Le RAMED souffle sa deuxième bougie sans avoir mis fin à ses maux

Manque de rigueur, déficit en ressources humaines et absence de coopération entre services


Hassan Bentaleb
Vendredi 14 Mars 2014

Le RAMED souffle sa deuxième bougie sans avoir mis fin à ses maux
Il est temps pour le ministère de la Santé de dresser le bilan du RAMED qui vient de fêter son deuxième anniversaire. Une réunion regroupant les  ministres de la Santé, de l’Intérieur et de l’Economie et des Finances, s’est tenue hier à Rabat pour faire le point sur les réalisations des 24 derniers mois. Il y a été question de rendre publics le nombre des bénéficiaires, celui des cartes distribuées, les prestations médicales réalisées et l’ensemble des mesures financières et administratives prises dans ce cadre sans évoquer, par contre, les sempiternelles  questions qui fâchent.
En effet, si le dispositif semble avancer tant bien que mal, nombreux sont les points noirs qui handicapent son évolution et plombent la gestion de ce projet.  
C’est le cas des critères d’éligibilité. Les observateurs sont unanimes à considérer qu’il est temps de revoir ces conditions d’autant que la pratique a démontré que certaines d’entre elles sont devenues absurdes. A titre d’exemple, celle relative à la pauvreté.  « On ne peut pas décider que tel ou tel est pauvre uniquement sur des considérations qui n’ont rien à voir avec la réalité. Ceci d’autant plus que ce critère diffère radicalement entre les zones urbaines et rurales. Pourtant, les dossiers déposés sont traités selon les mêmes critères, et peu importe qu’ils émanent de Casablanca ou d’Azilal»,  nous a déclaré  une source proche du dossier.    Selon elle, cette situation a engendré un certain manque d’exigence et de rigueur  dans le traitement des dossiers. «Aujourd’hui, la tendance est d’octroyer  la carte à n’importe quel demandeur et sans vérifier s’il remplit ou non les conditions exigées. De telle sorte que dans certaines préfectures aucun dossier déposé n’a été rejeté», nous a précisé notre source avant d’ajouter qu’«il y a aujourd’hui même des cybercafés qui se sont spécialisés en la matière. Ils disposent de ce fait de formulaires préalablement remplis selon que l’intéressé veut être classé dans la catégorie de la pauvreté ou dans celle de la vulnérabilité». 
Une situation aggravée davantage par  le manque de fermeté de la part des commissions locales permanentes.  Les observateurs estiment que le rôle de ces commissions doit être remis en cause, car elles ont échoué dans leur mission consistant à effectuer des enquêtes administratives et sociales sur les demandeurs de la carte RAMED et ne vérifient pas de manière suffisamment minutieuse leurs  conditions d’éligibilité.   Les commissions ne sont pas les seules à blâmer. Le manque de coopération et de coordination avec les services de la CNSS pose également problème. « La CNSS refuse tout échange d’informations. C’est le cas aussi pour l’ANAM qui refuse toute coopération », nous a indiqué un fonctionnaire sous le sceau de l’anonymat. 
Un état de fait qui favorise une augmentation importante du nombre de fraudes.  Plus de 220.000 bénéficiaires de la carte RAMED bénéficient également de l’Assurance obligatoire sur la maladie (AMO). Pire encore, 53% des cartes du RAMED ont été retirées à leurs titulaires depuis le lancement de ce régime dont  73%   ont été retirées en 2013 contre 23% une année auparavant.  « Ces chiffres démontrent bien qu’il n’y avait pas de contrôle préalable », nous a souligné notre source avant de poursuivre : « Mais jusqu’à aujourd’hui aucune mesure légale à l’encontre de ces fraudeurs n’a été prise et aucune carte n’a été restituée  à l’Etat alors que ces fraudes ont englouti des sommes faramineuses au niveau du budget de l’Etat». 
Mais il n’y a pas que le rôle de ces commissions qui doit être revu.  Leur  composition est également critiquée.  Les observateurs s’interrogent sur l’importance de la présence des collectivités locales, de l’Entraide nationale et du ministère de l’Agriculture au sein de ces commissions alors qu’ils ne jouent aucun rôle en la matière. « On se demande pourquoi le ministère de l’Agriculture est représenté dans ces commissions notamment dans les zones urbaine?», s’est interrogé notre source.  
La question des ressources humaines est également posée avec acuité. Il s’agit d’un dossier peu évoqué et traité. « On souffre d’un déficit sérieux  de ressources humaines qualifiées. Les fonctionnaires évitent aujourd’hui d’être affectés dans les services du RAMED qu’ils considèrent comme un cimetière d’éléphants. Le manque d’avantages matériels et l’énormité des tâches demandées ont fait fuir beaucoup de ces cadres », nous a confié notre source qui estime également que sans ressources humaines motivées et prêtes à jouer le jeu, aucun avancement du chantier RAMED n’est possible.  


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