Le PPS et le MP préparent leurs congrès : Le difficile exercice de la démocratisation des instances


Narjis Rerhaye
Mardi 20 Avril 2010

Deux congrès, deux familles politiques mais le même problème de la gestion de l'élection de ce que seront les prochaines instances de l'un ou l'autre politique.
A l'approche de la saison estivale, deux formations politiques de la place tiennent congrès. La première à ouvrir le bal appartient à la grande famille de gauche, le PPS, et elle convoque son instance suprême les 28, 29 et 30 mai prochain. Deux semaines plus tard, ce sera au tour du Mouvement populaire, parti libéral et plus à « droite » de l'échiquier politique, qui réunira son congrès les 11, 12 et juin prochain.
Depuis plusieurs mois déjà, ces deux partis de la majorité sont à la préparation de leurs congrès. Et de jour en jour, la tâche se fait ardue. Aussi bien au PPS qu'au Mouvement populaire, on est prompts à le reconnaître : mieux vaut aller en congrès après avoir réglé en amont les zones de turbulences. « Les contestations, les divergences, les dénonciations, tout cela doit être géré avant la tenue du congrès. Si le congrès se transforme en terrain miné de la contestation, le rendez-vous est forcément raté », soutient ce membre dirigeant du PPS.
Même son de cloche du côté du Mouvement populaire, ce parti qui essaie tant bien que mal de se remettre de l'intégration-fusion des trois partis qui le composent. « C'est vrai qu'il est difficile d'aller en congrès si toutes les difficultés ne sont pas aplanies au préalable. Il faut savoir que la difficulté est plus grande encore quand on a affaire à trois partis politiques qui ont fusionné. Les revendications redoublent, les exigences des uns et des autres sont encore plus grandes. Il faut être vigilant pour que le congrès ne se fasse pas espace exclusif des expressions de toutes les colères, toutes les doléances », explique ce cacique du MP. Et tout commence avec ce qui est convenu « le corps électoral », autrement dit les congressistes. L'accusation jaillit avec une facilité déconcertante. L'équipe sortante balise le terrain et parachute ses délégués au congrès. Chez nous, on appelle cela « Inzal », et le parti aux destinées duquel préside Mohand Laenser a d'ailleurs essuyé une telle accusation. Un mouvement de contestation réuni autour de MM Fadili, Mourabit et Maouni dénonce en effet le mode de désignation des congressistes acquis à la direction sortante. La commission  préparatoire du congrès des Harakis balaie, bien sûr, l'accusation et brandit haut les critères de désignation des congressistes…

« Le scrutin direct et secret n'a plus beaucoup de sens »

En congrès, PPS et MP seront confrontés à une première difficulté, celle de l'élection des membres du comité central, ce parlement du parti. « Ici, il faut gérer des centaines de candidatures.
On peut très vite se retrouver avec 700 ou 800 candidatures. Tout le monde veut y être d'autant qu'il n'existe plus cette vision selon laquelle il faut avoir plusieurs années au compteur partisan avant de faire acte de candidature pour être membre du comité central ! », s'exclame ce militant du Parti du progrès et du socialisme.
Ici, la difficulté est réelle. Près de 2000 délégués sont invités (ou un peu plus) à élire les 300 (ou 400) membres qui composeront le comité central et dont ils ne connaissent qu'une infime minorité. « Impossible pour le délégué de Tiznit de connaître le candidat de Sefrou ou de Beni Mellal. Le vote se fait de manière aléatoire et c'est normal en plus de favoriser les figures connues », affirme ce ténor du parti des anciens communistes.
Résultat, les procédures plus nuancées ont de plus en plus d’adeptes, lesquels font valoir que le scrutin direct et secret n'a plus beaucoup de sens dans le cas d'espèce. Au MP comme au PPS, les listes consensuelles font partie des pistes de réflexion. Elaboré sur des critères de représentativité régionale, le principe de la liste a cet avantage de garantir la présence de la minorité à l'intérieur de cette structure qui fait office de parlement du parti. « L'inconvénient de cette procédure réside dans le fait qu'il y a un fort risque d'hypertrophie. Il faut faire plaisir à tout le monde alors qu'il y a des arbitrages à faire. On peut se retrouver avec des comités centraux de 500 ou 600 personnes. C'est tout simplement énorme ! » met en garde ce quadra haraki.

« Au nom de l'unité du parti »

L'élection du comité central tranchée, reste celle du bureau politique. L'affaire est loin d'être simple d'autant que l'instance exécutive est très courue : en faire partie est d'abord et avant tout une question de prestige. « Ce n'est plus une affaire de compétences, de capacité de travail. Pour un bureau politique d'une vingtaine de membres, il faut gérer des dizaines de candidatures, 80 hommes et femmes pour 20 places. Il faut bien l'admettre, tout cela est impossible à gérer. On le sait, un minimum d'homogénéité est nécessaire pour qu'un BP puisse travailler en équipe et en toute intelligence. Les membres de cette instance exécutive doivent être d'accord sur une ligne de conduite », avertit ce membre du bureau politique du PPS qui n'en finit pas de mettre l'accent sur « les risques du scrutin secret quant à l'homogénéité d'une équipe ».
Là encore, le consensuel s'en mêle et fait figure de panacée » face à des méthodes démocratiques qui peuvent cacher de mauvaises surprises ». « Des partis politiques démocratiques s'y sont essayés avec bonheur. Une fois le secrétaire général élu, il propose aux nouveaux membres du comité central, la liste des membres du bureau politique qui sont en fait l'équipe du leader ». Mais attention, il ne faut surtout pas croire que l'exercice est facile. Loin s'en faut. Le nouveau chef du parti est invité à faire des choix. Sur les 20 membres du BP qu'il choisira, il fera forcément plusieurs dizaines de mécontents et d'adversaires à vie…
Quant à la question du leadership, elle se pose différemment pour le PPS et le MP. Si chez les harakis, on s'achemine lentement mais sûrement vers la candidature unique du secrétaire général sortant, Mohand Laenser, au PPS, la multiplicité des candidatures à la succession de Ismaïl Alaoui fait débat. Entre l'attitude frileuse du candidat unique qui fait consensus et celle plus démocratique de la confrontation de plusieurs candidats au poste de secrétaire général, les discussions font rage.
Il reste enfin que l'élection démocratique des instances partisanes est une séquence souvent douloureuse pour les partis. Très vite et que l'on soit de droite ou de gauche,  le consensus, l'accord négocié et les solutions en nuances s'imposent au nom de « l'unité du parti ».


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