Le Souverain accepte les démissions des ministres de l’Istiqlal et fixe la feuille de route de Benkirane


Narjis Rerhaye
Mercredi 24 Juillet 2013

Le Souverain accepte les démissions des ministres de l’Istiqlal et fixe la feuille de route de Benkirane
Ça y est, c’est fait. Le chef de l’Etat a reçu les démissions de cinq ministres de l’Istiqlal. Les lettres de démission ont été, conformément à l’article 47 de la Constitution, transmises par le chef du gouvernement au Roi, lequel les a acceptées. C’est un communiqué du cabinet Royal qui l’a annoncé en quelques lignes, lundi en début de soirée.
Le texte officiel transmis par le palais parle de «plusieurs ministres», démissionnaires, «membres du parti de l’Istiqlal». Ce qui confirme que Mohamed El Ouafa, le ministre de l’Education nationale –Istiqlalien pour quelques heures encore- n’a pas présenté sa démission, s’accrochant jusqu’au bout aux oripeaux de la ministrabilité.  Gardera-t-il son poste au nom d’une loyauté qui aurait, dit-on, touché le chef du gouvernement et qui n’a pas lieu d’être dans le cadre du fonctionnement démocratique des institutions ? M. El Ouafa conservera-t-il son portefeuille ministériel, jetant plus de discrédit à l’action politique ? « Officiellement, il est toujours là. Reste l’officieux : personne ne sait ce qui va être décidé derrière le rideau», espère un cacique de la majorité.
L’acceptation par le Souverain de la démission de cinq ministres du parti de la balance – Nizar Baraka, Abdessamad Qayouh, Youssef Amrani, Abdellatif Maazouz et Fouad Douiri-  marque le déclenchement du compte à rebours pour un Abdelilah Benkirane en quête d’une nouvelle majorité.
« En tout cas, en acceptant ces démissions, le Roi signifie qu’une page est tournée. La décision de retrait de l’Istiqlal de la majorité gouvernementale est entérinée. Le miracle espéré au fond par Hamid Chabat, qui était prêt à retourner devant le conseil national en cas de refus des démissions des ministres istiqlaliens, n’a pas eu lieu », jubile ce ministre battant pavillon PPS.Le Roi a donc accepté les démissions des cinq ministres du plus vieux parti marocain. Il a aussi et surtout fixé l’agenda et la suite des événements. Les responsables gouvernementaux démissionnaires –économie et finances, affaires étrangères, artisanat, RME, énergie, mines et environnement- resteront à leurs postes pour « expédier les affaires courantes jusqu'à nomination de ministres en charge de leurs départements respectifs ».
Le temps aussi pour que le chef du gouvernement  puisse « entamer ses consultations en vue de constituer une nouvelle majorité».

Les leaders de la
majorité se réunissent en fin de semaine
  L’option des élections anticipées est à l’évidence écartée d’un revers de la main.  Benkirane doit se mettre à la recherche d’un nouvel allié qui prendrait la place de l’Istiqlal, passé à l’opposition.  Dans les rangs de la majorité, on n’en finit pas de lire et relire le communiqué du cabinet Royal qui, explique-t-on, parle de la constitution d’une nouvelle majorité et non pas d’un nouveau gouvernement». Lecture étroite qui arrange les affaires des trois alliés en place, PJD, MP et PPS ou, au contraire, décryptage d’un signal fort selon lequel le Rassemblement national des indépendants, allié pressenti et favori, doit se contenter de jouer les remplaçants ? Pour ce ténor de la majorité, l’agenda est plutôt clair. « Parler de constitution d’une nouvelle majorité peut vouloir dire qu’il n’y aura pas passage par la procédure d’un nouveau gouvernement, avec une nouvelle déclaration gouvernementale et un nouveau vote de confiance» soutient-il.
Faux, rétorque ce député de l’USFP. Abdelilah Benkirane a perdu sa majorité depuis que l’Istiqlal en a claqué la porte. Avant de former un nouveau gouvernement, il doit au préalable former une nouvelle majorité. « C’est l’échec d’une expérience qui sera obligatoirement entériné par un Benkirane II.  On est loin d’une procédure de remplacement, sur le modèle du jeu des chaises musicales », commente notre interlocuteur socialiste.
Une hypothèse qui se renforce lorsque l’on sait que le RNI de Salaheddine Mezouar –que Benkirane a rencontré lundi 22 juillet autour d’un f’tour- entend fixer ses conditions à une participation gouvernementale. «Notre participation  ne se fera pas à n’importe quel prix. Et tout sera renégocié, du programme gouvernemental aux réformes en passant par l’architecture du gouvernement et  la nature des postes que nous occuperons. Si le RNI rejoint la majorité et l’Exécutif, c’est pour donner du résultat, faire profiter de l’expertise de nos cadres et non pas pour faire partie du décor et donner nos voix », précise cet ancien ministre du parti de la colombe.
Le chef de file de la majorité et de l’Exécutif a démarré ses premières consultations dès lundi soir.  C’est le RNI qui a ouvert le bal. Les dirigeants du PAM –qui ont déjà officiellement annoncé qu’ils n’étaient pas intéressés par une participation gouvernementale, devaient eux rencontrer A. Benkirane, hier mardi. Et rendez-vous devait être pris hier mercredi avec l’Union socialiste des forces populaires.
Les trois leaders de la majorité –ou plutôt ce qu’il en reste- Abdelilah Benkirane, Nabil Benabdallah et Mohand Laenser – devraient se rencontrer eux à la fin de cette semaine « pour faire le point de ce premier round des consultations ».


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