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Considérée comme l'âge d'or du cinéma hongkongais, la période 1980-90 a vu triompher Bruce Lee, bientôt suivi de Jackie Chan, dans un style populaire.
Mais elle a également vu émerger une "Nouvelle vague", incarnée par John Woo ("The Killer", 1989) et Wong Kar Wai ("Chungking Express", 1994).
Capable à cette époque d'inonder les Chinatown du monde entier comme de séduire le jury du Festival de Cannes, la production locale perdra de son aura après la rétrocession à la Chine (1997), offrant des oeuvres plus timides.
Ses meilleurs réalisateurs partent, attirés par les sirènes de Hollywood, tel John Woo qui réalisera "Face/Off" (VolteFace) ou "Mission: Impossible II", et l'industrie cinématographique du territoire subit également la concurrence du cinéma coréen, la crise économique asiatique et un piratage massif.
Si à son apogée Hong Kong produisait 300 films par an, devancé uniquement par Hollywood et Bollywood, en 2003 ce chiffre était tombé à 55.
"Le public était fatigué de revoir en permanence le même genre de films", selon le réalisateur Mabel Cheung, qui a participé à la production de "Echoes of the Rainbow", largement récompensé lors de la récente remise des prix du cinéma de Hong Kong, et primé au dernier Festival international du film de Berlin.
"Le public attendait de nouvelles idées, et pendant un temps, le cinéma de Hong Kong ne savait plus quoi faire", ajoute-t-il, estimant que le vaste marché chinois pouvait être synonyme de renaissance pour la production locale. "Une nouvelle génération apporte du sang neuf dans cette vieille industrie et un peu partout dans le monde, les spectateurs veulent désormais voir des films locaux", explique Jacob Wong, directeur du Festival international du film de Hong Kong. Le nombre de productions hongkongaises est reparti à la hausse depuis quelques années, contribuant à hauteur de 4,25 milliards de dollars américains à l'économie de l'ancienne colonie britannique.
Par ailleurs, si jusque-là le cinéma n'avait jamais ou peu bénéficié d'aides publiques, le gouvernement a récemment augmenté sa contribution à un fonds de développement du cinéma.
"C'est grâce à cela que « Echoes of the Rainbow », a été réalisé", a souligné M. Cheung. "Sans ce fonds, jamais le film n'aurait vu le jour".
Se tournant vers la Chine pour y signer des coproductions, les producteurs locaux y voient aujourd'hui un marché au très fort potentiel.
"Bodyguards et Assassins", du Hongkongais Teddy Chen, drame historique sur la vie du leader nationaliste chinois Sun Yat-sen, a été l'un des plus grands succès en salle l'an passé en Chine.
"La Chine compte aujourd'hui 5.000 écrans, il y en aura 10.000 dans cinq ans. Or, plus d'écrans signifie plus de revenus", estime Brian Chung, directeur général du Syndicat du film de Hong Kong. Autre atout, selon M. Cheung, les réalisateurs locaux sont mieux adaptés aux exigences du cinéma commercial actuel. "Les réalisateurs chinois considèrent leur travail comme de l'art, leurs homologues hongkongais pensent leur film comme une oeuvre à adapter à un marché", affirme-t-il.
Mais pour certains, une course effrénée vers le marché chinois, où la censure est encore forte, n'est pas sans risques. "Je suis raisonnablement optimiste pour l'industrie, mais plutôt pessimiste pour la qualité" des productions, met en garde M. Wong.