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Le drame de cette ville du Nord a secoué toutes les consciences du pays. Amina avait 15 ans lorsqu’elle a été violée par un homme de 10 ans de son aîné. Pour échapper à la justice, et après la plainte de la famille de cette mineure, le violeur a épousé sa victime. Une procédure de réconciliation et l’article 475 du Code pénal ont rendu possible cette pratique barbare, moyen-âgeuse ayant toujours cours dans un Maroc qui vient d’ériger l’égalité et la parité en principe constitutionnel. «Le juge de la famille n’a pas pensé une seconde à protéger ni l’intégrité, ni les droits de cette enfant qui a subi toutes les pressions de la société, de sa famille, de la justice pour épouser son bourreau. Le juge a un pouvoir d’appréciation. A l’évidence, l’appréciation de ce magistrat n’a en aucune manière tenu compte de la situation d’Amina, de ce qu’elle pouvait ressentir après son viol et encore de ce qu’elle pouvait endurer en épousant l’homme qui l’a violée. Il n’a été tenu compte que du supposé honneur d’une famille qui craignait d’abord et avant tout le regard accusateur et l’opprobre des voisins. Le statut de victime a été refusé à cette enfant violée. Au contraire, c’est bien elle qui a été condamnée, condamnée à se marier avec son bourreau», s’indigne une féministe de la première heure. C’est exactement ce que dit aussi le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, le PJDiste Mostafa El Khalfi. «Cette fille a été violée deux fois, la dernière quand elle a été mariée. Il faut étudier d’une manière approfondie cette situation avec la possibilité d’aggraver les peines dans le cadre d’une réforme de l’article 475 du Code pénal» a –t-il déclaré lors du traditionnel point de presse donné jeudi, au sortir du Conseil de gouvernement.
«La mobilisation
doit continuer»
L’indignation est unanime. L’affaire révélée par la blogosphère marocaine a retenu toute l’attention de 2M qui dans ses deux éditions du jeudi 15 mars, en arabe et en français, lui a accordé un dossier d’une quinzaine de minutes. «Nos reportages ont d’ailleurs fait le buzz sur la Toile», nous apprend un journaliste de la télévision casablancaise. «Epouser son violeur est une horreur absolue. Il faut faire pression car c’est un cas exemplaire de dysfonctionnement majeur de notre système des libertés individuelles pour l’article en question du Code pénal. Il y a du travail à faire. Puisse le décès de cette jeune soit le détonateur d’une prise de conscience collective concernant la dignité humaine», affirme Driss Moussaoui, président de l’Association mondiale de la psychiatrie sociale.
Pression encore et toujours. Après avoir organisé jeudi 15 mars, à Larache un sit-in devant le tribunal de la famille, la Ligue démocratique des droits des femmes a interpellé, dans une lettre ouverte, le chef de gouvernement Abdelilah Benkirane pour lui demander de «tirer les enseignements de ce drame», «prendre d’urgence toutes les mesures administratives, judiciaires et politiques nécessaires pour éviter que cela ne se reproduise», «modifier le Code pénal qui est fondé sur une philosophie et une culture masculine qui protège la société, la famille et la morale au détriment des femmes» et «élaborer une loi cadre de lutte contre la violence à l’égard des femmes». «La Fédération de la Ligue démocratique des droits des femmes n’a eu de cesse d’attirer l’attention sur l’aggravation du phénomène de la violence à l’égard des femmes (selon les rapports émanant des centres d’accueil des femmes victimes de violence affiliées aux associations de femmes, ce qui a été confirmé par l’étude officielle du Haut commissariat au Plan) qui se manifeste par les agressions physiques, psychologiques et sexuelles sous diverses formes à l’encontre des femmes et leur causent des dommages à des degrés divers de gravité. Le trait commun de toutes ces diverses formes de violence réside dans le fait qu’elles visent tout particulièrement les femmes, ce qui les place dans la catégorie de la violence fondée sur le genre liée à la discrimination et la domination masculine. Les actes de viol et le mariage des mineures font précisément partie de ces agressions qui portent atteinte au corps de la femme et au genre féminin», peut-on lire dans cette lettre ouverte de la FLDDF au chef de gouvernement.
Et pour éviter aussi que le drame d’Amina, la mineure de Larache qui a préféré la mort à la vie aux côtés de son violeur ne se reproduise, la mobilisation continue. Aujourd’hui samedi 17 mars, un sit-in est organisé devant le Parlement. Sous la Coupole, les faiseurs de lois seraient bien inspirés d’abroger une loi porteuse d’impunité et de barbarie.