans la douleur et sans respect des principes internationaux qui n'autorisent les agents chargés de faire respecter la loi à utiliser la force qu'en dernier recours et uniquement pour disperser les manifestations illégales. 
En effet, les  « Principes de base sur le recours à la force et l'utilisation des armes à feu par les responsables de l'application de la loi » des Nations-unies sont clairs. « Les responsables de l'application des lois doivent s'efforcer de disperser les rassemblements illégaux mais non violents sans recourir à la force et, lorsque cela n'est pas possible, limiter l'emploi de la force au minimum nécessaire » pour disperser la manifestation. 
De même pour l'article 19 de la loi marocaine sur les rassemblements publics qui exige des forces de l’ordre d’émettre trois avertissements oraux via des porte-voix, avant de dispenser les manifestants par la force. Procéder donc à la dispersion des manifestants pacifiques avec des matraques, sans avertissement, viole ces principes. 
Nos sources estiment que la promulgation de la nouvelle Constitution et l’arrivée du gouvernement Benkirane aux commandes n’ont pas changé la donne. Elles vont plus loin. Elles pensent que l’Exécutif manque de volonté dans la mise en œuvre des dispositions et des mesures législatives relatives à la lutte contre les brutalités policières. « Il y a une certaine hésitation et un manque de volonté politique de la part du gouvernement», nous a précisé Mohamed Nouhi avant d’ajouter : « Pire, il y a une régression par rapport à l’avant 2011 comme en témoigne le nombre d’interventions musclées et les abus recensés ». Même évaluation de la part de Mounir Bensalah qui nous a expliqué que depuis l’investiture du gouvernement, aucun texte ou dispositif relatif à ce sujet n’a été mis dans la pipe législative.  
Un constat décevant qui rappelle que le chemin est encore long notamment en cette Journée mondiale de lutte contre les brutalités policières. 


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