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Le même rapport a révélé que 58 plaintes ont été déposées par des étrangers appartenant à 17 nationalités différentes. Les Français arrivent également en tête avec 24 cas suivis des Espagnols (5), des Saoudiens (3), des Irakiens (3) et des Suisses (3).
Pourtant, ce rapport ne précise pas, pour autant, la nature des crimes qui a donné lieu à des poursuites judiciaires par les tribunaux marocains ni la durée des peines que ces étrangers doivent purger. Une source du ministère de la Justice, nous a indiqué, sous le sceau de l’anonymat, qu’une grande majorité de ces étrangers sont poursuivis pour tentatives de faire passer des produits illicites vers ou à partir du Maroc. «Une grande partie d’entre eux sont des migrants en situation administrative irrégulière. Ces personnes sont également poursuivies dans des affaires de vol ou de falsification des documents administratifs sans parler d’infraction à la loi 02.03 relative à l'entrée et au séjour des étrangers au Royaume du Maroc», nous a expliqué notre source. Et de préciser : «Quant aux étrangers en situation administrative régulière, ils sont souvent appréhendés et inculpés dans des affaires consistant à faire entrer ou sortir du territoire national des produits illicites, en particulier la cocaïne».
Pour Omar Naji, vice-président de l’AMDH section Nador, le nombre très réduit des plaintes déposées par les étrangers est significatif et confirme ce que l’AMDH a, à plusieurs reprises, dénoncé, à savoir le peu d’intérêt accordé aux plaintes déposées par les migrants notamment subsahariens. « Ce chiffre est inconcevable et ne colle pas avec le nombre d'étrangers résidant au Maroc qui a atteint 84.001 habitants selon le recensement de 2014 ; soit une proportion de 0,25% de l'ensemble de la population marocaine », nous a-t-il expliqué. Et de poursuivre : « Cela signifie que le droit de se plaindre auprès de la justice n’est pas garanti à ces étrangers. En particulier, les migrants irréguliers qui sont souvent arrêtés et refoulés vers le Sud du Maroc».
Même évaluation de la part d’Alpha Camara, secrétaire général de la Plate-forme des associations et communautés subsahariennes au Maroc (ASCOMS), qui conteste également le nombre des plaintes, estimant que ce nombre serait élevé s’il n’y avait pas d’entraves en amont bloquant l’aboutissement des plaintes jusqu’au parquet. «Les communautés migrantes ont des problèmes comme les autres groupements et font appel comme les autres à la justice. Et du coup, recenser deux plaintes sur les 50.000 migrants en situation administrative régulière est absurde», nous a-t-il lancé. Et de préciser : «En fait, les membres d la communauté des migrants sont souvent soit victimes d’agressions, soit en conflit avec les bailleurs. Et pas plus tard que la semaine dernière, une lettre a été adressée au wali de Casablanca dénonçant la hausse des agressions subies par les migrants subsahariens dans la ville».
Omar Naji nous a expliqué que l’AMDH Nador a assisté plusieurs migrants dans leurs démarches auprès des autorités compétentes, mais souvent ces plaintes restent sans suite. «C’est le cas, à titre d’exemple, du dossier d’un migrant irrégulier qui a vu ses 500 euros dérobés par les Forces auxiliaires à Zaganga ou le dossier d’une femme migrante à Nador qui a fait l’objet d’une tentative de viol et de vol de son argent et de son téléphone. Les deux dossiers n’ont pas donné lieu à des poursuites pénales et les contrevenants sont restés impunis ». Et d’ajouter : «En règle générale, les plaintes concernant les forces auxiliaires n’aboutissent pas auprès du Parquet. Ce corps de force de l’ordre semble hors contrôle judiciaire et bénéficie de l’impunité totale. Ce n’est pas le cas pour les policiers ou les gendarmes».
Concernant le nombre des personnes étrangères incarcérées dans les prisons marocaines, le vice-président de l’AMDH Nador note une certaine contradiction entre les chiffres rapportés par le parquet général et ceux révélés par les ministères de l’Intérieur et des Affaires étrangères et de la Coopération internationale sur la lutte contre la migration irrégulière. « Nasser Bourita, le chef de la diplomatie marocaine, a évoqué en novembre 2018 devant la Chambre des conseillers, que 147 réseaux criminels actifs dans le domaine de la migration irrégulière ont été démantelés. Abdellatif Laftit, ministre de l’Intérieur, a évoqué, de son côté, le démantèlement de 122 réseaux criminels actifs dans le trafic des êtres humains. On se demande donc où sont passés les membres de ces réseaux sachant qu’on parle de réseaux constitués de plusieurs personnes », s’est-il interrogé. Et de poursuivre : « Dans la région de Nador, nombreux sont les Sénégalais et les Gambiens qui ont été appréhendés dans le cadre du trafic des êtres humains ainsi que des Guinéens (Guinée Conakry). Il est vrai que ces nationalités sont mentionnées dans le rapport du parquet général mais leur nombre reste discutable».
Pour sa part, Alpha Camara estime que les chiffres concernant les personnes appréhendées sont plausibles vu qu’il y a certains migrants qui ont des problèmes avec la justice. Pourtant, il pense que ces statistiques demeurant préoccupantes et reflètent une attitude injustifiée des autorités qui se concentrent trop sur les arrestations des étrangers et accordent peu d’intérêt à leurs plaintes. « On peut craindre également que la publication de ces chiffres sans les contextualiser accentue l’intolérance à l’égard des migrants », a-t-il conclu.