La saison qui s’achève voit éclore un nouveau mot italien dans le langage du ballon rond: “Calcioscommesse”, les paris dans le foot, nom donné par les médias au grand scandale de matches arrangés par des parieurs. Il grossit de plus en plus.
Il rappelle le “Totonero” de 1980, déjà pour le loto sportif, ou le “Calciopoli” 2006, qui avait précipité la Juventus en 2e division. Des joueurs sont en prison, des clubs ont perdu des points, et la justice italienne promet de nouvelles révélations.
Ce nuage noir accompagne un football qui continue de décliner, mais qui reste puissant. L’Italie a tout de même gagné la Coupe du monde 2006, et la Ligue des champions 2010 avec l’Inter Milan.
Un club de moins en Ligue des champions
Mais elle a perdu son quatrième club en Ligue des champions, doublée par l’Allemagne, indice de la perte de pouvoir d’un championnat qui dominait le classement UEFA de la tête et des épaules dans les années 1990.
Cette année encore, comme en 2011, la Serie A a été incapable d’atteindre les demi-finales des Coupes d’Europe, l’AC Milan, dernier survivant, chutant avec honneur contre le grand FC Barcelone (0-0/1-3), en quarts.
Les grands d’Italie ne parviennent plus à rivaliser avec les budgets des monstres espagnols, anglais ni même celui du modèle de gestion du Bayern Munich. Ils n’arrivent plus à se payer les stars mondiales. L’Argentin Carlos Tevez, quand il était en rupture de ban à Manchester City, n’a rejoint aucun des deux clubs milanais, ils ne payaient pas assez cher.
L’Inter a dû laisser partir Samuel Eto’o, et la Juve n’a pas pu se payer Agüero. Le Milan cherche à recruter des joueurs en fin de contrat, comme Philippe Mexès l’an dernier, mais aussi des joueurs moins cotés comme Bakary Traoré (Nancy), malgré l’échec de Taye Taiwo, recruté à coût nul en 2011.Une partie du retard économique vient des stades, trop peu remplis et vétustes. Mais, hormis celui que vient de se faire construire la Juventus, ils n’appartiennent pas aux clubs, qui ne peuvent les transformer en sources de revenus comme en Allemagne ou en Angleterre.
Gare au “fair-play financier”
Le calcio est entravé aussi par des comportements de dirigeants bien plus passionnels que chefs d’entreprise, à l’image du célèbre “mange-entraîneurs” Maurizio Zamparini, de Palerme, qui en a dévoré deux cette saison.
Massimo Cellino, de Cagliari, a fait mieux: il a licencié trois entraîneurs, le premier (Roberto Donadoni) avant même le début de la saison, et s’est disputé avec la municipalité de la capitale sarde, s’en allant jouer la fin de saison à Trieste, à plus de 800 km, pour mettre la pression afin d’avoir un nouveau stade!
Les clubs sont endettés, à commencer par les “trois gros”, alors que s’ouvre l’ère du “fair-play financier”. Selon les chiffres de la “Gazzetta dello sport”, la Juventus Turin accusait un déficit de 95,4 millions d’euros en 2010-2011, l’Inter de 86,8 M EUR, et l’AC Milan de 69,8 M EUR. Dans ce sombre tableau, le calcio a même été endeuillé par la mort sur le terrain d’un joueur de deuxième division, Piermario Morosini (Livourne).
Mais le football italien a déjà surmonté des époques difficiles, et se souvient qu’à chaque fois qu’il a été frappé par un gros scandale, il a gagné la Coupe du monde dans la foulée (1982 et 2006). Le “Calcioscommesse” annonce peut-être un Euro-2012 victorieux!