Une autre voix vient de se faire entendre depuis Bordj Bou-Arréridj à 246 km à l'est d'Alger pour que soit mis fin à la fermeture des frontières algéro-marocaines. C’est celle d’Ali Laskri, premier secrétaire du Front des forces socialistes (FFS) qui a appelé de tous ses vœux les autorités algériennes à ouvrir la frontière terrestre avec le Maroc, fermée depuis 1994, et à mettre à contribution l'expertise de la main-d'œuvre marocaine notamment dans le domaine agricole pour le développement de l’Algérie, a indiqué le quotidien Liberté. Intervenant lors de la rencontre régionale des secrétaires fédéraux de l'est du parti, le premier secrétaire du principal parti d’opposition en Algérie a souligné que « le Maroc a notamment des potentialités en agriculture », en se demandant «pourquoi ne pas recourir à la main-d'œuvre marocaine» pour valoriser les potentialités agricoles de l'Algérie, au lieu d'importer des produits de l'étranger. Le premier secrétaire du FFS n’a pas manqué d’appeler également à l’intégration africaine et maghrébine. « Nous devons nous inquiéter de ce qui se passe autour de nous car nous sommes tous visés », a-t-il rappelé avant d’ajouter que « pour construire une Algérie forte, nous devons assurer l’ouverture du pays sur son espace africain et méditerranéen et assurer ainsi la continuité du message de Novembre 1954 », a-t-il affirmé. En adoptant cette position, Ali Laskri ne fait qu’emboîter le pas à son camarade du parti, Karim Tabbou, ancien premier secrétaire du FFS, qui avait appelé lui aussi à une réouverture des frontières terrestres avec le Maroc. Pour ce dernier, cette fermeture qui constitue une limitation à la liberté de circulation des Algériens, fait de la région du Maghreb l'une des rares zones dans le monde qui n'est pas unifiée et intégrée.
L’opposant algérien a même qualifié le fait de dresser des obstacles à la construction du Maghreb d’« acte de trahison contre le Mouvement de libération nationale ». Pourtant, ces appels à l’ouverture des frontières risquent de tomber dans l’oreille d’un sourd puisque, à en croire le chercheur algérien, Said Hadef, le régime algérien n’a point intérêt à ouvrir ses frontières avec le Maroc, car cela catalysera la volonté de transition démocratique en Algérie.
D’après lui, l’ouverture des frontières poussera le peuple algérien à revendiquer la même génération de réformes conduite par le Royaume, à savoir une nouvelle Constitution permettant la redistribution des pouvoirs.