Le Journal du Dimanche : Nouevaux rebondissements dans l'affaire Mehdi Ben Barka : Le dossier secret de la gendarmerie française


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Lundi 12 Octobre 2009

Quarante-quatre ans après la disparition en plein Paris de Mehdi Ben Barka, l'écrivain Georges Fleury confie au JDD (Journal du Dimanche) un « dossier secret » des gendarmes. Selon lui, le corps du martyr aurait été incinéré dans l'Essonne.
"L''affaire la plus glauque de la Ve République", soupire Georges Fleury. Cet ancien des commandos de marine, devenu écrivain, a décidé après vingt-cinq ans d'attente de confier au JDD un dossier inconnu sur l'affaire Ben Barka. Il s'agit de 95 feuillets de documents estampillés "secret" en provenance de la gendarmerie. "Je suis très intéressé, je n'avais jamais vu ces pièces. Pourtant, en 2004, nous avions obtenu la levée du secret-défense", réagit Me Maurice Buttin, l'avocat "historique" de la famille Ben Barka, qui bataille depuis le premier jour pour connaître la vérité. Georges Fleury, à la lecture de ce dossier et s'appuyant sur des confidences de "sa source", est persuadé que le corps du regretté Mehdi Ben Barka , enlevé le 29 octobre 1965 devant la Brasserie Lipp, à Paris, a été incinéré dans l'Essonne.
"J'ai décidé de rendre public ce dossier aujourd'hui parce que, dans cette affaire, un juge d'instruction parisien se heurte toujours à la raison d'Etat entre la France et le Maroc", ajoute Georges Fleury. En effet, cette semaine, le magistrat Patrick Ramaël a qualifié le Parquet de Paris d'"hypocrite", découvrant qu'il s'opposait aux quatre mandats d'arrêt internationaux visant quatre Marocains, à savoir le général de corps d'armée Hosni Benslimane, commandant de la Gendarmerie royale marocaine, le général Abdelhak Kadiri, ancien responsable de  la Direction générale des études et de la documentation (DGED) , Miloud Tounzi, membre présumé du commando qui a enlevé Mehdi Ben Barka, et Abdelhak Achaachi, ancien agent du Cab 1,.
Le juge Ramaël voudrait entendre ces quatre hommes pour savoir ce qu'ils sont venus faire en France, le 1er novembre 1965, trois jours après la disparition de Ben Barka… "C'est quand même un comble, tempête Me Buttin. En 1966, on nous a toujours dit que cette affaire était une simple affaire de droit commun. Et, aujourd'hui, on nous invoque la raison d'Etat pour refuser des mandats d'arrêt internationaux!"
Connaîtra-t-on un jour la vérité dans ce dossier qui empoisonne les relations entre la France et le Maroc depuis bientôt un demi-siècle?. "La vérité est à Rabat", assure Me Buttin, à quelques jours du rassemblement annuel, le 29 octobre, de toute la famille Ben Barka - dont le fils Bachir et la veuve du disparu - devant la Brasserie Lipp. En quarante-quatre ans, les hypothèses ont été nombreuses. Mais la famille n'a jamais lâché. La plainte, déposée en 1975 pour assassinat, est toujours en cours, de juge en juge. "En fait, on ne sait rien avec certitude, ni comment il est mort, ni où, ni ce qu'est devenu son corps", admet Me Buttin.
Ben Barka, vraisemblablement assassiné dans la villa du truand Georges Boucheseiche, à Fontenay-le-Vicomte, a-t-il été enterré dans l'Essonne puis transporté au Maroc par une équipe venue en catastrophe? Son corps a-t-il ensuite été plongé dans un bain d'acide? "Je ne crois pas du tout à cette dernière piste, confie Me Buttin, c'est une diversion des services secrets." Quoi qu'il en soit, un juge parisien, quarante-quatre ans après, ne désarme pas. Au printemps dernier, le juge Ramaël a fait déterrer un cadavre en Seine-et-Marne. Chou blanc, par suite de comparaisons d'ADN. Reste cette dernière hypothèse, suivie par les gendarmes dès 1966, d'une incinération du corps de Ben Barka dans une propriété de Villabé, dans l'Essonne. "Un morceau de tissu" et un "morceau de cuir" avaient été retrouvés alors sur un tas de cendres …


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