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Aux environs de 10 heures, les caciques du Bureau politique tenaient une réunion solennelle, avant d’aller à la rencontre des membres du Conseil national, ce parlement du parti de la Rose. Au programme de ce conclave, une lecture approfondie, détaillée du projet de réforme de la Constitution que le Souverain a présenté la veille, vendredi 17 juin, dans un discours radio-télévisé. « L’USFP a présenté 100 propositions dans son mémorandum portant sur la réforme constitutionnelle. 97% d’entre elles ont été retenues dans le projet final qui va être soumis à référendum le 1er juillet. Quant au 3% restant, je peux dire qu’ils ne concernent que des petits détails qui ne touchent pas au fond », explique fièrement le Premier secrétaire de l’USFP, Abdelouahed Radi, celui-là même qui portait la voix des socialistes marocains au sein du Mécanisme politique de suivi de la réforme de la constitution. Résultat, ceux et celles du Bureau politique sont arrivés à la conviction profonde d’aller en campagne référendaire et d’appeler à voter en faveur de la nouvelle constitution, « une Constitution qui va changer le Maroc, le pouvoir, les institutions ».
Au 4ème étage du siège de l’USFP, les militants du Conseil national prennent peu à peu place dans la grande salle de conférences qui va abriter leurs travaux. Dûment badgés, ils sont nombreux à lire le texte complet du projet de réforme de la Constitution qu’Al Ittihad Al Ichtiraki, le quotidien porte-parole de l’USFP, a publié dans son édition du samedi. Le moment est solennel. Les Usfpéistes sont en train de vivre un instant historique. Et ils ne s’en cachent pas.
A la tribune, Radi ne boude pas sa joie. « Les Usfpéistes peuvent être fiers. Ce que nous sommes en train de vivre aujourd’hui avec ce projet de réforme constitutionnelle peut être considéré comme le couronnement de tous nos combats pour la démocratie, la liberté, l’égalité, la dignité, la justice sociale. Il y a 50 ans, naissait l’USFP au nom de la démocratie au sein du parti et dans le pays. En 1963, rappelez-vous, notre parti menait combat pour une Constitution démocratique et une monarchie constitutionnelle qui serait débarrassée de ces avatars absolutistes », scande le leader de l’USFP. Radi veut gonfler à bloc le moral de ses troupes. Et il y parvient. Il rappelle : « C’est facile aujourd’hui de parler de réforme de la constitution. Mais l’USFP n’a pas attendu la facilité pour le faire. Dès notre 3ème congrès, nous avons appelé à l’instauration d’une monarchie parlementaire. Les recommandations du 8ème congrès du parti procèdent de cette même revendication. Je peux affirmer que le peuple marocain a aujourd’hui réalisé ce pourquoi les Usfpéistes se sont toujours battus».
Dans la grande salle, des ombres planent. Celles de Mehdi Ben Barka, Abderrahim Bouabid, Omar Benjelloun dont les immenses portraits en noir et blanc ornent le fond de cet amphithéâtre. « Mehdi et ses compagnons, Abderrahim et ses compagnons, tous les martyrs de la liberté, de la démocratie, de la dignité, de l’égalité, ne se sont pas sacrifiés pour rien », souffle celui qui est aussi président de la Chambre des députés.
« Nos gosses vivront mieux que nous »
Dans les grands couloirs du siège du parti, des petits groupes se sont formés, avant le débat et la prise de parole des militants du Conseil national. « C’est historique ce que nous sommes en train de vivre ! ». « Quelque chose est train de changer ! » « En tout cas, nos gosses vivront mieux que nous ! ». Les discussions vont bon train, sont parfois même enflammées. « Oui, mais le Roi s’est gardé la possibilité de prendre la main ». « Nous ne sommes pas dans la monarchie parlementaire mais dans un système mixte, entre monarchie exécutive et monarchie parlementaire ». «Ce n’est que maintenant que commence réellement la transition démocratique ». « Tout sera fonction du jeu politique et de la capacité des acteurs politiques à s’imposer ». Des petites voix dissonantes font entendre leur différence. Les Usfpéistes n’ont jamais été unanimistes. « C’est ce qui fait notre force », assure une militante ittihadie.
A midi, les débats commencent, présidés par Fathallah Oualalou. Ils sont plusieurs dizaines à vouloir prendre la parole, s’exprimer, partager leurs profondes convictions, leurs inquiétudes aussi. Si le moment est historique, fondateur de la démocratie, de la séparation des pouvoirs, de la réhabilitation des partis politiques, ceux du Conseil national veulent voir émerger une nouvelle élite politique dans la perspective d’une monarchie parlementaire, mais aussi pour donner du sens et rendre effective la nouvelle constitution. Ils veulent aussi s’approprier la loi suprême, « cette Constitution qui est le fruit de nos combats et de nos sacrifices ». Tous le disent, à l’unisson. « L’USFP doit être un parti fort. Nous devons bien réfléchir à la question des élections anticipées. Il ne s’agit surtout pas de rater ce rendez-vous. Cela tuerait tout espoir, toute confiance ». A l’évidence, pour les usfpéistes en Conseil national, l’après-référendum est encore plus important.
Ce samedi 18 juin, c’était comme une nouvelle page militante qui s’ouvrait pour les Ittihadis du Conseil national. Une nouvelle séquence aussi. « On ne peut pas valablement voter contre ce projet de réforme constitutionnelle alors que nous avions accepté celle de 1996 », conclut un Usfpéiste blanchi sous le harnais.